JE NE MENS PAS AUTANT QUE LES AUTRES VOYAGEURS

JE NE MENS PAS AUTANT QUE LES AUTRES VOYAGEURS
Lady Mary Wortley Montagu Lettres choisies, 1716-1718

 

Enfant précoce censée avoir appris seule le grec ancien et le latin, pratiquant de plus le français et l’italien, MaryPierrepont (26 mai 1689 - 21 août 1762), fille aînée du duc de Kingston, devint très jeune la coqueluche des milieux intellectuels et des salons de Londres, devant à son père, membre éminent du parti whig, sa position sociale, sa fortune et sa culture[1].

En 1712, après s’être enfuie avec Edward Wortley Montagu, Earl of Sandwich, elle imposa à sa famille son mariage ‒ qui s’avéra malheureux. En 1716, sir Wortley fut nommé ambassadeur extraordinaire à Constantinople pour négocier la paix entre la Maison d’Autriche et la Sublime Porte. Comme Mary Montagu, lasse par ailleurs des grisailles et des brouillards londoniens, avait eu la variole dont les marques avaient quelque peu altéré sa beauté et réduit son prestige, elle prit la décision, inhabituelle alors chez une femme de diplomate, d’accompagner son mari. Et c’est avec regret qu’elle quitta Péra au bout de treize mois, l’échec des négociations du diplomate mettant un terme à un séjour initialement prévu pour durer cinq ans.

Les trente-sept lettres présentées dans ce recueil[2] ont été choisies dans un ensemble de cinquante-huit traduites, à la toute fin du XVIIIe siècle, par Pierre Hubert Anson[3]. Lui-même avait opéré une sélection dans la très abondante correspondance de lady Montagu, publiée[4] longtemps après sa mort en raison de l’opposition de sa famille qui n’a pas hésité par ailleurs à brûler l’intégralité des volumes manuscrits du journal de la voyageuse. Ces lettres sont adressées à douze destinataires différents, la sœur de l’épistolière, lady Mar, étant privilégiée (dix lettres) ; six sont destinées à l’abbé Conti, cinq à Alexander Pope, quatre à lady ***, trois à lady Bristol et à Anne Thistletwayte, deux à  lady Rich, enfin une respectivement à la princesse de Galles, à l’amie d’enfance Mrs Sarah Chiswell, à Mrs P***, à Mrs J*** et à la comtesse de ***[5]. Lady Montagu adapte les sujets et les tons à ses correspondants : ainsi cinq lettres du 1er avril 1717 écrites d’Andrinople témoignent-elles de la variété des ressources de l’épistolière que Voltaire plaçait plus haut que Madame de Sévigné ou Madame de Maintenon, même si elle n’hésite pas à y revenir sur un aspect pour elle particulièrement surprenant des coutumes turques qui font obligation à une femme mariée d’avoir de très nombreux enfants (jusqu’à une vingtaine), la maternité passant pour une preuve de jeunesse.

Ces Lettres de lady Montagu sont assez connues, et depuis longtemps, pour que nous nous bornions à n’envisager rapidement que quelques points de sa démarche qui ne vise elle-même nullement à l’exhaustivité. En effet, à plus d’une reprise, l’épistolière souligne son désintérêt pour les rappels historiques maintes fois développés ‒ au risque d’une prétérition ‒, et généralement pour toute information bien connue :

[…] je ne suis pas d’humeur à copier ce qui a été souvent dit avant moi. Pourquoi devrais-je vous rappeler que Constantinople est l’ancienne Byzance ? que cette ville est sous la domination d’un peuple dont on suppose l’origine en Scythie ? […] ? que Sainte-Sophie a été fondée par Justinien[6] ?

Toutefois, elle a parfaitement conscience de la difficulté de l’entreprise que représente le projet de rendre compte de son voyage, en raison notamment de la crédibilité bien souvent douteuse des propos de tout voyageur  :

Les pauvres voyageurs comme nous sont dans un grand embarras. Si nous ne disons rien que ce qui a été dit avant nous, nous sommes des imbéciles, nous n’avons rien vu. Si nous présentons quelques objets nouveaux, on se moque de nous, on nous traite comme des faiseurs de contes, des romanciers ; on ne tient compte ni de la différence des rangs qui règle pourtant celle des sociétés que l’on fréquente, ni du plus ou moins de curiosité des voyageurs, ni des changements dans les usages qui varient tous les vingt ans dans les diverses contrées de la terre[7].

On comprend alors l’insistance de l’épistolière à souligner que son propos relève toujours de l’autopsie, ce qui l’autorise à rectifier les nombreuses erreurs rapportées avant elle sur divers sujets.

