Le roi René et la géographie

Cette contribution reprend, en le modifiant légèrement, le titre d’un article de Joseph Fournier paru en 1906 : « Le roi René géographe »[1]. Il s’agit du seul article de synthèse sur la question de la relation ou de l’intérêt qu’entretenait René d’Anjou avec la géographie. Il est écrit à la gloire du prince, au sujet duquel on peut lire qu’« Il est bien peu de branches du savoir humain, en l’état de la science dans la seconde moitié du XVe siècle, qui n’aient été, sinon cultivées par lui, du moins efficacement encouragées ». Mais une fois passée cette introduction dithyrambique, le reste de l’article donne en réalité assez peu d’exemples. Il mentionne les manuscrits de Strabon et de Ptolémée, ainsi qu’une description de la Terre sainte. Sa commande de la Salade à Antoine de la Salle est citée, mais sans autre analyse. Joseph Fournier inclut également, comme signe d’intérêt pour la géographie, le fait que sa bibliothèque contenait des ouvrages en plusieurs langues et que le duc pratiquait lui-même certaines de ces langues : le français, l’occitan, l’italien, l’espagnol (pour ces deux dernières, il ne précise pas de quelle langue italienne ou ibérique il s’agit), l’allemand et l’anglais.

Son goût pour les objets exotiques et les tapis orientaux, la possession d’animaux sauvages (lions, léopards, autruches, singes, dromadaires…) dans sa ménagerie[2], la présence de serviteurs « maures » dans son entourage, l’organisation de « turqueries » lors de parades ont souvent été interprétés comme le signe d’un intérêt pour la géographie ou tout au moins pour l’Orient[3]. Mais ces éléments relèvent peut-être davantage d’un effet de mode que l’on retrouve chez d’autres princes à la même époque, par exemple à la cour de Bourgogne, tandis que la littérature épique reflète elle aussi ce goût pour l’Orient à la fin du Moyen Âge.

Quant aux travaux portant sur les livres ou la culture à la cour du roi René, ils sont essentiellement tournés vers les manuscrits enluminés[4] ou les textes littéraires, en particulier les œuvres attribuées au prince lui-même, tels Le Cœur d’Amour épris ou Le mortifiement de vaine plaisance [5]. D’autres études se sont penchées sur les exemplaires du Ptolémée et du Strabon offerts à René d’Anjou, mais sans les replacer dans l’ensemble des textes et documents à caractères géographiques ayant appartenu au duc et parfois même en concluant que ces magnifiques manuscrits n’étaient en rien un signe d’intérêt du duc pour la géographie[6].

I. Les manuscrits de Ptolémée et de Strabon

Les deux éléments les plus spectaculaires d’un intérêt pour la géographie à la cour de René d’Anjou sont bien connus. En 1457, un exemplaire de la Géographie de Ptolémée, traduite par Jacopo d’Angelo, lui est envoyé, avec une sphère et des descriptions de la Terre sainte, par Jacopo Antonio Marcello (1398-1464), provveditore de Venise[7]. D’après la lettre de Marcello qui accompagne l’envoi, le roi René aurait envoyé à Padoue un émissaire, Ludovico Martelli, en lui demandant de trouver une mappemonde. Marcello s’adresse alors à son ami Onofrio Strozzi, qui se trouve à Padoue (avec son père Palla, exilé de Florence), et qui a justement une mappemonde quasiment prête. Marcello l’envoie à René, accompagnée d’autres cadeaux : une sphère portant des inscriptions chaldéennes, une grande carte de la Terre sainte et une copie enluminée de la Géographie de Ptolémée. Si les autres éléments de ce don ont disparu, le manuscrit de la Géographie est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale de France (manuscrit lat. 17542)[8].

Le même Marcello envoie en 1459 un exemplaire de la récente traduction de Strabon, faite par Guarin de Vérone, et dont l’achèvement fut justement financé par Marcello[9]. Il s’agit d’un superbe manuscrit, qui s’ouvre par une double page enluminée, attribuée à Giovanni Bellini, représentant le don du manuscrit, d’abord de Guarin de Vérone à Marcello, puis de Marcello à René[10]. Le texte est également accompagné, dans ce manuscrit, de trois lettres dédicatoires : la première de Guarin de Vérone au pape Nicolas V, le commanditaire de la traduction ; la deuxième lettre est adressée par Guarin à Marcello et la troisième par Marcello à René. Dans cette dernière, Marcello énumère les cadeaux qu’il aurait pu faire à René au lieu de ce manuscrit : des oiseaux, des chevaux, des chiens, de la vaisselle précieuse[11], cadeaux habituels entre princes, mais qui, listés ici, rehaussent le côté prestigieux et personnel du don du Strabon : ils sous-entendent que n’importe quel prince aurait apprécié les autres cadeaux, mais que seul René était en mesure d’apprécier le Strabon à sa juste valeur.

