LE CACHEMIRE DE FRANÇOIS BERNIER

LE CACHEMIRE DE FRANÇOIS BERNIER
À la cour du Grand Moghol en 1664

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« Le Cachemire étant le chef-d’œuvre de la nature […], la raison pour laquelle la nature l’avait entouré […] de montagnes, dont les unes, à savoir les plus hautes et les plus éloignées, étaient en tout temps toutes blanches, couvertes de neiges, et les plus basses et les plus proches de la plaine, toutes vertes et couvertes de bois, était parce que le roi des royaumes du monde devait être couronné d’une couronne très précieuse, dont le haut et les rayons fussent de diamants et le fond d’ émeraudes. »

François Bernier parcourt, pendant douze ans, les routes de l’Orient, où il visite l’Inde et le Cachemire en 1664, et est le premier européen qui décrit l’Himalaya. Médecin diplômé à Montpellier, Bernier visite la Palestine et l’Égypte, avant de continuer son voyage en Perse. Sur la route vers Delhi, il est engagé comme médecin par Dârâ Shikoh, prince héritier de l’empire moghol, et il séjourne dans les villes impériales de Delhi, Agra et Lahore, avant de voyager à travers le Cachemire, à la suite de la cour d’Aurangzeb, le nouvel empereur moghol, qui se déplace pour une période de villégiature aux pieds de l’Himalaya. Ensuite, Bernier visitera le Bengale et le royaume de Golconde, avant de retourner en France à travers la Perse.

Entre 1670 et 1671, François Bernier publie son récit de voyage en terre moghol, Mémoires du sieur Bernier sur l’empire du grand Mogol, dont le deuxième tome contient les lettres adressées à François Boysson, seigneur de Merveilles et protecteur de Bernier, avec la relation du voyage à travers le Cachemire. Ce texte est aujourd’hui reproduit dans une très belle édition illustrée, sous la direction d’Amina Taha Husseil -Okada, conservateur en chef au musée Guimet, qui a choisi de nombreuses et superbes miniatures orientales pour accompagner cette relation si intime et colorée de vie quotidienne. Le Voyage au Cachemire sort aux « Carnets des Tropiques », une maison d’édition qui vient de naître grâce aux efforts et à la passion d’Isabelle Pasquet et dont sa collection « L’ Invention des Voyages » est vouée à la publication d’ouvrages viatiques illustrés.

Le texte de François Bernier est partagé en neuf lettres, qui décrivent à la fois la cour moghole et les incommodités du voyage à travers le Cachemire, avec un langage passionné et extrêmement précis, issu de la grande curiosité du voyageur. La première lettre est presque totalement dédiée à l’ organisation du voyage et à la description des difficultés de déplacement pour une cour très nombreuse, accompagnée de deux artilleries et d’une cavalerie d’environ trente- cinq mille hommes. Dans la deuxième lettre, le voyageur relate la disposition des tentes dans le campement, selon l’ importance des personnalités, les quartiers particuliers pour les dignitaires indiens, les dangers à cause des vols et de la proximité des femmes. Enfin, une large partie de la lettre décrit les chasses royales, en particulier avec les léopards apprivoisés, à la gazelle, aux grues et au lion, prérogative exclusive du roi, qui suit des cérémonies sacrées : « comme c’est un bon augure chez les Indiens quand le roi tue un lion, aussi en est-ce un très mauvais quand il le manque et ils croient que l’État serait en grand danger s’il n’en venait au bout ». Les six lettres qui suivent sont plutôt courtes et, à l’ exception de la première d’entre elles qui décrit Lahore, capitale du Panjab, les autres ont un caractère très intime, montrant toute la fragilité du voyageur et ses tourments physiques pendant le voyage dans un pays si chaud. Dans cette situation, François Bernier partage ses souffrances avec les serviteurs, insistant sur la solidarité qui se crée dans le campement pendant les moments de difficultés. La neuvième et dernière lettre est totalement dédiée à la description du Cachemire, d’abord du point de vue géographique et politique, ensuite du point de vue de ses productions typiques, par exemple, les châles en laine, les boiseries, les objets rares, grâce à l’abondance de pierres précieuses, dont l’ empereur est un fin connaisseur et amateur. Les jardins, riches de fontaines et de jeux d’eau, frappent particulièrement l’attention de Bernier, qui reconnaît avoir rejoint le « Paradis terrestre des Indes », ainsi que la beauté exceptionnelle des femmes (les Cachemiris semblent appliquer les mêmes coutumes hospitalières que les peuples semi-primitifs, en concédant leurs femmes aux étrangers).

Encadré dans une maquette absolument magnifique, le Voyage au Cachemire de François Bernier dessine un Orient impérial, fabuleux et riche en détails : un petit bijou à goûter avec ses splendides miniatures.

Alessandra Grillo

Quatrième de couverture

Lorsque le Grand Moghol part en voyage, c’est derrière la cohorte impériale « … tout Delhi la ville capitale qui marche ». Au milieu de la foule, le Français François Bernier, philosophe et médecin à la cour d’Aurangzeb ; il accompagne l’empereur qui se rend en villégiature au Cachemire - le « Paradis Terrestre des Indes » - au pied des sommets enneigés de l’Himâlaya .
Premier Européen à pénétrer sur ces terres conquises par Akbar, François Bernier se mêle aux omrahs, marchands et princesses du sérail. Rien n’échappe à son regard émerveillé, ni le décor mouvant de toiles peintes au pinceau, ni les chasses au lion et aux gazelles, ni les jardins moghols, ni les châles et les laines Pashmina , ni le livre de médecine d’un moine tibétain qu’il croise en chemin.