DE LA LECTURE A L’ECRITURE

De la lecture à l’écriture :
Paul Morand voyageur, lecteur et écrivain

 

“La maison de campagne de Pierre le Grand se nommait Montplaisir ;
ce livre ouvre sur la littérature et ses jardins.”
Paul Morand, Montplaisir… en littérature

 

Paul Morand a été un grand voyageur : il a écumé la planète, doublé les caps, enjambé les continents… C’est à juste titre qu’il pouvait se targuer d’avoir connu tous les mondes : les anciens comme les nouveaux. Il a été un grand écrivain : pas seulement parce qu’il a écrit pas moins de quatre vingts ouvrages, pas seulement non plus parce que nombre de ses titres se sont écoulés à des dizaines de milliers d’exemplaires, mais d’abord et surtout parce qu’il a cultivé un style à nul autre pareil[1]. Grand voyageur, grand écrivain, Paul Morand a également été un grand lecteur. L’homme a beaucoup lu : les autorités antiques, les classiques, les romantiques, ses contemporains… et a fréquemment cité et commenté les auteurs et œuvres ayant jalonné sa vie. En cela, il n’est pas le seul. Là où voyage, écriture et lecture sont intimement liés chez Morand, c’est que ses lectures ont été chez lui source d’écriture à des degrés divers, dans ses poèmes et fictions, nouvelles ou romans, dans ses comptes rendus et chroniques, mais également dans ses récits de voyage, ses documentaires et ses portraits de ville, où elles sont régulièrement à l’origine d’une comparaison entre ce qu’il voit et ce qu’il a lu, d’une réflexion sur les mœurs et coutumes des autochtones, d’un développement sur tel ou tel aspect de la culture, d’une digression – et elles sont chez lui fort nombreuses –, etc. Chez Paul Morand, c’est donc un lien fort qui unit voyages, lectures et écriture.

Analyser la nature et les formes de ce lien à travers quelques uns de ses voyages  ‒ Rien que la terre… ‒, fictions ‒ Bouddha vivant, Magie noire, Le Flagellant de Séville… ‒, recueils de chroniques ‒ Papiers d’identité… ‒, documentaires ‒ Paris Tombouctou, Hiver caraïbe… ‒ et portraits de ville – New York, Venises – tels sont les enjeux de cet article.

Influences séminales et formatrices, lectures de jeunesse : envie(s) de partir : Marcel Schwob, lectures de Stevenson…

Paul Morand est élevé dans un milieu dédié aux arts, du fait de son père, Eugène Morand, peintre, dramaturge, traducteur de Shakespeare, poète à ses heures[2], du fait, aussi, des fréquentations familiales. Très tôt et alors qu’il n’est encore qu’en culottes courtes, Paul a en effet le privilège de rencontrer Sarah Bernhardt, Marcel Schwob, Stéphane Mallarmé, Henri de Régnier, Léon Paul Fargue… Grâce à Schwob précisément, Paul Morand lit les grands romans de pirates et de boucaniers, les récits d’aventure et robinsonnades ‒ Robinson Crusoé, L’Île au trésor, les Voyages extraordinaires de Jules Verne, les comptes rendus de voyages parus dans la revue Le Tour du monde –. Plus classique, son père lui fait découvrir, plus tard, à l’âge de l’adolescence, les écrivains réalistes et naturalistes qu’il chérit : Balzac, Zola, et le pessimiste Schopenhauer. Mais les classiques le rebutent. « Aimer Bérénice à treize ans ! écrira t il plus tard dans Venises. Il m’aurait fallu d’abord aimer quelqu’un qui aimât Racine ; qui m’expliquât ce Racine, ce cœur de femme enté sur un corps d’homme ! »[3]. Des premières lectures diffuses donc, mais qui permettent à Paul Morand de pénétrer dans des univers dans lesquels il reviendra butiner avec délices lorsqu’il les retrouvera, des années plus tard, à l’âge de la maturité. Lors de son passage à l’école des Sciences Politiques, rue Saint Guillaume, Paul Morand, animé par un puissant désir d’évasion et de liberté, se lance à corps perdu dans la lecture, à défaut de pouvoir voyager… Il lit Claudel, Saint John Perse, Larbaud, les Illuminations de Rimbaud, Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche, Les Origines du cosmopolitisme littéraire, de Joseph Texte – qui le bouleversent et dont il reprendra une partie des thèses pour son premier roman, Les Extravagants, scènes de la vie de bohème cosmopolite –, Les Immémoriaux et René Leys de Victor Segalen, les Nouvelles asiatiques et La Guerre des Turcomans d’Arthur de Gobineau, après avoir découvert avec ravissement Les Pléiades[4]. Mais les premières lectures qui vont exercer une influence directe sur son œuvre datent de son séjour comme non collegiate à Oxford durant les années 1909 1910. À la British Library, Paul Morand découvre les « énervés de la Belle Époque » – le sâr Péladan, Jean Lorrain… –, les dramaturges élisabéthains – Ben Jonson… –, mais aussi les préromantiques anglais : Thomas Gray, Terence Young, Ossian, et Walt Whitman. Toutefois, ce sont les recueils d’Émile Verhaeren, Les Villes tentaculaires et Les Campagnes hallucinées, qui vont lui inspirer la poésie urbaine, tout en acier, en vitesse et en bruit, de son premier recueil Lampes à arc, que suivront Feuilles de température, et Vingt cinq poèmes sans oiseaux, dont le titre est un clin d’œil à deux recueils de Tristan Tzara : Vingt cinq Poèmes et De nos oiseaux[5]. Ses ouvrages suivants, en revanche, de Tendres stocks à L’Europe galante – Ouvert la nuit, Fermé la nuit, Lewis et Irène –, soit la première moitié des années vingt, vont moins lui être inspirés par des lectures que par sa vie mondaine et ses premières missions diplomatiques.