Les privilèges de la femme d’un diplomate

N’ayant pas le titre d’ambassadrice mais jouissant d’un statut qui lui permettait de fréquenter les plus hautes classes de la société en échappant parfois aux rigueurs du protocole qu’elle a eu souvent l’occasion de déplorer, lady Montagu profita de cette liberté pour s’introduire dans des milieux fermés et apporter des informations nouvelles et sûres, au contraire des autres voyageurs. L’un des topoï de ses lettres est de souligner l’écart entre le témoignage direct et privilégié, fondé sur ce qu’a effectivement vécu la voyageuse et les informations de seconde main de ses devanciers non introduits dans la bonne société, informations prises à des sources populaires et erronées de ce fait. Elle écrit, à ce propos, à l’une de ses correspondantes anglaises :

Toutes vos lettres sont pleines d’erreurs et de méprises d’un bout à l’autre ; je vois que vous avez pris toutes vos idées sur les Turcs dans les ouvrages du digne Dumont, qui met dans ses rêveries autant d’ignorance que de suffisance.

C’est pour moi un plaisir tout particulier de lire ici les ouvrages qui traitent du Levant ; ils sont généralement remplis de faussetés et d’absurdités : cela m’amuse infiniment. Ils ne manquent pas de vous raconter des aventures de femmes qu’ils n’ont jamais vues ; ils vous peignent le caractère de certains hommes qui ne les ont jamais admis en leur compagnie ; ils vous donnent des descriptions multipliées de mosquées dans l’intérieur desquelles ils n’auraient pas seulement osé jeter un coup d’œil. Les Turcs sont très fiers ; ils n’aiment point à vivre avec les étrangers quand ils ne les croient pas considérés dans leur propre pays. Je vous peint là les Turcs un peu importants car, quant aux sociétés d’un rang inférieur, vous pouvez imaginer quelle idée leur conversation peut donner des mœurs de tout un peuple[8].

Malgré la modalisation, purement rhétorique d’ailleurs, de l’adjectif « importants », ces lignes traduisent le profond et constant mépris de l’épistolière pour ceux qui ne sont pas de « son monde ». Elle a conscience d’appartenir à l’élite, position dont elle tire argument pour conférer à sa parole une autorité indéniable, et elle fait part avec une évidente satisfaction des hauts personnages auxquels elle a été présentée, notamment «Leurs Majestés Impériales » ou le prince Eugène à la cour de Vienne, ville où elle a été invitée à dîner par « plusieurs des personnes les plus qualifiées » dont elle loue, outre le faste de l’ameublement, le bon goût et la magnificence de la table. C’est à la bonté du roi que le couple doit de pouvoir se loger à Hanovre, et c’est « l’un des principaux effendis » qui a hébergé plusieurs semaines le couple à Belgrade.

À Andrinople, elle fréquente assidument l’ambassadrice de France, malgré le strict et contraignant respect du protocole de la part de celle-ci, est reçue par la sultane mère, voit de fort près « Sa Hautesse» le sultan, et est invitée à dîner par la femme du grand vizir. Elle sait donc de quoi elle parle. Ainsi se distingue-t-elle de ses obscurs devanciers masculins qui ont écrit sur ce qu’ils n’avaient nullement eu les moyens de connaître, en tant qu’hommes et en tant que voyageurs non introduits dans les sphères du pouvoir. Elle se dit donc fondée à écrire que le sort des esclaves est beaucoup plus doux que ce qu’en ont rapporté les Européens, et moque « les compilateurs de relations [qui] se lamentent sur la réclusion des femmes turques qui sont peut-être les plus libres de l’univers », dont elle assure en effet qu’« elles passent leur vie dans des plaisirs continuels, exemptes de tous soins, occupées uniquement à faire ou à recevoir des visites, à se baigner, à chercher tous les moyens agréables de dépenser de l’argent et d’inventer des modes nouvelles »[9]. Une telle affirmation témoigne à l’évidence que l’épistolière, malgré qu’elle en ait, n’est pas plus exempte de préjugés et d’idées fausses que les voyageurs qu’elle condamne, même si l’on prend en compte le milieu privilégié très restreint qu’elle a été amenée à fréquenter.

À maintes reprises, la voyageuse revendique la nouveauté de son trajet et donc des informations qu’elle fournit à ses destinataires. Ainsi commence-t-elle sa lettre du 1er avril 1717 à la princesse de Galles :

Je suis parvenue, Madame, au terme d’un voyage qu’aucun chrétien n’avait entrepris depuis le temps des empereurs grecs. Je n’aurai point de regret à toutes les fatigues que j’ai essuyées si elles me procurent l’avantage d’amuser Votre Altesse royale de la description des endroits qui sont peu connus parmi nous. Les ambassadeurs de l’Empire et le petit nombre d’Anglais qui sont venus ici ont tous pris leur route par le Danube jusqu’à Nicopolis [Nikopol en Bulgarie], mais ce fleuve est totalement glacé dans ce moment[10].

