Fiction et formalisation de l’expérience de captivité. L’exemple des "retours d’Alger", (1575-1642)

Conférencier / conférencière

On connaît le problème soulevé par l’indépendance des sources documentaires qui ont longtemps servi d’appui à l’étude des fictions barbaresques de Cervantès : chacun de ces textes a pu faire miroiter au lecteur une facette de l’histoire d’une captivité exemplaire, construite pendant près de quarante ans (1578-1616) sur l’emplacement d’une expérience impossible à raconter d’une seule voix : celle de l’esclavage en pays musulman. Le cas de Cervantès, s’il est célèbre, n’est pas isolé : des «retours d’Alger» rédigés vers la fin du XVIe siècle jusqu’au récit d’Emmanuel d’Aranda, publié en 1656, le modèle exemplaire sur lequel se raconte l’expérience de la captivité change profondément. Dans cette évolution, la place tenue par les stratégies de déguisement, de fraude, de dissimulation qui forment un élément tout à fait essentiel de l’expérience de l’esclavage, mais qui sont également le matériau de prédilection du théâtre et du roman baroques a sans doute été déterminante. De la fraude à la burla, du mensonge à la fiction, on voudrait montrer ici le rôle qu’a pu jouer cette confrontation entre le témoignage « véridique » et ses représentations littéraires dans l’histoire de la codification textuelle de l’expérience.

Référencé dans la conférence : Captifs en Méditerranée (XVIe-XVIIIe siècles)
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