Les débuts de Paul Morand en chroniqueur littéraire : l’aventure des Paris letters

Parallèlement à l’écriture et à la publication de ses premiers recueils de nouvelles et de romans, qui ont tôt fait de le hisser parmi les auteurs les plus prometteurs et talentueux de sa génération, Paul Morand collabore, conséquence de son aura, à divers journaux et revues, parmi lesquels The Dial, trait d’union entre les États Unis et l’Europe destiné à un lectorat de curieux et de lettrés[6]. Fin connaisseur des deux mondes, c’est tout naturellement que Morand est sollicité en 1923 pour y faire paraître sous le titre de Paris Letters des comptes rendus d’ouvrages de nature diverse, sous la forme de chroniques, un genre qu’il va tout particulièrement cultiver dans les années 1930. Les Paris letters consistent en vingt huit lettres parues entre juillet 1923 et mars 1929 suivant une périodicité irrégulière. Paul Morand y traite de Paris, tel qu’il l’a connu enfant, en étant absent depuis longtemps, de celles et ceux qui ont fait la ville lumière et qu’il a croisés, connus, rencontrés, vus, entendus : Sarah Bernhard, Robert de Montesquiou, MacNab, les chansonniers du Chat Noir, Apollinaire… Mais ses lettres portent principalement sur l’actualité culturelle.

Morand revient plus ou moins longuement sur les expositions, telles celles consacrées à l’art flamand accueillie au Palais des Tuileries en 1923, à Monet, qui l’a affligé, ou encore à J.   É. Blanche, qui l’a enchanté, ou celle, remarquable, consacrée aux paysages français de Poussin à Corot (Lettre III). Passionné de théâtre, c’est sans surprise qu’il rend compte de l’actualité de la scène. Une importante partie de la lettre de septembre 1923 y est consacrée. Pareillement, il fait mention des talents nouveaux et audacieux que voient éclore simultanément la peinture, la sculpture, la littérature et la musique, concluant : « Des esprits clairs en des temps troublés et frustrés, sachant parfaitement lâcher la bride, dominateurs, séduisants, déjà conquérants, formant un ensemble dont nous pouvons être fiers et qu’aujourd’hui on ne retrouve nulle part ailleurs » (Lettre II). L’opéra, les ballets et les concerts ne sont pas oubliés. Pour son compte rendu de La Création du monde de Darius Milhaud ou des Biches de Francis Poulenc, Morand se livre à une analyse fine et rigoureuse, qui est celle d’un véritable connaisseur et non pas d’un simple amateur (Lettres IV et VI). Cependant, l’essentiel de ses lettres consiste en des comptes rendus d’œuvres littéraires, d’auteurs confirmés ou à suivre : Max Jacob, Abel Hermant, Raymond Radiguet, Louis Aragon, Joseph Delteil, Marcel Proust[7]… Son compte rendu peut faire l’objet d’une analyse serrée, et ainsi la sortie d’Amants,heureux amants de Valery Larbaud est elle l’occasion pour Morand de saluer le chemin déjà accompli, ou de quelques lignes, comme c’est le cas pour Delteil dont le roman Sur le fleuve Amour « annonce un romancier puissamment doué que rien n’effraie de notre libération des mœurs » (Lettre I). Pour commenter une œuvre, Paul Morand passe allègrement d’un siècle à l’autre, la lecture des Innocentes d’Anna de Noailles lui rappelant sa découverte des Lettres de la religieuse portugaise et la correspondance de Julie de Lespinasse. Il émaille fréquemment ses lettres de vers ou lignes empruntés à Baudelaire, Shelley, Giraudoux, Swinburne ou Apollinaire, c’est selon… Paul Morand établit parfois un parallèle entre lui et les auteurs dont il traite. Ainsi écrit il, à propos de la disparition de l’exotisme avec Loti : « Si, en littérature, nous faisons usage d’un arrière plan, c’est uniquement pour distraire le lecteur et, profitant de son inattention, lui imposer des vérités d’aujourd’hui » (Lettre II). Morand rend également compte d’essais et d’ouvrages critiques. Ainsi du Problème de Rimbaud de Marcel Coulon, « remarquable analyse dans laquelle il réfute injustement et sans discussion l’explication claudélienne du génie de Rimbaud pour parvenir néanmoins à une conclusion très proche » (Lettre IV), parfois avec sévérité. Ainsi écrit il au sujet d’un article paru dans la NRF : « La confession de M. Arland me paraît confuse, romantique et sans objet » (Lettre VII). Il livre également des comptes rendus des dernières livraisons des revues : des publications établies comme la NRF, mais aussi des publications plus récentes telles L’Europe nouvelle, La Revue européenne, Commerce ou Europe