En cours de route, Lady Montagu témoigne d’un intérêt constant pour « les différents cultes qui se sont offerts à [s]es yeux », chrétiens comme musulmans, et elle est à même de combler précisément les attentes de correspondants qui l’ont interrogée sur ce sujet. Son séjour prolongé chez Ahmed Bey, l’un « des principaux effendis » avec lequel elle a eu « plusieurs conversations particulières » lui a « procuré la connaissance de la religion et de la morale des Turcs d’une manière plus précise qu’aucun chrétien peut-être n’a pu l’obtenir jusqu’ici »[11], même si les sectes y sont aussi diverses que dans le christianisme. Elle s’intéresse à la religion particulière, et cachée au peuple, des effendis, déistes comme son hôte et qui ne se font pas scrupule de boire du vin en privé, « ce que Dieu avait créé éta[n]t bon et éta[n]t destiné à l’usage de l’homme », à condition d’en faire un usage modéré, ce dont le peuple est incapable, d’où l’interdiction qui est faite à tous d’en consommer ; les effendis « ont bien moins de crainte de boire du vin que de difficulté à s’en procurer ».

Elle trouve une grande simitude entre la religion qu’elle pratique et celle de son hôte, corrige l’erreur de son compatriote sir Paul Rycaut sur la religion des Muzerin, et se dit persuadée de l’intérêt de la lecture du Coran, dont elle pense que toutes les traductions qui en ont été faites jusqu’alors en Europe reposent sur « des copies falsifiées par des prêtres grecs avec une extrême méchanceté »[12]. Elle ne cesse d’avoir les mots les plus durs pour ces prêtres, selon elle « la plus grande canaille de l’univers » car ils « font des contes ridicules qu’ils ont inventés à plaisir pour décrier la loi de Mahomet », interdisant à leurs fidèles la lecture de traductions du Coran, les fables des Grecs et des mahométans étant si proches que les orthodoxes pourraient être tentés de changer de religion.

Elle se montre tolérante pour toutes les pratiques, sauf quant il s’agit des « charlataneries de toutes les Églises », au premier rang desquelles elle place le catholicisme romain (elle est anglicane) et « le ridicule de la transsubstantiation », et surtout la religion orthodoxe, on vient de le voir. Les superstitions rendent sa plume fort caustique, qu’il s’agisse de celles concernant les vertus du baume de La Mecque, d’un sortilège pour se faire aimer infailliblement, à en croire les femmes turques, ou d’un pilier de Sainte-Sophie dont il découlait un baume excellent pour les maux de tête, d’après son compatriote Aaron Hill.

Les scènes de bain ont produit une grande impression sur la voyageuse et la plus détaillée permet à l’épistolière de manifester sa culture, tout autant que la qualité de ses fréquentations  :

Il y a trois jours que j’allai à l’un des plus beaux bains de la ville pour voir une nouvelle mariée. J’eus par là l’occasion de m’instruire des cérémonies usitées en cette circonstance ; elles m’ont rappelé l’Épithalame d’Hélène dans Théocrite. […] Les femmes et les veuves se placèrent sur le sofa de marbre qui fait le tour de la salle. Les filles se déshabillèrent aussitôt et parurent sans aucun autre ornement que leurs longs cheveux garnis de perles et de rubans. Deux d’entre elles allèrent au-devant de la future mariée vers la porte. Celle-ci était accompagnée de sa mère et d’une parente importante. C’était une belle personne d’environ dix-sept ans, magnifiquement habillée et toute brillante de diamants. Elle fut mise bientôt dans l’état de pure nature. Deux autres filles remplirent de parfums deux petits vases de vermeil et commencèrent une espèce de procession, suivies de toutes les autres, deux à deux, au nombre de trente. Les deux coryphées entonnèrent l’épithalame auquel les autres répondirent en chorus. Les deux dernières s’emparèrent de la mariée, qui avait les yeux baissés et un air de modestie charmante. Cette procession fit ainsi le tour des trois salles de bains. Il est difficile de se représenter le charme d’un pareil spectacle. La plupart de ces jeunes filles étaient parfaitement bien faites et d’une blancheur éblouissante ; l’usage fréquent du bain a rendu leur peau très lisse et très belle. […] J’ai eu un plaisir singulier à voir cette cérémonie[13].

Comme bien d’autres, cette description témoigne du regard particulièrement sensuel que lady Montagu porte sur les femmes qu’elle se plait à évoquer avec un regard de peintre. Elle préfigure les nombreuses scènes de bain qui inspireront, au XIXe siècle, des artistes orientalistes comme Ingres. Si la voyageuse a donc bénéficié d’une expérience privilégiée sur ce qui a trait aux rites des femmes de la haute société, elle a témoigné d’une curiosité plus vaste.