Il est certain que ces deux magnifiques manuscrits, ainsi que la mappemonde et la sphère qui les accompagnaient, sont des cadeaux diplomatiques, destinés à renforcer des alliances, à influencer une politique. Les envois de livres de la part de Marcello à René ne se limitent d’ailleurs pas à ces textes géographiques. Les premiers dons datent de 1452 ; il s’agit en partie d’ouvrages de Jean Chrysostome, en grec ou traduits du grec[12]. Suit un important manuscrit offert en 1453 : une Passion de saint Maurice et de ses compagnons composée par le Vénitien à l’occasion de son admission dans l’ordre du Croissant fondé en 1448 par le duc d’Anjou et placé sous la protection de saint Maurice[13]. Le somptueux manuscrit offert par Marcello, abondamment décoré par deux artistes italiens, comporte également un poème à la gloire de René[14]. L’un des objectifs du provveditore est de gagner l’Angevin à une alliance avec Venise. Les autres manuscrits envoyés dans les années suivantes visent à maintenir les liens tissés et l’intérêt de René pour les affaires italiennes. Ainsi, l’envoi du Strabon correspond à l’espoir d’une restauration angevine à Naples, suscitée par le décès d’Alphonse V d’Aragon en 1458 auquel succède son fils illégitime Ferdinand. Une alliance se crée alors autour de Jean de Calabre, fils de René, dont on recherche également le soutien[15].

Les relations entre les deux hommes, à la fois amicales et diplomatiques, durent au moins une dizaine d’années et laissent penser qu’ils se connaissaient bien. Aussi est-il difficile de croire que Marcello ne choisissait pas expressément des ouvrages susceptibles de plaire à leur destinataire. Comme la lettre accompagnant le manuscrit de Strabon incite à le penser, Marcello savait satisfaire les goûts et les intérêts de son ami en lui offrant ces manuscrits prestigieux, à la fois par leur contenu et leur aspect formel.

II. Œuvres et manuscrits produits pour René d’Anjou

Les manuscrits géographiques présents auprès de René d’Anjou ne sont pas constitués uniquement de cadeaux, mais on compte aussi des œuvres qu’il a commandées ou qui lui ont été dédiées. Ainsi, Antoine de La Sale rédigea, à sa demande, pour son fils Jean de Calabre, dont il fut le gouverneur de 1436 à 1448, une œuvre intitulée La Salade[16]. Fils naturel de Bernard de La Sale, capitaine au service des Angevins, Antoine mena d’abord une carrière militaire auprès de Louis II, Louis III, puis René, qui le mena en Flandre, en Italie et jusqu’à Ceuta[17]. Après cette vie qualifiée d’aventureuse par ses biographes, Antoine se voit chargé par René d’Anjou de l’éducation de son fils Jean. Il se met alors à écrire et compose d’abord, en Italie, le Paradis de la reine Sibylle. Cette œuvre est ensuite intégrée dans La Salade, composée en 1442-1444, dont le propos est clairement didactique[18]. Le Paradis de la reine Sibylle est en réalité une œuvre composée de trois parties : le Paradis, une géographie du monde, puis l’Excursion aux îles Lipari[19]. Dans le premier texte, les éléments géographiques occupent déjà une place importante. Antoine de La Sale rédige son texte à la façon d’un guide[20], apportant des précisions aussi bien topographiques (hauteurs, longueurs, directions) que botaniques[21]. Le manuscrit de Chantilly s’ouvre par une vue figurée du site et de l’itinéraire pour y parvenir[22]. La géographie qui se trouve dans le recueil commence par une présentation rapide des trois grandes parties de la terre : « Les anciens et saiges philosophes deviserent la terre en troys parties, c’est assavoir Ayse, Europpe et Auffricque »[23], dont la description consiste en grande partie en l’énumération des noms antiques des régions les composant. Antoine de La Sale s’intéresse ensuite plus longuement aux îles, parmi lesquelles il traite assez longuement de l’Islande et du Groenland. Cet intérêt pour les îles n’est pas propre à La Sale ; on le rencontre fréquemment à la fin du Moyen Âge[24]. Il n’en demeure pas moins que les îles occupent les deux tiers de son exposé géographique. Il mentionne saint Brendan, parle des mœurs des insulaires, des poissons extraordinaires qu’on y trouve et de la situation quasi hors du monde de ces îles. Il termine en revenant aux îles Canaries, puis aux îles de Méditerranée et enfin à celles de la « mer Indienne »[25]. Cette géographie associe par conséquent des éléments de savoir qu’on pourrait qualifier de scolaire (la division tripartite du monde et l’énumération de ses composantes), des éléments provenant de la littérature vernaculaire (saint Brendan, le Purgatoire de saint Patrick), des informations relativement récentes (le nom des différentes îles des Canaries), son expérience (à propos de certaines îles de la Méditerranée), et un intérêt probablement personnel pour le monde boréal et surtout pour les îles (qu’il montre également dans son récit de L’Excursion aux îles Lipari). Le tout forme un ensemble assez éclectique, mais correspondant bien à la personne de son auteur, qui n’est pas un clerc et a sans doute glané ses connaissances çà et là.