Des lectures aux relations de voyage, documentaires, portraits de ville et fictions

À partir de 1925 et après L’Europe galante, Paul Morand va beaucoup voyager, étendre sa couverture du globe et parallèlement publier sous diverses formes les comptes rendus de voyages destinés à se documenter et le fruit de cette documentation, des recueils de nouvelles et des romans. En 1925, las de tout, Morand demande et obtient d’être muté. Nommé à la légation de France à Bangkok, il choisit, pour s’y rendre, non de couper au plus court, mais au plus loin, et, prenant la direction opposée, effectue un tour du globe. Des étapes de ce périple, il va régulièrement rendre compte dans des chroniques que va publier le quotidien L’Intransigeant. Celles ci sont émaillées de lectures qu’il met en relation avec l’instant présent. Ainsi dans l’océan Pacifique, tandis qu’un orage gronde, Morand écrit il : « La tempête commence. On entend, comme une autre tempête plus intérieure, les coups de bélier de la piscine contre les flancs du navire. Et je sens qu’une troisième tempête, dans le livre – celle par quoi s’ouvre l’Homme qui rit – va s’animer à son tour et que, toutes trois, elles chercheront à se joindre… » (Rien que la terre, 1988, p. 27). Morand cite Rimbaud, Hugo, évoque Eschyle, Érasme, Voltaire, Michelet…, pour asséner une vérité, livrer une anecdote ou établir une comparaison, c’est selon… Terme de son voyage, le Siam fait l’objet de plusieurs chroniques. Voyageur attentif aux lieux, êtres, mœurs et coutumes qu’il découvre, Morand consigne avec soin ses observations et se lance dans la composition du second volet de sa « Chronique du XXe siècle », Bouddha vivant. Si le royaume du Karastra qui sert de cadre au début de l’intrigue est imaginaire, tout le matériau employé par Morand pour l’imaginer est directement tiré de son expérience siamoise. Terrassé par une fièvre amibienne, Morand est contraint de rentrer de toute urgence en France. À son retour, il remanie ses chroniques pour les publier sous la forme d’un récit de voyage : Rien que la terre, achève péniblement Bouddha vivant[8], puis se lance dans la composition d’une série de nouvelles ayant pour cadre l’Asie et inspirées de légendes et contes traditionnels du folklore asiatique qui, traduites en anglais, paraissent dans la revue Vanity Fair puis en volume chez l’éditeur Boni à New York en 1927[9]. Une relation de voyage, un roman, un recueil de nouvelles : Morand tient sa mesure et pour ses œuvres à venir, il met au point sa méthode de documentation mêlant expérience et lectures qui va lui permettre de publier dans le même temps deux ou trois ouvrages sur le même sujet mais de formes différentes.

Pour ce qui est de la constitution de sa documentation, Morand va d’abord se documenter en lisant. La bibliothèque qu’il a léguée à l’Automobile Club de Paris l’atteste. Pour chaque sujet sur lequel il projette d’écrire, Paul Morand se constitue une bibliographie de base, lisant le ou les ouvrages et auteurs faisant autorité en la matière, et quelques ouvrages annexes, qu’il cite ou dont la lecture est révélée et/ou confirmée par des anecdotes ou détails : Hayti or the Black Republic par Spenser St James pour Le Tsar noir et Hiver caraïbe, Tombouctou la mystérieuse de Félix Dubois et les écrits de René Caillié et Robert Randau pour les nouvelles africaines de Magie noire et Paris Tombouctou… Il va ensuite se documenter en voyageant. Experientia est rerum magistra : partout où il se rend, Morand tient un carnet et consigne au jour le jour ses déplacements, ses rencontres, ses enseignements et le fruit de ses observations ou réflexions. Ainsi écrit il à la date du 12 novembre 1927 : « Hélène trouve le théâtre de Donnay dans la bibliothèque de bord. Drôle d’époque où l’on remplissait des pièces avec des à peu près comme “au bout des fossettes la culbute”. Et la Douloureuse avec ses invraisemblances, comme ces invités qui continuent à souper chez un banquier qui vient de se tuer ». Tout comme de nombreuses lectures lui ont permis de préparer son voyage, Morand convoque régulièrement des lectures, souvenirs et réminiscences dont l’apparition est le point de départ ou d’arrivée d’une réflexion, d’une digression, d’une comparaison lui permettant de ramener le neuf au connu. Ainsi écrit il à la date du 20 novembre, après avoir relu L’Enfant : « Cette enfance de Vallès s’associe pour moi étroitement à ce terrible paysage du Puy et cette route de Saint Étienne au Puy, parcourus il y a un mois, les frères noirs, cette cathédrale avec sa vierge barbare comme une idole nègre, ce paysage de volcans, cette fumiculose de la terre, ces villages tristes, sordides, avec le porc dans la chambre, ces enfants sales ; je n’avais rien vu de plus sinistre depuis les pueblos indiens »[10]. Les mentions de ses lectures, en nombre important dans les manuscrits, sont souvent absentes de l’édition définitive du texte. Le cas des Carnets d’un voyage aux Antilles est à cet égard tout à fait représentatif. En novembre 1927, durant les quinze jours de la traversée qui les mènent, lui et son épouse, aux Antilles, Paul Morand lit ou relit beaucoup : le théâtre de Donnay, les Mœurs des Chinois par A. N. Smith, Tombouctou la mystérieuse par Dubois… Lorsqu’en 1929, il remanie ses Carnets pour leur donner ce qui sera leur forme définitive sous le titre d’Hiver caraïbe, un documentaire, Morand ôte la plupart de ces références, ainsi que la plupart des digressions auxquelles elles avaient donné lieu. En l’absence de carnets manuscrits, on ne peut vérifier si les observations faites concernant la genèse d’Hiver caraïbe s’appliquent également à Paris Tombouctou. On a cependant tout lieu de le croire[11].