Le regard de la voyageuse

Ses centres d’intérêt sont très diversifiés, passant, selon le destinataire, des propos sérieux sur la religion, la politique, les valeurs collectives, le statut social et les droits des femmes à des sujets plus futiles : usages protocolaires et fastidieux divertissements mondains, modes et occupations féminines. Elle détaille longuement pour sa sœur sa présentation à la cour impériale et sa robe de cour, s’étonne de l’habitude qu’ont les Viennoises nobles d’avoir obligatoirement un amant, avec la bienveillance du mari, ce qui la conduit au constat de la relativité des valeurs, sans qu’il soit possible de déterminer « les idées les plus justes ». D’Andrinople, elle décrit à sa sœur l’habillement turc qu’elle choisit de porter pour mieux se faire oublier comme étrangère, sans oublier sa coiffure, avec force détails sur les matières, les formes et les couleurs.

Les paysages et ce qu’ils révèlent du niveau de vie des habitants des campagnes retiennent son attention tout au long du parcours. Elle déplore l’extrême pauvreté du royaume de Bohême, ce qui rend à Prague très bon marché une nourriture abondante. Sur le chemin du retour, quittant Lyon pour Paris, elle vante l’air de cette dernière ville qui la fait se porter à merveille et compense le désagrément éprouvé tout au long de la route, en raison notamment de son état piètre physique. Elle écrit à sa correspondante :

Je n’avais pas besoin de ce surcroît-là pour la trouver très maussade : il n’y a rien de plus fâcheux que d’avoir toujours la misère sous les yeux, à moins qu’on ait, comme la Divinité, le pouvoir de la faire disparaître en la soulageant. Lorsque nous changions de chevaux, nous voyions accourir, pour nous demander l’aumône, des figures décharnées, des malheureux déguenillés qui n’avaient pas besoin d’autre éloquence : leur aspect annonçait le malheur dont ils sont accablés.

Voilà tout ce qu’on rencontre de la magnificence française jusqu’à Fontainebleau[14].

Elle est très sensible à l’atmosphère de lieux qu’un visible souci de composition lui permet de présenter en contraste, dans la même lettre ou d’une lettre à une autre. Les « précipices affreux » et autres « rochers épouvantables » qui séparent la Bohême de la Saxe, la traversée des Alpes donnent lieu à la description de loci horribiles et, à une époque où la montagne fait peur, l’intensité des termes choisis pour les notations visuelles et auditives crée un univers de démesure hostile et inquiétant :

La route depuis Turin jusqu’à Novalaise a été fort belle pendant le premier jour ; le pays, planté admirablement, réunit les beautés de l’art et de la nature. Mais le lendemain, nous commençâmes à gravir le Mont-Cenis, […].

L’aspect imposant de ces montagnes couvertes d’une neige éternelle, de ces nuages suspendus au-dessous de nous, de ces immenses cascades tombant du haut des rocs avec fracas était bien fait pour m’intéresser si j’eusse moins souffert du froid qui règne dans ces hauts lieux. Les brouillards considérables que nous eûmes continuellement perçaient les épaisses fourrures dont j’étais enveloppée, et j’étais à moitié morte de froid avant que d’arriver au bas de la montagne ; nous n’y sommes parvenus qu’au bout de deux heures, et dans l’obscurité. À cette altitude, il y a un vaste plateau où est un grand lac. La descente en est si escarpée et si glissante qu’il est surprenant que les porteurs y marchent d’un pied aussi ferme […][15].

Plus d’un an auparavant, elle avait dépeint comme un locus amœnus sa villégiature d’été à une vingtaine de kilomètres au nord de Constantinople :

Les chaleurs de Constantinople m’ont conduite dans un lieu qui répond parfaitement à la description qu’on nous fait des champs Élysées. Je suis au milieu d’un bois dont la plus grande partie est plantée en arbres fruitiers ; il est arrosé par une quantité de sources célèbres par la salubrité de leurs eaux, et partagé en diverses allées à l’ombre desquelles croît une herbe aussi courte, aussi touffue que si l’art avait aidé la nature ; cependant, on m’assure que celle-ci en a fait tous les frais ; la vue s’étend sur la mer Noire. Sa proximité nous procure la délicieuse fraîcheur d’une brise continuelle ; […].

Ce village n’est habité que par les plus riches chrétiens. On se réunit tous les soirs auprès d’une fontaine à quarante pas de ma maison ; on y chante et l’on y danse. Les femmes y sont mises à merveille : elles rappellent absolument l’idée qu’on nous donne des anciennes nymphes ; elles sont telles que nous les représentent les peintres et les poètes[16].