Écrit en 1456 à Lyon[26], le De figura seu ymagine mundi est un traité de géographie et de cosmographie dédié à René d’Anjou[27]. On connaît assez peu de choses sur son auteur, Luis de Angulo ou Louis de Langle, personnage d’origine espagnole, mentionné pour la première fois à Lyon en 1447, où il meurt en 1463 ou 1464[28]. Il semble y avoir accompli l’essentiel de sa carrière d’astrologue. On ne sait s’il eut des contacts avec René d’Anjou avant de composer son traité ou s’il lui dédia celui-ci dans l’espoir de se faire connaître. La dédicace présente le livre comme un ouvrage de réconfort, destiné à un prince accablé par les affaires temporelles :

« pour le délassement de mon sérénissime prince et très excellent seigneur René, par la grâce de Dieu roi de Sicile, à qui je destine spécialement ce livre, afin que sa sérénissime majesté, si souvent tracassée par les affaires de ce monde, puisse trouver quelque rafraîchissement et détente en lisant ou en écoutant la lecture de ce livre[29] ».

L’ouvrage est composé de trois parties : la première est une cosmologie, traitant de la création du monde ; la deuxième présente les différentes divisions de la terre habitable (selon les quatre points cardinaux, selon les trois parties du monde, selon les sept climats) ; la dernière partie est essentiellement astrologique et s’occupe des étoiles et de leurs influences[30]. La division tripartite donne lieu à des descriptions géographiques assez développées, particulièrement à propos de l’Asie, pour laquelle Luis de Angulo reproduit de larges extraits de récits de voyage (principalement Marco Polo et Mandeville). Les trois manuscrits conservés comportent le même programme iconographique (schémas de divisions de la terre, figures astrologiques, schémas astronomiques), qui semble par conséquent constitutif de l’œuvre[31]. Sur les manuscrits de Paris et de Madrid, cependant, les schémas et illustrations sont inachevés. Il est donc difficile de penser que ce serait l’exemplaire du roi René[32]. Celui de Saint-Gall ne semble pas l’être non plus, car il paraît être demeuré dans la région lyonnaise[33]. Il est probable que l’exemplaire de dédicace ait disparu et qu’on ne dispose que de copies[34].

Si certains ont pu douter du succès de l’entreprise de Luis de Angulo auprès du duc d’Anjou[35], il est à remarquer qu’outre le manuscrit de dédicace disparu, trois copies de l’œuvre ont été réalisées au XVe siècle, ainsi qu’une traduction en français. Celle-ci, due à Jean de Beauvau et achevée à Angers en 1479, a été offerte au roi Louis XI et intitulée Traité de la figure ou ymage du monde[36]. Jean appartient à la famille de Beauvau qui gravite dans l’entourage des Angevins ; il est le troisième fils de Bertrand de Beauvau, sénéchal d’Anjou ; lui-même obtient un canonicat à Angers en 1447 et accumule les charges ecclésiastiques, jusqu’à son élection au siège épiscopal de la ville, en 1451[37]. Son cousin, Louis de Beauvau, sénéchal du duc d’Anjou, auteur du Roman de Troyle et Criseida, mit en vers le Pas d’armes de la bergère proclamé par René à Tarascon en 1449[38]. La traduction de Jean de Beauvau témoigne de la circulation du De figura seu ymagine mundi de Luis de Angulo à la cour d’Anjou-Provence et de l’intérêt qu’il a suscité.

Manuscrit richement enluminé, le manuscrit du Livre des secrets d’histoire naturelle, appelé aussi Livre des merveilles du monde, aujourd’hui conservé à New York, fut réalisé pour René ou l’un de ses proches, peut-être son frère Charles III du Maine[39]. Enluminé par le Maître du Boccace de Genève, il est daté d’environ 1460 et porte en plusieurs endroits des marques héraldiques le rattachant aux Angevins. Le texte se présente comme un dictionnaire alphabétique des pays du monde, aussi bien réels qu’imaginaires, puisqu’il commence à Afrique, suivie d’Amazonie, et se termine à Ululande. Chacun des cinquante-six pays est pourvu d’une image censée en montrer les caractéristiques principales. Il existe d’autres manuscrits de ce texte, également enluminés[40]. Si cette copie a bien été réalisée pour René d’Anjou, ce n’est pas le cas du texte, dont l’auteur est par ailleurs totalement inconnu.