Les années 1925 1930 correspondent à la période durant laquelle Paul Morand compose et publie presque dans le même temps un voyage, un portrait de ville ou un documentaire, d’une part, et une œuvre de fiction, d’autre part : Rien que la terre – relation de voyage – et Bouddha vivant – roman –, Magie noire – recueil de nouvelles –, Paris Tombouctou et Hiver caraïbe ‒ documentaires –, Champions du monde – roman – et New York – portrait de ville –. Ses lectures ne nourrissent donc pas seulement ses voyages, Paul Morand les réinvestit dans ses fictions. Ceci est notable à partir de la rédaction du troisième volet de sa « Chronique du XXe siècle » : Magie noire. À l’origine, Paul Morand avait songé, partant du phénomène Joséphine Baker, à rédiger un roman sur les manifestations de la « magie noire » par delà le temps et l’espace, d’où un roman ayant pour cadres Paris et la Nouvelle Orléans. C’est dans le but de se documenter in situ qu’il se rend, accompagné de son épouse, dans les Amériques et traverse le sud des États Unis en janvier et février 1927. C’est au cours de sa traversée que Paul Morand, grand lecteur de la presse, est alerté par la récurrence d’un certain nombre de faits divers liés aux problèmes de race : la violence de la ségrégation, les essais d’émancipation des Noirs, les tentatives de « franchissement de la ligne », les lynchages express suite à des accusations infondées de viols… Sa lecture de la presse américaine, alliée à des informations relatives à la disparition du vaudou que lui confie l’éditeur Wells de chez Harper à New York, lesquelles nuisent à la véracité de son roman, conduisent Paul Morand à revoir son projet et à rédiger un recueil de nouvelles portant sur les manifestations de la « magie noire » dans les trois grandes aires où s’est implantée la race noire : les Antilles, les États Unis et l’Afrique. Ce premier séjour dans les Amériques noires va permettre à Morand de rédiger à son retour en France en avril les quatre nouvelles qui vont former la partie « américaine » de son recueil, dédiées chacune à un problème spécifique : Congo (U.S.A.) – le retour du vaudou –, Excelsior (U.S.A.) – le refoulé sexuel –, Syracuse (U.S.A.) – le refoulé racial –. C’est au cours des mêmes semaines que, s’intéressant à tout ce qui touche la race noire, Paul Morand va rédiger une série de textes de circonstances, composant une préface, « Sous pavillon noir », au Paradis des nègres, la traduction française du roman à succès dédié à la Renaissance de Harlem, Niggers’ Heaven, du romancier blanc négrophile Carl Van Vechten qu’il a rencontré lors de son passage à New York, lequel lui a fait rencontrer ou découvrir, via leur éditeur, quelques unes des plumes les plus talentueuses de ce phénomène, tel Alain Locke, l’auteur d’un ouvrage appelé à devenir culte : The New negro, et du moment, tel Babbitt de Lewis qui, bien que paru aux États Unis en 1922 et ayant connu une immense fortune, n’a toujours pas été traduit en France lorsque Morand lui consacre une préface en 1927.

En novembre 1927, Paul et Hélène embarquent de nouveau, direction les Antilles, et avant l’Afrique, afin que Paul puisse se documenter pour la partie « antillaise » de son recueil. Celle ci se réduira à une seule nouvelle, Le Tsar noir, synthèse du Noir des Antilles de l’aveu même de Morand, rédigée à partir d’une unique source livresque, pour ne pas écrire, un unique chapitre, « Culte du vaudou et cannibalisme » de Haïti or the Black Republic par Spenser St John, qui demeure, lorsque Morand la consulte, la vulgate sur l’île, bien que sa première édition date de 1884, et des observations faites par l’auteur au cours de son séjour et en partie consignées dans ses Carnets d’un voyage aux Antilles[12]. Après deux mois passés aux Antilles, les Morand reviennent à Paris début janvier, et repartent pour l’Afrique le 20, afin que Paul puisse constituer sa documentation en vue de rédiger la dernière partie de son recueil[13]. Concernant les trois nouvelles qui vont former cette partie, Paul Morand va principalement se fonder sur quelques ouvrages, ceux de Félix Dubois, René Caillié et Robert Randau, et sur ses rencontres et observations, consignées dans ce journal qu’il fera paraître sous le titre Paris Tombouctou, documentaire, en 1929.

Magie noire constitue un exemple particulièrement intéressant de la méthode de travail employée par Morand, mêlant observations personnelles et lectures, à la fin des années vingt, utilisant ses lectures pour nourrir ses fictions ou comme points de départ pour l’écriture de textes de circonstances, préfaciels pour la plupart. Toutefois, il est un certain nombre d’ouvrages pour lesquels Morand a dû constituer une solide documentation livresque, ce sont ses ouvrages historiques, des romans, des drames, mais également des textes de circonstance.