Le plus souvent favorable, le jugement porté sur les Turcs et sur leur civilisation peut devenir dépréciatif. La défaite des premiers confrontés aux Autrichiens suscita dans la population un très profond mépris pour les janissaires qui avaient fui lâchement en esquivant le combat, sans avoir « le courage ni le pouvoir de se préserver des insultes de la multitude », comme l’écrit à Alexander Pope lady Montagu qui ajoute :

Voilà de belles choses que je vous mande en réponse à une lettre aussi aimable que la vôtre ! Vous m’avez parlé d’une manière si touchante de tout ce qu’il y a de plus agréable parmi les hommes de lettres et les gens de goût, des moments délicieux que vous passez à l’ombre des bois dans leur charmante société ! Et moi je vous offre le barbare spectacle des Turcs et des Allemands s’égorgeant les uns les autres ! Mais voilà tout ce que vous pouvez attendre d’un pays comme celui-ci. Les Muses fuient loin de lui, les beaux-arts semblent en être à jamais bannis. Vous verriez ses habitants, dans l’intérieur de leurs maisons, mettre tout leur bonheur à languir au sein de la plus voluptueuse indolence, tandis que sur le théâtre des grandeurs règnent l’indécision, le soupçon, la terreur ! […] Les amusements de l’esprit, les conversations intéressantes d’une société choisie sont des délassements absolument inconnus aux Turcs. Il me semble cependant qu’ils en seraient susceptibles si les principes abjects du gouvernement n’étouffaient leur génie, ne ralentissaient leur curiosité et ne détruisaient mille goûts différents qui font le charme de la vie[17].

On voit qu’elle ne se départit pas du préjugé bien ancré en Europe selon lequel les Turcs s’étiolent dans « la plus voluptueuse indolence » sans jouir pour autant des divers charmes de la vie, situation dont elle fait porter toute la responsabilité à un système de gouvernement despotique ‒ et cependant bien fragile ‒, où la contrepartie de la soumission absolue du peuple au pouvoir est une cruauté qui ne connaît pas de freins :

[…] quand un ministre déplaît au peuple, en trois heures de temps il est arraché aux bras même de son maître ; on lui coupe les mains, la tête et les pieds ; on les place à la porte du sérail avec tout le respect possible. Pendant ce temps le Sultan, auquel on prodigue les salutations et les adorations, reste tout tremblant dans son appartement et n’ose ni défendre, ni venger son favori. Voilà quel est l’heureux état du plus absolu monarque de la terre, qui ne reconnaît d’autre loi que sa volonté[18].

Les lettres insistent sur la cruauté de la soldatesque qui persécute et rançonne en permanence les Serbes des campagnes, au point que ceux-ci ont quitté leurs terres et vivent dans le dénuement :

Les malheureux qui ont fourni vingt chariots pour transporter nos bagages de Belgrade ici [Andrinople], moyennant un prix convenu ont été renvoyés tous sans paiement. Quelques-uns de leurs chevaux sont estropiés, d’autres sont morts ; ils n’ont pu obtenir aucune indemnité. Ces pauvres gens environnaient notre maison en pleurant et en s’arrachant les cheveux et la barbe de la manière la plus digne de pitié, sans y gagner autre chose que des coups de bâton de la part d’une soldatesque impitoyable. […], j’aurais voulu les payer de ma poche et leur donner ma bourse de tout cœur, mais ç’aurait été en faire présent à l’agha qui n’aurait pas manqué de s’en emparer sans pudeur ni remords[19].

Les janissaires sont loin cependant de représenter tout le peuple turc, et lady Montagu s’inscrit en faux contre la réputation de cruauté de celui-ci. Même si un mari peut tuer impunément sa femme infidèle, les grands sont capables d’actions généreuses, en témoigne l’histoire longuement développée d’une chrétienne qui a épousé librement un Turc.

En revanche, le sort des femmes, beaucoup plus libres, malgré leur servitude et leur crainte constante d’être découvertes, que les Anglaises et que quelques écrivains l’ont fait croire, paraît très enviable à la voyageuse. En effet, l’obligation qu’elles ont, quel que soit leur rang, de ne sortir que couverte de deux mousselines dont l’une recouvre totalement leur non moins obligatoire féredjé rend totalement impossible non seulement de distinguer les classes sociales mais toute identification, au mari même, et les autorise à mener sans trop de risques leurs intrigues amoureuses au cours desquelles les femmes ne confient jamais leur identité à leurs amants. Lady Montagu minimise la possibilité pour un mari d’avoir quatre femmes : « Il n’y a point d’exemple qu’un homme un peu considérable use de cette faculté, ni qu’une femme d’un certain rang l’ait souffert ». Cela n’empêche nullement un mari lassé de sa femme de voir secrètement une maîtresse « dans une maison séparée », comme cela se pratique en Europe, ce qui amène au constat que « les mœurs des différents peuples ne sont pas tout à fait aussi opposés que nos faiseurs de relations voudraient nous le persuader ». De plus, même le Coran réserve une place aux femmes, dans un paradis à part il est vrai.

Bien qu’elle se montre ouverte à l’inhabituel, en l’occurrence au métissage omniprésent à Péra, la voyageuse reprend à son compte sans nuances des caricatures bien ancrées sur les divers peuples européens :

Les faubourgs de Péra, Jophana [sic] et Galata sont des collections d’étrangers de tous les pays de l’univers. Ils se sont si souvent entre-mariés que cela forme des races les plus bizarres du monde. […]. On voit fort souvent une personne dont le père est né grec, la mère italienne, le grand-père français, la grand-mère arménienne, et les ancêtres anglais, russiens, asiatiques, etc. […].