III. Cartes et mappemondes

René d’Anjou possédait aussi plusieurs cartes et mappemondes, dont on a connaissance grâce aux divers inventaires de ses biens[41]. Ainsi, dans le château de Tarascon en 1457, se trouvait une mappemonde en forme de retable[42]. À Aix-en-Provence, un inventaire de 1461-1462 recense deux mappemondes, dont une peinte sur une pièce de toile[43]. Dans le château d’Angers, dix ans plus tard, les inventaires répertorient deux mappemondes, dont une également sous forme de retable, un astrolabe, une description « des parties orientales » et un livre « de la generale division de toute la terre », ainsi qu’une vue de Gênes et une carte représentant les villes de Provence, du comté de Nice et de la Riviera jusqu’à Gênes[44]. Une autre mappemonde était présente dans le manoir de Chanzé, près d’Angers[45]. Par ailleurs, les comptes du roi René conservent la mention au 26 octobre 1452 d’une somme destinée à l’achat de parchemin par Barthélemy d’Eyck « pour parachever la quarte de Loire »[46].

Aucune de ces cartes ne semble avoir été conservée. Hormis le dernier exemple, qui apparaît clairement comme une commande du duc, il n’est pas exclu que les autres cartes et mappemondes n’aient été, au moins pour partie, héritées. Mais faute de les avoir sous la main ou d’en avoir des descriptions plus détaillées, il est impossible d’être fixé sur cette question. L’une des mappemondes inventoriées est peut-être celle qui fut envoyée à René par Marcello en 1457 en compagnie de la Géographie de Ptolémée ; mais on ne retrouve pas dans ces inventaires la carte de Terre sainte qui y était jointe, ainsi que la sphère. La quantité de cartes, qu’il s’agisse de mappemonde (sept au total) ou de cartes locales, voire de vues, est en tout cas remarquable et semble démontrer un intérêt certain pour ce type de production[47].

IV. La géographie dans la bibliothèque

Outre le caractère partiel des inventaires mentionnés ci-dessus, la difficulté pour appréhender la bibliothèque du duc d’Anjou réside dans la dispersion de la collection. Une dispersion qui était déjà le cas du vivant de René, puisque ses possessions, aussi bien territoriales que mobilières ou livresques étaient extrêmement éparpillées, entre l’Anjou, le Barrois, la Provence, même si le duc est davantage présent à la fin de sa vie dans cette dernière région, où il possède, là aussi, plusieurs châteaux et demeures[48]. Ses livres, ou du moins une partie d’entre eux, se déplaçaient aussi avec lui, dans des coffres[49]. Ceux-ci se voient parfois mentionnés dans les inventaires, sans que le contenu en soit malheureusement précisé[50]. Un relevé de manuscrits conservés lui ayant appartenu, effectué par la Bibliothèque municipale d’Angers comptabilise trente-trois manuscrits, répartis entre seize bibliothèques. Treize manuscrits, qui ne représentent donc pas même la moitié, sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque Nationale, ainsi qu’un à l’Arsenal. Le reste est dispersé entre Aix-en-Provence, Albi, Londres, Angers, Saint-Pétersbourg, Carpentras, Berlin, Vienne, Metz, Genève, Besançon, Oxford et New York. Cependant, en se fondant tant sur les manuscrits conservés et attribués à René que sur les inventaires ou encore les références présentes dans ses œuvres, Jean-Michel Matz propose, à la suite d’Albert Lecoy de la Marche, d’évaluer la bibliothèque de René d’Anjou à environ deux cents manuscrits[51].

Par ailleurs, on peut se poser la question de la volonté de la part de René, de constituer une collection, une bibliothèque, au-delà de son image de prince bibliophile[52]. Il a en effet été relevé que ses livres n’ont pas été pourvus de marques d’appartenance, tel un ex-libris ; aucun inventaire complet ne subsiste non plus[53]. Ces deux pratiques sont pourtant courantes à cette époque, y compris chez les laïcs. Plusieurs manuscrits sont toutefois pourvus de ses armoiries, mais il ne semble pas y avoir eu de campagne systématique. Si le roi René se déplaçait parfois avec une partie de ses livres ou s’il demandait à en faire venir de l’une de ses possessions, tels ceux qu’il fait inventorier dans son château d’Angers pour les faire acheminer à Aix-en-Provence en 1471-1472, la dispersion même de ses collections semble avoir empêché la constitution d’une véritable « librairie », pour laquelle il n’a d’ailleurs pas pris soin de nommer un officier[54]. Il apparaît par conséquent difficile de mesurer la place de la géographie dans cette collection.

À quels princes comparer René d’Anjou ? Tania Van Hemelryck et Hélène Haug ont tenté l’expérience avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon[55]. Leur comparaison porte sur l’ensemble de la bibliothèque de ces deux princes et non sur les seuls ouvrages géographiques. Elles notent que la bibliothèque bourguignonne est beaucoup plus fournie en textes en français que l’angevine ; elle contient également davantage d’ouvrages produits spécifiquement à la cour de Bourgogne ou à destination de celle-ci. Si l’on s’en tient aux ouvrages géographiques, que l’on peut étendre aux textes traitant de l’Orient en général, il me semble que les deux bibliothèques ont une orientation assez différente. Alors que chez les ducs de Bourgogne, cette thématique semble en partie liée aux projets de croisade régulièrement lancés par les ducs, on ne peut pas appliquer cette préoccupation au roi René, qui, bien que sa dévotion pour les lieux saints ne fasse guère de doute, n’a jamais entrepris de croisade ni n’a participé à celles qui furent organisées pendant son règne[56]. Les ouvrages géographiques auraient-ils eu chez lui pour seul objectif la constitution d’un savoir ?

