LE DÉSERT

LE DÉSERT
Exploration d’un espace insolite

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Singulier espace, insolite tout autant que poétique, que celui du désert dans l’imaginaire des écrivains.  Qu’il soit de sable, de pierre ou de glace, il a toujours fasciné les écrivains au cours des siècles, telle une terra incognita. Paysage mythique ou onirique, il a inspiré l’homme dans un élan constructif et positif.

Le présent volume sur L’Imaginaire du désert au XXe siècle est le résultat d’une journée d’études organisée le 23 janvier 2008 à l’Université d’Artois par l’équipe d’accueil « Textes et cultures ». Cette journée n’a pas constitué un phénomène surprenant, puisqu’elle se situait dans la continuité de l’Année internationale des déserts en 2006 et dans celle de la parution du Livre des déserts (2006) chez Robert Laffont, sous la direction de Bruno Doucey.

Si l’imaginaire du désert se structure autour de quelques variantes stéréotypées qui fonctionnent par couples : sable, dune et erg, pierre et reg, chameau, caravane et piste, eau, puits et oasis, vent et silence, lumière et mirages, leurs connotations sont toutefois très variées : affectives, idéologiques et symboliques, mais aussi historiques et culturelles.

Les huit contributeurs du volume se sont intéressés à la symbolique du désert, des points de vue géographique, historique, politique, culturel et religieux, et à ses représentations dans les lettres et les arts.  

Si Charlotte de Montigny se lance dans une promenade à travers les siècles pour dégager la mythographie du désert dans la littérature, Marie Gautheron se focalise sur le mythe saharien et l’exotisme du lieu tel qu’il est décrit dans Smara (Sahara occidental) de Vieuchange, alors que Thierry Spas s’intéresse à la découverte du Sahara par le pilote Saint-Exupéry. Jaël Grave traite du désert-cadre dans les récits de Roger Frison-Roche, et Guillemette Tison étudie les écritures et les réécritures du désert chez Michel Tournier, notamment dans La Goutte d’or (1985) et Eléazar ou la source et le buisson (1996) où il décrit les plaines de l’Ouest américain, outre le Sahara. Enfin, Charles Courtel consacre une étude sur la poétique du désert chez Edmond Jabès pour qui le désert de sable est l’espace de tous les possibles et dont l’horizon annonce l’hôte à venir.

L’art aussi a fait la part belle au désert, notamment la photographie et le cinéma. C’est à cette place que sont consacrées les études d’Isabelle Roussel qui met en relation la photographie et l’écriture. Ainsi associe-t-elle Le Clézio et les photographes Barbey, Depardon, Plossu et Ristelheber. Il est aussi question de la place que Patrick Vienne consacre aux images du désert dans le western qui joue de l’opposition entre espace sauvage et civilisé.

L’ouvrage est donc un petit volume multiculturel sur le désert, espace atypique, qui a su fasciner écrivains et artistes au XXe siècle. Il témoigne de l’effort des universitaires et des chercheurs qui se sont réunis pour réfléchir et pour faire le point sur cet espace particulier, sur ses valeurs, ses mythes, ses représentations. On regrette l’absence d’une conclusion qui mette en valeur réflexions et résultats : le lecteur est comme réduit à s’accommoder de points de suspension et à exercer sans repères sa liberté de réflexion pour ce domaine peu exploré. Quant à sa forme, l’ouvrage aurait eu beaucoup à gagner si on avait pris le soin d’élaborer la mise en page des textes de façon à présenter un véritable format de livre. Mais s’il n’a pas conclu, cet ouvrage sur le désert ouvre le débat sur cet espace archétypal et pose les jalons pour d’autres études à venir (désert-fantasme, désert-exil etc.).

Efstratia Oktapoda

Quatrième de couverture

Avec la fin du temps des explorations, la disparition des dernières terrae incognitae, le développement des moyens de transport et celui du tourisme, quels discours sont encore possibles sur le désert, qu’il soit de sable, de pierre ou de glace ? De quelles valeurs, de quels mythes est-il investi au XXe siècle ? Pourquoi ne cesse-t-il de fasciner ? Que va-t-on chercher au désert et en quoi sa représentation dans la littérature et dans les arts continue-t-elle à évoluer ? La journée d'études L’imaginaire du désert au XXe siècle, organisée à l’université d'Artois en 2008, a permis d’enrichir la réflexion sur ce sujet, d’envisager les facteurs historiques, politiques, culturels et religieux qui entrent en jeu, tout autant que les fondements philosophiques de la relation de l’homme au désert. Mais elle a surtout mis en évidence la force poétique de cet espace, porteur de tous les possibles.

Référence électronique

Efstratia OKTAPODA, « LE DÉSERT », Astrolabe - ISSN 2102-538X [En ligne], Mai / Juin 2010, mis en ligne le 08/08/2018, URL : https://crlv.org/articles/desert