On remarque quelquefois dans le même animal la fausseté grecque, la méfiance italienne, l’arrogance espagnole, le caquet français ; et tout d’un coup il lui vient des accès d’un sérieux anglais, tirant un peu sur l’hébété, que plusieurs d’entre nous ont hérité de la stupidité de nos ancêtres saxons[20].

Cependant elle n’hésitera pas, suivant en cela l’usage largement répandu chez les Turcs, à faire vacciner son fils contre la variole et à s’efforcer d’introduire à son retour cette pratique en Angleterre, tentatives demeurées vaines en raison de l’hostilité farouche et de l’ignorance des médecins conservateurs et des clercs.

Étonnamment, la confrontation de deux civilisations sur un grand nombre de points conduit lady Montagu à un bilan désabusé sur « l’amer savoir » qu’elle a tiré de son voyage :

Après avoir vu une partie de l’Asie et de l’Afrique, après avoir fait presque le tour de l’Europe, je me crois moins heureuse qu’un honnête Anglais qui, fixé dans les champs dont il est propriétaire, préfère sa bière de mars aux vins les plus délicieux de la Grèce ; qui trouve dans ses pommes plus de beauté, plus de goût que dans tous les fruits de l’Afrique ; qui regarde une pièce de bœuf comme bien plus succulente que les becfigues de l’Italie ; et qui enfin est très convaincu que hors de la vieille Angleterre il n’est pas possible de jouir parfaitement de la vie. Je prie Dieu de me faire penser ainsi tout le reste de la mienne, […] de me faire oublier le beau soleil de Constantinople[21].

On doute de la sincérité de l’affirmation selon laquelle la voyageuse « ambitionne la douce paix de l’âme que possède une bonne grosse laitière, dont aucun doute ne trouble la croyance » et à qui sont inconnues « les vaines questions des écoles », destinées à demeurer sans réponse. En effet, une vingtaine d’années plus tard, une passion violente, qu’elle finit par découvrir non partagée, lui fit à nouveau quitter, pour l’Italie, la Suisse et la France, l’Angleterre où elle ne rentra qu’au bout de vingt-deux ans.

Jugements esthétiques

À ses correspondants, la voyageuse fait souvent part de ses appréciations sur les villes et leurs monuments, et bien souvent sur les hommes et plus encore sur les femmes et sur leurs mœurs.

De Rotterdam, elle retient l’absence de mendiants, de prostituées et « du spectacle dégoûtant de ces estropiés si communs à Londres », la propreté des rues et « des jeunes filles de boutique » et des « simples servantes ». Paris l’emporte sans conteste sur Londres « par la propreté de son pavé, par la manière dont il est éclairé pendant la nuit, par l’alignement de ses rues, par ses maisons toutes bâties en pierre, dont un grand nombre sont de fort beaux hôtels embellis par des jardins »[22]. En revanche, à Fontainebleau, si elle se montre insensible à la décoration des appartements de la famille royale et n’a rien vu « en architecture et en peinture qui mérite d’être cité » et si elle déplore que les peintures des murs de la grande galerie dans le goût du temps où elles ont été faites aient de ce fait « perdu de leur prix », elle admire sans réserve le parc et « ses belles eaux ». Elle préfère Trianon dans sa petitesse, « Marly bien plus encore, et Saint-Cloud plus que tous les autres » à Versailles où elle a été « bien mécontente des tableaux de Lebrun [sic], dont le brillant pinceau s’est abaissé jusqu’à une adulation révoltante dans la galerie ». Malgré « les grandes irrégularités » et le « défaut des proportions » dans l’architecture, les palais et jardins du monarque lui plaisent non moins que les statues, tableaux et autres décorations. La voyageuse juge les Tuileries plus belles que le Mail et le Cours plus agréable que Hyde Park. Mais elle critique sans réserve la statue de Louis XIV à Lyon, qui lui semble représenter sous la figure d’un roi « l’ignorance, le mauvais goût et la vanité ».

Le « joli coup d’œil » qu’offrent les boutiques bien alignées et symétriques de la foire Saint-Laurent est gâché par la saleté des salles de spectacle, par la grossièreté d’Arlequin. D’après lady Montagu, la musique de l’opéra français rebute qui a entendu l’opéra italien, mais les tragédiens anglais ne sont au plus que des déclamateurs à côté des tragédiens français qui semblent éprouver réellement les sentiments du personnage qu’ils incarnent.