Le retour aux chroniques : de Papiers d’identité à Excursions immobiles

Entre 1931 et 1944, la production littéraire de Paul Morand, en partie chevillée à l’actualité et à ses fonctions de diplomate, va connaître un tour neuf. L’auteur ne va en effet publier que trois romans, Flèche d’Orient, pour saluer l’ouverture de la ligne aérienne entre Paris et Bucarest, en 1932, France la Doulce, satire des milieux du cinéma, en 1934, et L’Homme pressé, en 1941 ; deux recueils de nouvelles sans véritable unité thématique, Rococo, en 1933 et Les Extravagants, en 1936 ; deux portraits de ville, Londres, en 1933 et Bucarest, en 1935 ; quatre relations de voyage, Route de Paris à la Méditerranée, en 1931, Air indien, en 1932, La Route des Indes, en 1936 et Méditerranée, mer des surprises, en 1938.

Ce qui constitue toutefois l’essentiel de son activité littéraire, ce sont les chroniques qu’il donne à divers journaux et qu’il va réunir en recueils et faire régulièrement paraître : Papiers d’identité (1931), Rond Point des Champs-Élysées (1934), Apprendre à se reposer (1936), Le Réveille matin (1937), L’Heure qu’il est (1938), Réflexes et réflexions (1939), Chroniques de l’homme maigre (1941), Propos des 52 semaines (1942) et Excursions immobiles (1944). Tous ces recueils ne sont pas de même facture ni ne présentent le même intérêt. Papiers d’identité, le premier, le plus hétéroclite, est un véritable fourre tout réunissant pour la première section des textes de nature différente dans la forme et le ton : un portrait, une interview, un récit dialogué, des poèmes, un projet de film, un scénario de ballets… La seconde section, intitulée « Images littéraires » réunit un certain nombre de portraits d’écrivains contemporains : un hommage à Proust ‒ « Une agonie » –, des lectures d’Éloges de Saint John Perse, des Conquérants de Malraux, une étude sur Gide voyageur, trois préfaces, entre autres courts textes. La suite du volume consiste en comptes rendus d’expositions, souvenirs de voyages et odes à la vitesse. D’une tout autre tonalité est en revanche le recueil suivant, Rond Point des Champs Élysées, dans lequel les billets d’humeur chargés d’acrimonie sur l’actualité politique font florès. Quelques pages sur la littérature y figurent bien – « Le suicide en littérature », « Réflexions sur le roman détective », « Jean Lorrain, peintre des femmes de 1900 », « Hommage à Mauriac », « H.G. Wells et la guerre future », « Bernard Shaw à l’heure du thé »… – mais ce n’est pas la part congrue de l’ouvrage. Apprendre à se reposer consiste en une série de conseils et réflexions pour tirer le maximum de profit de ses loisirs, parmi lesquels Morand fait figurer les voyages et les sports, mais pas la lecture… Les recueils suivants sont proches dans leur facture de Rond Point des Champs Élysées. Les textes réunis traitent de l’actualité et les textes consacrés aux écrivains, Henri de Régnier, Eugène Dabit… dans Le Réveille matin, Marcel Proust, Hélène Vacaresco, Walter Scott… dans L’Heure qu’il est, Nietzsche, James Barrie… dans Réflexes et réflexions, consistent principalement en des hommages ou comptes rendus de parutions récentes, ou en des (re)lectures d’auteurs plus anciens : Montaigne, Rabelais, Molière, La Fontaine… dans Chroniques de l’homme maigre, Balzac dans Excursions immobiles. Une vue d’ensemble de ces chroniques confirme un lecteur prolixe et hautement cultivé, fidèle à ses amitiés, au fait de l’actualité littéraire, française et étrangère, fin connaisseur des auteurs majeurs des grandes littératures nationales et des classiques depuis l’antiquité[14]. Entre Excursions immobiles et L’Eau sous les ponts, son dernier recueil de chroniques vont s’écouler dix ans. Cela correspond exactement à la durée du purgatoire dans lequel Morand va être envoyé au lendemain de la guerre. Nommé in extremis ministre de France en Suisse en juin 1944, Morand, relevé de ses fonctions quelques semaines plus tard, s’y fixe avec son épouse, et c’est là qu’il apprend qu’il lui est désormais interdit de publier en France où il est devenu persona non grata. S’ouvre alors pour lui une période qui, si elle ne va pas être palpitante du fait des rigueurs de l’exil, n’en va pas moins être une des périodes les plus fécondes de son existence.