Jean-Michel Matz souligne lui aussi la proportion importante d’ouvrages en latin, en comparaison des autres princes de son temps, chez lesquels le vernaculaire est davantage présent[57]. Ce latin est prédominant en particulier parmi les textes géographiques, non seulement le Ptolémée et le Strabon offerts par Marcello, mais aussi le Tractatus de figura seu imagine mundi, composé en latin par Luis de Angulo pour René. Il est possible que cela participe de son intérêt pour l’humanisme italien dans un mouvement de rivalité avec les autres princes de la péninsule et tout particulièrement avec Alphonse d’Aragon, son concurrent victorieux sur le trône de Naples[58]. On aurait en effet envie de procéder à la comparaison avec des princes italiens, que René pouvait fréquenter, avec lesquels il était en relation, voire en rivalité[59]. Outre les Aragonais, on pense aux princes d’Este, dont la cour est connue comme milieu culturel et intellectuel, où la géographie est appréciée[60]. Mais René a aussi séjourné à plusieurs reprises à Florence, ou en Lombardie, où il a noué des relations avec Francesco Sforza de Milan, à qui il a d’ailleurs offert un manuscrit de l’Armorial de l’ordre du Croissant[61].

 

Prince lettré, bibliophile, mécène et géographe, tel apparaît René d’Anjou dans la mémoire populaire. Cette mémoire est peut-être d’abord une mémoire familiale : ainsi, en 1536-1538, Nicolas de Lorraine-Vaudémont (1524-1577) dédie à son père, le duc Antoine de Lorraine, un cahier d’exercices scolaires consacré aux Illustrations et singularités de la comté de Provence, dans lequel il évoque l’intérêt de son aïeul, le roi René, pour la géographie « des provinces et diverses nations », cherchant sans doute à se placer sous cette figure tutélaire[62].

Si cette image ne paraît pas totalement infondée, même s’il convient de la nuancer, force est de constater la difficulté à saisir une image nette. Malgré une documentation lacunaire et dispersée, les manuscrits, les textes et les cartes apparaissent clairement et attestent une présence non négligeable de la géographie au sens large à la cour d’Anjou-Provence. Mais René lui-même est quelque peu effacé : une part importante de ces documents lui est parvenue par héritage ou en cadeau, non parce qu’il les avait demandés. Il y a tout lieu toutefois de penser que ces cadeaux lui ont été faits en connaissance de cause : le Vénitien Jacopo Antonio Marcello lui offre les traités de géographie de Ptolémée et de Strabon, une mappemonde, une sphère, parce qu’il sait que le prince y trouvera de l’intérêt. L’astrologue Luis de Angulo compose pour lui un traité où la part de la géographie et de la cosmographie l’emporte sur l’astrologie.

Qu’elles soient directement liées à René lui-même ou à un membre de son entourage (son frère, son fils), des œuvres à caractères géographiques arrivent ou naissent même à la cour angevine. Elles appartiennent à la fois à la vogue pour la géographie antique, telle qu’on la cultive alors dans l’Italie humaniste, mais relèvent aussi d’intérêts plus personnels donnant lieu à des œuvres originales, voire inclassables, telle La Salade.