On a déjà vu que la prude Anglaise, qui refuse de se déshabiller lorsqu’elle est aux bains, est particulièrement sensible à la beauté féminine chez les Turques où elle est beaucoup plus courante qu’en Angleterre, en raison de grands yeux noirs et du plus beau teint du monde. Ses enthousiasmes occupent une grande place dans ses lettres. Ainsi, Fatima, femme de kahya, lui a-t-elle paru d’une beauté parfaite et sans égale tant en Allemagne qu’en Angleterre (les deux seuls pays qu’elle connaisse alors), qui la fait revenir du préjugé que la beauté parfaite manque d’agrément :

Je ne pouvais me lasser de la regarder. Toutes les formes de son corps sont si bien proportionnées ! C’est une régularité si étonnante dans tous ses traits ! Un si grand charme résulte de l’ensemble ! Un teint si beau, si frais, qu’aucun artifice n’avait altéré ! Un sourire enchanteur et divin ! Et quels yeux ! Grands et noirs, mais aussi doux, aussi tendres que s’ils étaient bleus. Chaque mouvement de son visage découvrait un nouvel agrément.

[…] ; ajoutez à tout cela des manières pleines de grâce et de douceur, un air de majesté dans ses moindres mouvements, sans aucune apparence de gêne ou d’affectation.

Suit la description détaillée et toujours fascinée de son vêtement au point de sembler contenir « bien de l’extravagance », ce qui introduit ce commentaire :

Les écrivains les plus graves se sont exprimés avec enthousiasme sur des tableaux, sur des statues célèbres. Les ouvrages de la nature ne l’emportent-ils pas sur nos faibles imitations et n’ont-ils pas plus de droits à nos hommages ? Je sais bien que je ne rougirai jamais de l’extrême plaisir que m’a procuré la vue de la belle Fatima, et j’en ai eu beaucoup plus à la contempler qu’à examiner le plus rare morceau de sculpture[23].

À l’inverse, toutes les beautés françaises lui semblent « de dégoûtantes créatures » :

Leur parure est si capricieusement ridicule ! Leur fard est si affreux, si contraire à la nature ! Leurs cheveux, coupés court, tout bouclés autour de leurs visages, sont poudrés si excessivement qu’on croirait qu’elles portent des perruques de laine. Leurs joues, jusqu’au bas du menton, sont horriblement masquées d’un rouge aussi vif que celui du Japon ; elles ont l’air d’être tout en feu. Je vous assure que je ne leur trouve pas figure humaine[24].

Il va alors de soi qu’elles ne supportent pas la comparaison avec le naturel des « jolies compatriotes » de l’épistolière.

Après avoir été très favorablement impressionnée, à Constantinople, par la noble allure du sultan et de sa suite, la sérieuse Anglaise se fait mal à « l’air frivole et léger des fantômes aériens qui voltigent autour d[’elle] » à Paris ; elle les compare à des marionnettes qui ne prennent rien au sérieux. Tout leur est « étonnant », selon le mot à la mode, à commencer par les objets les plus futiles. Ayant bien conscience que son séjour à Paris est trop court pour qu’elle se « forme une idée juste des mœurs et du caractère des Français », lady Montagu juge néanmoins « qu’il ne faut pas creuser longtemps ce qui n’a point de profondeur »[25].

C’est sur cette appréciation très mitigée et superficielle de la France et des Français évoqués sur le vif que s’achève le recueil, dont les limites de ce qui précède sont loin de rendre toute la richesse. À qui souhaiterait mieux connaître la personnalité de lady Montagu et les conditions de vie dans les pays qu’elle a traversés, nous ne saurions que recommander la lecture de ces Lettres choisies où se fait entendre une voix authentique avec, certes, ses préjugés et ceux de sa caste, mais aussi avec ses multiples curiosités nourries par sa culture et témoignant d’une largeur de vue certaine. La mise en relation de son texte avec celui de devanciers d’un même niveau social, tel Ogier Ghiselain de Busbecq, diplomate et auteur lui aussi de Lettres turques, permet de mesurer la diversité et la singularité de la correspondance de la voyageuse.

Geneviève Le Motheux

Quatrième de couverture

À l'été 1716, Lady Mary Wortley Montagu, âgée de vingt-sept ans, quitte l'Angleterre pour suivre jusqu'à Constantinople son époux investi d'une mission de négociateur entre l'Autriche et la Turquie. Piquante observatrice des mœurs ottomanes, l'épistolière fait le surprenant éloge du harem et du voile comme gages de bonheur et de liberté pour les femmes. Mais la présente sélection s'attache en outre aux étapes de la voyageuse à travers l'Europe pour rapporter sa découverte de la cour de Vienne et du Paris de la Régence grouillant de créatures ridicules.