Au miroir de l’histoire… De Montociel, Rajah aux Grandes Indes à Monsieur Dumoulin à l’Isle de la Grenade

C’est en exil au Château de l’Aile, à Vevey en Suisse, que Paul Morand va composer ce qui sont sans doute ses plus grands romans et ses plus grandes nouvelles. Loin de l’agitation parisienne, dégagé de ses obligations diplomatiques, contraint à une mobilité des plus réduites, Paul Morand jouit désormais, lui qui s’était accoutumé à écrire partout et n’importe quand, de ce qui va s’avérer un allié précieux en même temps qu’un luxe à nul autre pareil : le temps. Ce temps, il va le mettre à profit pour s’adonner à l’une de ses passions, l’histoire, et composer ses œuvres les plus documentées. Toutes ses œuvres écrites au cours de ses dix années d’exil ont en commun un fort ancrage historique : les guerres napoléoniennes pour Montociel, rajah aux Grandes Indes, l’Inquisition espagnole pour Le Dernier jour de l’Inquisition, la Révolution française pour Parfaite de Saligny – qui est de l’avis de nombreux morandiens son joyau – et l’occupation de l’Espagne par les troupes napoléoniennes pour Le Flagellant de Séville[15]. Pour chacun de ces textes, Paul Morand se documente en écumant les fonds des bibliothèques, en compulsant des ouvrages et documents d’époque, en prenant quantité de notes. « Au printemps 1949, relate son filleul Gabriel Jardin, alors qu’il est à Séville chez son ami le poète Murube, il découvre à l’Académie San Fernando la palette de Goya, avec ses couleurs séchées, intactes depuis la mort du peintre. Paul a aussitôt envie, comme il le raconte lui même, de « remployer ces couleurs » : elles lui inspirent l’idée de Flagellant de Séville, peut être son plus beau roman. Il s’installe pour deux mois où, vivant presque en solitaire, ne voyant que des Espagnols, il travaille assidûment, fréquentant les bibliothèques, prenant des notes et effectuant des repérages de toutes sortes quant à la vie sévillane au début du XIXe siècle. Il y retourne en 1950, se réservant un appartement près de l’Alcazar pour mieux poursuivre et achever son ouvrage »[16]. Bien que d’une facture et d’une écriture remarquables, ses œuvres, de Montociel, Rajah aux Grandes Indes au Flagellant de Séville, sont superbement ignorées par la critique, qui ne lui pardonne pas ses choix et engagements politiques.

À son retour en France, en 1954, Paul Morand poursuit dans cette veine, composant encore une nouvelle comme Le Prisonnier de Cintra, des romans comme La Dame blanche des Habsbourg et Ci gît Sophie Dorothée de Celle. Paul Morand avait, au cours de sa jeunesse, composé quelques pièces de nature et de tons divers qu’il avait réunies dans un volume assez disparate intitulé Petit théâtre. Dans les années cinquante, il traduit Catherine de Heilbronn de Kleist et compose trois grands drames historiques : Le Lion écarlate, La Fin de Byzance et Isabeau de Bavière[17]. Il consacre enfin une biographie à la descente aux enfers du surintendant des finances de Louis XIV, Fouquet, publie un recueil de textes historiques faisant dans la continuité de Montplaisir… en littérature, Montplaisir… en histoire. L’une de ses dernières œuvres, Monsieur Dumoulin à l’Isle de la Grenade, sera encore une œuvre historique, fruit de patientes recherches et lectures[18].

La lecture, ainsi qu’on l’a vu, occupe une place prépondérante dans l’œuvre de Paul Morand, notamment dans sa relation au voyage et à l’écriture. Si son père a très tôt veillé sur ses goûts, c’est Marcel Schwob, le premier, qui lui a fait prendre plaisir à la lecture en lui faisant découvrir voyages extraordinaires, robinsonnades et récits de pirates, lesquels constituent ses influences séminales et formatrices. Mais c’est de son passage à l’école des Sciences Politiques et à l’Université d’Oxford que date la découverte des œuvres et auteurs qui vont le marquer pour la vie : Rimbaud, Saint John Perse, Larbaud… et de ceux qui vont lui inspirer ses premiers recueils de poèmes : Whitman et Verhaeren , et récits : Texte et Gobineau. Correspondant pour The Dial, Morand va livrer six années durant, de 1923 à 1929, sous la forme de « lettres », une revue de l’actualité culturelle et littéraire parisienne à destination du public américain. Dans les années 1925 1930, Morand voyage beaucoup. Grâce à une méthode de documentation mêlant lectures et expérience personnelle, il publie quasi simultanément une relation de voyage, un documentaire ou un portrait de ville d’une part, et une fiction, recueil de nouvelles ou roman, d’autre part : Rien que la terre, Bouddha vivant et East India and Company ; Magie noire, Paris Tombouctou et Hiver caraïbe ; Champions du monde et New York. Durant les années 1931 1944, Morand, tout à ses occupations diplomatiques, publie principalement des recueils de chroniques. S’ils reprennent des textes majoritairement consacrés à l’actualité politique, ces recueils contiennent également un nombre non négligeable de comptes rendus de lecture et hommages à Proust, Larbaud… De 1944 à 1954, libéré de ses obligations diplomatiques et contraint à l’exil, Morand va composer, grâce à une exceptionnelle documentation de première main, ses œuvres qui sont tenues par les morandiens comme parmi les plus abouties : Montociel, Rajah aux Grandes Indes, Le Dernier jour de l’Inquisition, Parfaite de Saligny et Le Flagellant de Séville. Féru d’histoire, Morand continuera de recourir à une solide documentation pour rédiger drames historiques et biographies réelles et fictives, et ce, jusqu’à la veille de sa mort. Au cours des dernières années de sa vie, Morand ne compose plus de fictions mais consigne ses humeurs et avis sur l’actualité littéraire dans ce Journal inutile qui fait suite à la correspondance très suivie nouée avec Jacques Chardonne, et à laquelle la mort seule de ce dernier est venue mettre un terme[19]. Morand n’y est pas tendre. Mais ses critiques viennent confirmer cet intérêt dont il ne s’est jamais départi pour les auteurs de son temps.