Notes de pied de page

  1. ^ Joseph Fournier, « Le roi René géographe », dans Bulletin de géographie historique et descriptive, t. 21, 1906, p. 322-330.
  2. ^ François Comte, Vincent Dennys et Laurent Heulot, La ménagerie du roi René, livret de l’exposition d’Angers, Angers, Museum d’histoire naturelle, 2000.
  3. ^ Jacques Paviot, « Le roi René, l’idée de croisade et l’Orient », in René d’Anjou (1409-1480). Pouvoirs et gouvernement, Jean-Michel Matz et Noël-Yves Tonnerre (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 313-323, aux p. 318-319 ; Jean-Michel Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou : un instrument de gouvernement ? », in René d’Anjou (1409-1480), op. cit., p. 339-354, à la p. 353.
  4. ^ Splendeur de l’enluminure. Le roi René et les livres, Marc-Édouard Gautier (dir.), Angers, Actes Sud, 2009.
  5. ^ Il en est ainsi dans le récent volume collectif René d’Anjou, écrivain et mécène (1409-1480), Florence Bouchet (dir.), Turnhout, Brepols, 2011.
  6. ^ Jean Favier, Le roi René, Paris, Fayard, 2008, p. 654-655 ; Oren Margolis, The politics of culture in Quattrocento Europe : René of Anjou in Italy, Oxford, University Press, 2016, p. 132.
  7. ^ Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 17542 ; Sebastiano Gentile, Firenze e la scoperta dell’America. Umanesimo e geografia nel’ 400 fiorentino, catalogue d’exposition, Florence, 1992, p. 85-88, n° 42 ; Patrick Gautier Dalché, La Géographie de Ptolémée en Occident (IVe-XVIe siècle, Tunhout, Brepols, coll. « Terrarum orbis », 2009, p. 147.
  8. ^ Splendeur de l’enluminure, op. cit., catalogue n° 5, p. 224-225.
  9. ^ Albi, Bibliothèque Municipale 77. Cf. Germaine Aujac, « La géographie grecque durant le Quattrocento : l’exemple de Strabon », Géographia antiqua, 2, 1993, p. 147-169, à la p. 157. Oren Margolis « Le Strabon du roi René : biographie politique du livre », in Les arts et les lettres en Provence au temps du roi René, Chantal Connochie-Bourgne et Valérie Gontero-Lauze (dir.), Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Senefiance », 2013, p. 77-85.
  10. ^ [10] Splendeur de l’enluminure, op. cit., catalogue n° 6, p. 226-229 ; O. Margolis, The politics of culture in Quattrocento Europe, op. cit., p. 137-140.
  11. ^ « ut in amoris et observantiae testimonium diversa principibus offerantur numera, alio mansuetas aves, alio equos vel canes adducente, alio preciosa portante vasa » (lettre éditée par Aldo Manetti, « Rapporti di Renato d'Angio con alcuni umanisti italiani », in Le roi René: René, duc d'Anjou, de Bar et de Lorraine, roi de Sicile et de Jérusalem, roi d'Aragon, comte de Provence, 1409-1480. Actes du colloque international, Avignon, 13-14-15 juin 1981, Annales universitaires d'Avignon, n° spécial, 1986, p. 118-135). Cf. O. Margolis, The politics of culture in Quattrocento Europe, op. cit., p. 131.
  12. ^ Dominique Thébaut, « Les manuscrits italiens du roi René », in Splendeur de l’enluminure, op. cit., p. 47-53, à la p. 47.
  13. ^ Le manuscrit n’est pas offert à René lui-même, mais à Jean Cossa, conseiller du duc et sénéchal de Provence, et aux chevaliers de l’ordre du Croissant. O. Margolis, The politics of culture in Quattrocento Europe, op. cit., p. 116-129.
  14. ^ [Splendeur de l’enluminure, op. cit., catalogue n° 4, p. 216-223.
  15. ^ O. Margolis, « Le Strabon du roi René », art. cit., p. 78.
  16. ^ Sur Antoine de La Sale, voir principalement Fernand Desonay, Antoine de La Sale, aventureux et pédagogue, Liège-Paris, Droz, 1940 ; Sylvie Lefèvre, Antoine de La Sale. La fabrique de l’œuvre et de l’écrivain, Genève, Droz, 2006. Ses œuvres sont éditées dans Antoine de La Sale, Œuvres complètes, éd. Fernand Desonay, Paris, 1935-1941.
  17. ^ Sur les premières années et la vie et de la carrière d’Antoine auprès des Angevins, voir Armand Jamme, « Bâtardise et patrimoine : les débuts dans la vie d’Antoine de La Sale (1386-1411) », Bibliothèque de l’École des Chartes, 153/1, 1995, p. 161-175.
  18. ^ Sur la composition successive de ces différents textes, voir F. Desonay, Antoine de La Sale, op. cit., p. 101-108 ; Francine Mora, Antoine de La Sale, Voyages en Sibyllie. Les hommes, le paradis et l’enfer, Paris, Riveneuve éditions, 2009, p. 33.
  19. ^ Éd. F. Desonay, Œuvres complètes, t. I : La Salade, Paris, 1935 ; Antoine de La Sale, Le Paradis de la reine Sibylle, traduction de Francine Mora-Lebrun, Paris, Stock, 1983.
  20. ^ [Sylvie Lefèvre, Antoine de La Sale, op. cit., p. 92.
  21. ^ Deux fleurs dont il donne une description détaillée sont d’ailleurs représentées dans les manuscrits (notamment Chantilly, Bibliothèque du Château 0653 (0924), f. 7 et 7v).