Traduit de l'anglais par Pierre Hubert Anson

Préface de : Françoise Lapeyre

Notes de pied de page

  1. ^ À Lyon, Mary Montagu reproduit en latin les Tables claudiennes qui reprennent le discours prononcé en 48 par l’empereur Claude devant les sénateurs romains en faveur d’une meilleure intégration des Gaulois dans l’Empire, et gravé sur deux tables de bronze placées des deux côtés de la porte de l’hôtel de ville. Elle a vu également les restes d’un aqueduc romain et les ruines d’« un palais impérial où Claude est né, où Sévère à habité », p. 218-219.
  2. ^ C’est à l’occasion de la publication toute récente [article écrit en juin 2012] de ce choix de lettres dans la « Petite Bibliothèque Payot » que nous rendons compte de l’ouvrage.
  3. ^ « Pierre Hubert Anson (1744-1810) fut député du Tiers État, économiste auprès de l’Assemblée constituante en 1789 puis régisseur général des Postes, initiateur des premières soupes populaires, auteur dramatique et traducteur du poète grec Anacréon », p. 10.
  4. ^ Letters of the Right Honourable Lady M--y W---y M----e, during her Travels in Europe, Asia and Africa, To Persons of Distinction, Men of Letters &c. in different Parts of Europe. Which contain, ... Accounts of the Policy and Manners of the Turks, Drawn from Sources that have been inaccessible to other Travellers, Londres, 1763, dites le plus souvent “Turkish Letters”.
  5. ^ La présentation de Françoise Lapeyre, éditrice du volume, nous apprend qu’Antonio Conti, physicien et philosophe italien, arrivé en Angleterre en 1715, est proche de George 1er , p. 16-17. Certaines correspondantes n’ont pas été identifiées. Nous ajoutons qu’Alexander Pope (21 mai 1688-30 mai 1744) est généralement considéré comme le plus grand poète anglais du début du XVIIIe siècle. On lui doit des poèmes satiriques, le plus connu étant The Dunciad (La Dunciade) et une traduction d’Homère. Catholique et à ce titre exclu de la vie mondaine londonienne, il se montra en accord avec les règles sociales et les idées esthétiques de son époque et fit preuve d’un scepticisme narquois, doublé de tolérance.
  6. ^ À la comtesse de ***, Péra, mai 1718, p. 203-204.
  7. ^ À lady Mar, Péra, 10 mars 1718, p. 194.
  8. ^ À Lady ***, 17 juin 1717, p. 164. Nous soulignons. On peut par ailleurs contester le bien-fondé de l’argument selon lequel le peuple ne saurait avoir une vision générale et juste de la société : en quoi les Turcs « un peu importants », qui ne se fréquentent qu’entre eux, auraient-ils nécessairement une vision plus exacte « des mœurs de tout un peuple » ? On a déjà pu lire la contestation du témoignage des simples voyageurs par Mary Montagu notamment dans une lettre du 1er avril 1717, d’Andrinople, à l’abbé Conti, quasiment dans les mêmes termes : « Il est certain que jusqu’ici nous n’avons eu que des descriptions très incomplètes des mœurs et de la religion des Turcs ; cette partie du globe a été souvent parcourue, mais par des marchands qui ne pensaient guère qu’aux affaires de leur commerce, ou par des voyageurs qui n’y séjournaient pas assez pour pouvoir raconter quelque chose de fort exact sur le peu qu’ils avaient vu par eux-mêmes. Les Turcs sont trop fiers pour converser familièrement avec des marchands, et ceux-ci ne peuvent pas plus rapporter de vraies lumières de leurs voyages que des Français réfugiés, logés dans un grenier de la rue des Grecs à Londres, ne peuvent écrire sur ce qui se passe à la cour d’Angleterre », p. 109.
  9. ^ Id., p. 205.
  10. ^ P. 99-100. Contre l’usage, c’est en hiver que les Montagu se sont mis en routepour Constantinople, d’où les multiples difficultés auxquelles ils ont été confrontés durant leur trajet.
  11. ^ Lettre déjà citée à l’abbé Conti, p. 112.
  12. ^ P. 114-115.
  13. ^ À la comtesse de ***, Péra, mai 1718, p. 206-207. Cette description témoigne du regard de peintre que lady Montagu porte le plus souvent sur les êtres et les paysages.
  14. ^ À lady Rich, Paris, 10 octobre 1718, p. 221-222.
  15. ^ À Anne Thistlethwayte, Lyon, le 25 septembre 1718, p. 216.
  16. ^ À Alexander Pope, Belgrat, 17 juin 1717, p. 159-160.
  17. ^ De Péra, 1er septembre 1717, p. 170-171.
  18. ^ À lady Bristol, Andrinople, 1er avril 1717, p. 120-121.
  19. ^ À la princesse de Galles, 1er avril 1717, p. 101.
  20. ^ Lettre à l’abbé Conti écrite en français, Péra, février 1718, p. 181-182. Ce brassage fait de Péra une véritable tour de Babel où, à tout âge, la même personne peut s’exprimer « dans cinq ou six langages au même instant ».
  21. ^ À l’abbé Conti, Douvres, 31 octobre 1718.
  22. ^ À Anne Thistlethwayte, Paris, 16 octobre 1718, p. 229.
  23. ^ À lady Mar, Andrinople, 18 avril 1717, p. 143-144.
  24. ^ À lady Rich, Paris, 10 octobre 1718, p. 224.
  25. ^ À Alexander Pope, Paris, octobre 1718, p. 230.