Notes de pied de page

  1. ^ Sur Paul Morand et son œuvre, deux biographies font autorité, celle de Ginette Guitard Auviste, Paul Morand (1888 1976) : légendes et vérités, Paris, Hachette, 1981. Rééd. : Paris, Balland, 1994, « Biographies », et celle de Pascal Louvrier et Éric Canal Forgue, Paul Morand. Le sourire du hara kiri, Paris, Perrin, 1994. Rééd. : Monaco, Éditions du Rocher, 2012. Sur le style de Paul Morand, on pourra lire les travaux de Bruno Thibault, L’Allure de Morand. Du Modernisme au Pétainisme, Birmingham, Summa Publications, 1992 ; de Michel Collomb, La Littérature art déco, Paris, Méridiens Klincksieck, 1987 ; Paul Morand écrivain, Montpellier, Publications de l’Université Paul Valéry, 1993 ; Petits certificats de vie, Paris, Hermann, 2007 ; enfin de Catherine Douzou, Paul Morand nouvelliste, Paris, Honoré Champion, 2003, « Bibliothèque de littérature française et comparée ».
  2. ^ Auteur d’une pièce sur Bouddha, Izeÿl, jouée par Sarah Bernhardt et Lucien Guitry en 1893, d’une pièce intitulée Les Drames sacrés en 1893, d’un conte lyrique, Grisélidis, avec Armand Sylvestre, mis en musique par Jules Massenet et représenté à l’Opéra Comique en 1901, d’une allégorie, Les Cathédrales, en 1917, avec Sarah Bernhardt dans le rôle principal, et avec Marcel Schwob d’une traduction de Hamlet : William Shakespeare, La Tragique histoire d’Hamlet, prince de Danemark, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1900.
  3. ^ Paul Morand, Venises, Paris, Gallimard, 1971. Rééd. : Paris, Gallimard, 1990, « L’Imaginaire », p. 11.
  4. ^ Revenant sur sa découverte de l’œuvre de Gobineau, Morand raconte : « C’est un de mes camarades des sciences politiques, Mochovsky, un jeune juif, comme tous les juifs de cette époque là d’idées très avancées et en même temps très averti de toute la « littérature anti manuels », qui m’a dit : « Mais il faut lire Gobineau, c’est prodigieux ». J’ai lu les Nouvelles asiatiques et comme j’avais eu toujours envie de voyager, lire les Nouvelles asiatiques, La Guerre des Turcomans, fut un voyage comme on n’en faisait déjà plus […], un voyage sous le Second Empire, comme les voyages de Gautier ou de Flaubert, infiniment plus amusants que tout ce qu’on peut faire maintenant ». Paul Morand et Jean José Marchand, Entretiens, Paris, La Table Ronde, 2001, « La Petite vermillon », p. 37.
  5. ^ Paul Morand, Lampes à arc, Paris, Au Sans Pareil, 1919 ; Feuilles de température, Paris, Au Sans Pareil, 1920. Rééd. suivie de Vingt cinq poèmes sans oiseaux et de U.S.A. 1927. Album de photographies lyriques, dans Poèmes, éd. Michel Décaudin, Paris, Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1973.
  6. ^ « The Dial avait été fondé à Chicago en 1880, observe Bernard Delvaille. Mais ce n’est qu’à partir de 1920 qu’il devint un lien culturel essentiel entre l’Ancien et le Nouveau Monde, date à laquelle il fut repris en main par deux riches Américains, James Silbley Watson Jr. et Scofield Thayer. Celui ci en assura la direction de novembre 1919 à juin 1926. Marianne Moore lui succéda, de juillet 1926 à juillet 1929, date à laquelle la revue cessa de paraître ». Paul Morand, Lettres de Paris, Paris, Salvy, 1996. Rééd. : Paris, Arléa, 2008. Traduites de l’anglais et présentées par Bernard Delvaille, p. 8.
  7. ^ Au sujet de La Prisonnière, il écrit : « De La Prisonnière, il n’y a rien à dire sinon que c’est avec Un Amour de Swann le plus beau des livres de Proust. Des pages comme le sommeil d’Albertine, veillée par son amoureux à la fois serein, tendre et implacable, la mort de Bergotte, la brouille de Charlus avec les Verdurin, les soirées chez ceux ci, les passages sur Hardy et Dostoïevski, et, surtout, le thème essentiel de l’amour jalousie, l’orchestration psychologique d’une grande et douloureuse symphonie des soupçons – soupçons portés ici à une intensité diabolique auprès de laquelle le récit de la jalousie de Swann, dans le premier volume, apparaît presque pâle – ajouteront à la gloire de celui qui fut mon meilleur ami, et dont chaque volume, me rappelant toute la force de sa personnalité, renouvelle mon inconsolable chagrin de l’avoir perdu. Mais l’ai je vraiment perdu ? Quand je lis ses livres, je ne puis le croire. » Paul Morand, « Lettre VII – Juillet 1924 », Lettres de Paris, Paris, Arléa, 2008. Traduites de l’anglais par Bernard Delvaille, p. 68.