  22. ^ [Chantilly, Bibliothèque du Château 0653 (0924), f. 5v-6.
  23. ^ [Antoine de La Sale, Œuvres complètes, t. I : La Salade, p. 131 ; Antoine de La Sale, Le Paradis de la reine Sibylle, op. cit., p. 56.
  24. ^ Cf. Nathalie Bouloux, « Les îles dans les descriptions géographiques et les cartes du Moyen Âge », Médiévales, 47, automne 2004, p. 47-62.
  25. ^ Antoine de La Sale, Œuvres complètes, t. I : La Salade, p. 133-138 ; Antoine de La Sale, Le Paradis de la reine Sibylle, op. cit., p. 57-63.
  26. ^ « Et hec sunt que promisi in principio hujus libri que perfectus fuit divina gratia auxiliante anno Domini millesimo quadringentesimo quinquagesimo sexto XVIII mensis decembris in civitate Lugdunensi » (Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 6561, f. 152).
  27. ^ La thèse d’École des chartes d’Etienne Hustache (Une œuvre de vulgarisation géographique au xve siècle : le De figura seu imagine mundi de Louis de Langle, édition critique et commentaire, dir. Emmanuel Poulle, 1980) n’a pas été publiée. Un résumé en est donné dans la position de thèse (Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1980 pour obtenir le diplôme d’archiviste paléographe, Paris, 1980, p. 97-103) ; cf. aussi id., « Le monde vu de Lyon en 1456 : la cosmographie de Louis de Langle », in Lyon, cité de savants, Actes du 112e congrés national des sociétés savantes, Lyon, 1987, Paris, 1988, p. 9-15. Le premier à avoir travaillé sur ce traité est Ramon Fernandez Pousa, « Una Imago mundi española : Ludouicus de Angulo, De imagine seu figura mundi, Lion, 1456 », Revista de Indias, 2, 1941, p. 39-65.
  28. ^ E. Hustache, dans Positions des thèses…, op. cit., p. 97 ; notice sur « Loys de Langle », dans Le Recueil des plus célèbres astrologues de Simon de Phares, éd. Jean-Patrice Boudet, t. I, Paris, 1997, p. 569-571.
  29. ^ Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 6561, f. 1v : « ad solacium serenissimi principis et domini mei excellentissimi Renati Dei gracia regis Sicilie, cui specialiter presentem librum dirigo ut cum sepe variis hujus mundi negociis et laboribus atediatus dictum librum legendo seu audiendo serenissima magestas sua refrigerium aliquod habeat et solamen ».
  30. ^ « Qui presens liber dividitur in tres partes, quarum prima erit de mundi creacione, secunda de divisione terre et de partibus ejus, tercia vero de superiori spera celi et de stellis fixis et erraticis » ; voir la table des matières reproduite dans R. F. Pousa, « Una Imago mundi española », art. cit., p. 54-65.
  31. ^ Madrid, Biblioteca Nacional 9267 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 6561 et Saint-Gall, Kantonsbibliothek, Vadianische Sammlung 427. Cf. Splendeur de l’enluminure, op. cit., catalogue n° 8, p. 233-235. Ces trois manuscrits sont désormais consultables en ligne : respectivement http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000011835&page=1 ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100343166/f18.image ; https://www.e-codices.unifr.ch/en/description/vad/0427/
  32. ^ Il est cependant listé comme tel par la bibliothèque d’Angers : http://bm.angers.fr/patrimoine-depot-legal/le-roi-rene-et-les-livres/les-livres-des-princes-d-anjou/livres-du-roi-rene/index.html
  33. ^ Il fut vendu à la fin du XVe siècle par le gardien du couvent franciscain de La Vault à un membre de la famille Du Verdier, où il demeura environ un siècle ; E. Hustache, « Le monde vu de Lyon en 1456 », art. cit., p. 11.
  34. ^ Splendeur de l’enluminure, op. cit., catalogue n° 8, p. 234.
  35. ^ E. Hustache, dans Positions des thèses…, op. cit., p. 98 : « Il y perdit sa peine ».
  36. ^ Jean de Beauvau, Traité de la figure ou ymage du monde universel, Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 612 (également inédit), f. 162 : « Et ce sont les choses que j’ay promises au commencement de ce livre qui fut parfait moyennant la grace divine l’an de notre seigneur mil IIIIc LXXIX le penultieme du moys de mars en la cité d’Angiers ». Sur le manuscrit, voir Paulin Paris, Les manuscrits françois de la bibliothèque du roi, t. V, Paris, 1842, n° 7094, p. 191-197 ; Gustav Gröber, Grundriss der romanischen Philologie, t. II, Strasbourg, 1902, p. 1178.
  37. ^ Sur Jean de Beauvau, voir la notice de François Uzureau, in Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, t. VII, Paris, 1934, col. 307-309 ; Sylvie Lefèvre, « Louis de, Pierre de, Jean de Beauvau », in Dictionnaire des lettres françaises : le Moyen Age, Geneviève Hasenohr et Michel Zink (dir.), Paris, 1992, p. 962-963.