  8. ^ Paul Morand, Rien que la terre, Paris, Bernard Grasset, 1926. Rééd. : Paris, Grasset, 1988, « Les Cahiers rouges » ; Bouddha vivant, Paris, Bernard Grasset, 1927. Rééd. : Paris, Grasset, 1988, « Les Cahiers rouges ».
  9. ^ East India and Company, New York, Boni, 1927. Rééd. : Paris, Arléa, 1987. Traduction de B. Vierne. Un débat a longtemps opposé les critiques estimant que Morand avait rédigé ses nouvelles directement en anglais et ceux soutenant que celles ci avaient été traduites du français. Une minutieuse enquête et le manuscrit du Trésor dans la gueule du dragon conservé dans le fonds Morand des archives de l’Académie française, portant sur la première page la mention manuscrite : « This story for Vanity Fair, publication in English exclusive », ont permis à Michel Collomb de trancher : « ce document constitue la preuve formelle que les nouvelles qui allaient constituer le recueil East India and Company ont bien été écrites en français par Morand avant d’être traduites par le bureau de traduction de Vanity Fair ou une officine spécialisée. » Michel Collomb, « Notice » du Trésor dans la gueule du dragon, dans Paul Morand, Nouvelles complètes, t. 1, éd. Michel Collomb, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1992, p. 1114 1115. Cit. p. 1114.
  10. ^ Paul Morand, Carnets d’un voyage aux Antilles, Archives de l’Académie française, Fonds Morand, 2AP10.
  11. ^ Paul Morand, Carnets d’un voyage aux Antilles, Fonds Morand des Archives de l’Académie française, 2AP10 ; Magie noire, Paris, Bernard Grasset 1928. Rééd. [in] Nouvelles complètes, I, Paris, Gallimard, 1991, « Bibliothèque de la Pléiade ». Édition établie par Michel Collomb ; Paris Tombouctou, documentaire, Paris, Flammarion, 1929 ; Hiver caraïbe, Paris, Flammarion, 1930. Rééd. [in] Voyages, Paris, Robert Laffont, 2001, « Bouquins », édition établie par Bernard Raffalli. 
  12. ^ Paul Morand, Carnets d’un voyage aux Antilles, Archives de l’Académie française, Fonds Morand, 2AP10.
  13. ^ Morand avait initialement songé consacrer des pages au Brésil, mais redoutant de devoir passer trop de temps sur ce sujet, il y a finalement renoncé.
  14. ^ Quelques unes de ces chroniques sont des préfaces et Morand en a rédigé une cinquantaine, sur des œuvres aussi diverses que Les Mille et une Nuits, les Dames galantes de Brantôme, Le Vicomte de Bragelonne de Dumas ou Le Diable au corps de Radiguet… préfaces qu’il a réunies dans un volume intitulé Montplaisir… en littérature, clin d’œil au nom donné par Pierre le Grand à sa maison de campagne. En exergue au volume, Morand écrit : « Ces raids dans le passé, ces maraudes dans les bibliothèques, ces notes de lecture, ces souvenirs, ces préfaces, n’offrent ni unité de lieu ni singularité dans le temps ; elles contribuèrent cependant à l’ameublement d’un cerveau qui finirait par ressembler à la boutique de La Peau de chagrin ou à Old Curiosity Shop, l’imprimerie n’y mettant son ordre ». Paul Morand, Montplaisir… en littérature, Paris, Gallimard, 1967, p. 7.
  15. ^ Paul Morand, Montociel, Rajah aux Grandes Indes, Genève, Les Éditions du Cheval Ailé/Constant Bourquin éditeur, 1947. Rééd. : Paris, Gallimard, 1960 ; Le Dernier Jour de l’Inquisition, suivi de Parfaite de Saligny, Paris, La Table Ronde, 1947 ; Le Flagellant de Séville, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1951.
  16. ^ Gabriel Jardin, Paul Morand. Un Évadé permanent, Paris, Grasset, 2006, p. 122.
  17. ^ Paul Morand, Le Prisonnier de Cintra, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1958. Rééd. : Paris, Le Livre de Poche, 1989 ; La Dame blanche des Habsbourg, Paris, Robert Laffont, 1963 ; Ci gît Sophie Dorothée de Celle, Paris, Flammarion, 1968 ; Petit théâtre, Paris, Bernard Grasset, 1942 ; Le Lion écarlate, précédé de La Fin de Byzance et d’Isabeau de Bavière, Paris, Gallimard, 1959.
  18. ^ Paul Morand, Montplaisir… en littérature, Paris, Gallimard, 1967 ; Montplaisir… en histoire, Paris, Gallimard, 1969 ; Monsieur Dumoulin à l’Isle de la Grenade, Paudex, Éditions de Fontainemore, 1976.
  19. ^ Paul Morand, Journal inutile, Paris, Gallimard, 2001. Édition établie par Laurent et Véronique Boyer. Michel Déon vient de nous confirmer la parution prochaine du premier volume d’un choix de lettres échangées par Morand et Chardonne, aux éditions Gallimard.  

 

Référence électronique

Dominique LANNI, « DE LA LECTURE A L’ECRITURE », Astrolabe - ISSN 2102-538X [En ligne], Octobre / Novembre 2013, mis en ligne le 11/08/2018, URL : https://crlv.org/articles/lecture-a-lecriture