  38. ^ Jane H. M. Taylor, « Une gente pastourelle : René d’Anjou, Louis de Beauvau et le Pas d’armes de la bergère », in René d’Anjou, écrivain et mécène, op. cit., p. 197-208.
  39. ^ [New York, Pierpont Morgan Library, M. 461 ; Splendeur de l’enluminure, op. cit., p. 324, n° 35.
  40. ^ Anne-Caroline Beaugendre, Les merveilles du monde ou les secrets de l’histoire naturelle, Paris, Bibliothèque Nationale de France-Anthèse, 1996.
  41. ^ [Jacques Paviot, « Les cartes et leur utilisation à la fin du Moyen Âge. L’exemple des principautés bouguignonnes et angevines », Itineraria, 2, 2003, p. 201-228 ; Christian de Mérindol, Le roi René et la seconde maison d’Anjou. Emblématique, art, histoire, Paris, Le léopard d’or, 1987, p. 185-187.
  42. ^ Gustave Arnaud d’Agnel, Les comptes du roi René, Paris, Picard, 1908, t. I, p. 263.
  43. ^ G. Arnaud d’Agnel, Les comptes du roi René, p. 227 et 231.
  44. ^ Albert Lecoy de la Marche, Extraits des comptes et mémoriaux du roi René pour servir à l’histoire des arts au XVe siècle, Paris, Picard, 1873, p. 245, 249, 257, 261, 262, 267.
  45. ^ A. Lecoy de la Marche, Extraits des comptes et mémoriaux, op. cit., p. 273.
  46. ^ G. Arnaud d’Agnel, Les comptes du roi René, p. 240, n° 689.
  47. ^ À titre de comparaison, Jacques Paviot recense moins de mappemondes (seulement deux) dans les collections des ducs de Bourgogne, mais davantage de cartes locales et de plans (J. Paviot, « Les cartes et leur utilisation… », art. cit.).
  48. ^ Voir notamment à ce sujet Claude Roux, « Lieux de pouvoir et résidences de plaisance du roi René en Provence : l’exemple de Tarascon », in René d’Anjou (1409-1480), op. cit., p. 195-209.
  49. ^ M.-E. Gautier, « La bibliothèque du roi René », art. cit., p. 26.
  50. ^ Ainsi, dans l’inventaire du château d’Angers en 1471-1472, on trouve « ung grant coffre de boys fermant à clef, ouquel est partie de la librarie du roi » (A. Lecoy de la Marche, Extraits des comptes et mémoriaux, op. cit., p. 243). Cf. Françoise Robin, La cour d’Anjou-Provence. La vie artistique sous le règne de René, Paris, Picard, 1985, p. 35 ; J.-M. Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou… », art. cit., p. 341.
  51. ^ A. Lecoy de la Marche, Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires, Paris, Firmin-Didot, t. II, 1875, p. 184 ; J.-M. Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou… », art. cit., p. 343.
  52. ^ Cf. les réflexions à ce sujet de François Avril, « Quelques observations sur le destin des livres et la « bibliothèque » du roi René », in Splendeur de l’enluminure, op. cit., p. 73-83, à la p. 73 ; et de J.-M. Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou… », art. cit., p. 343-344.
  53. ^ M.-E. Gautier, « La bibliothèque du roi René », art. cit., p. 21-22.
  54. ^ J.-M. Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou… », art. cit., p. 343.
  55. ^ Tania Van Hemelryck et Hélène Haug, « De l’émulation bibliophile à la création auctoriale. La dynamique littéraire à la cour de René d’Anjou », in René d’Anjou, écrivain et mécène, op. cit., p. 285-305, aux p. 301-305.
  56. ^ J. Paviot, « Le roi René, l’idée de croisade et l’Orient », art. cit.
  57. ^ J.-M. Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou… », art. cit., p. 345 et 353.
  58. ^ Cf. J.-M. Matz, « La “bibliothèque” de René d’Anjou… », art. cit., p. 350-351.
  59. ^ Cf. F. Robin, La cour d’Anjou-Provence…, op. cit., p. 43-46.
  60. ^ Nathalie Bouloux, « La géographie à la cour (Italie, xve siècle) », in I saperi nelle corti / Knowledge at the courts, Actes du colloque de Lausanne, novembre 2004, dans Micrologus, t. 16, 2008, p. 171-188.
  61. ^ M.-E. Gautier, « La bibliothèque du roi René », art. cit., p. 31.
  62. ^ Paris, Bibliothèque nationale de France, manuscrit français 5694 ; Monique Pelletier et Henriette Ozanne, Portraits de la France. Les cartes, témoins de l’histoire, Paris, Hachette, 1995, p. 62, fig. 24 ; Juliette Dumasy-Rabineau, « Cartes et figures de l’espace français, xive-xvie siècle : représentation de l’espace et exercice du pouvoir », in Entre idéel et matériel : Espace, territoire et légitimation du pouvoir (v. 1200-v. 1640), Patrick Boucheron, Marco Folin et Jean-Philippe Genet (dir.), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018, p. 267-292, à la p. 281. Je remercie Léonard Dauphant de m’avoir signalé ce document.

Référence électronique

Christine GADRAT-OUERFELLI, « Le roi René et la géographie », Astrolabe - ISSN 2102-538X [En ligne], Émergences de la géographie, France/Italie, XIVe-XVIIe siècles (novembre 2020), mis en ligne le 10/12/2020, URL : https://crlv.org/articles/roi-rene-geographie