Itinéraire
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Type
voyage diplomatique, d’histoire naturelle et de mœurs, fait en bateau, à cheval, sur le dos de mulet, en voiture et en tanka
Esthétique
«Je désire de toute mon âme que ceux qui s’aventurent dans de lointains voyages portent en eux le saint enthousiasme dont j’étais possédé au départ, et qui ne m’a jamais abandonné en chemin. Mieux vaut l’exaltation de la pensée qu’un scepticisme indifférent. Les hommes d’un esprit froid, d’une imagination éteinte, n’observeront jamais bien la nature, et quelles que soient d’ailleurs leur aptitude et leur science, ils ne comprendront pas la vie dans ses plus brillantes manifestations. Un vif intérêt, une curiosité avide, incessante, m’ont toujours soutenu pendant mon voyage; et si j’ai parfois interrompu des travaux commencés, c’était parce qu’un irrésistible besoin de réflexion et d’analyse m’obligeait à me reployer momentanément sur moi-même. Je craignais, en voyant trop, et trop vite à mon gré, de ne pas fixer assez profondément dans mon souvenir les scènes dont j’étais témoin, et les lieux qui leur servaient de théâtre»(I/4-5).
«Les voyageurs sérieux doivent compte de toutes leurs impressions à ceux qui, plus tard, doivent suivre leurs traces, afin de les prémunir contre les exagérations de certains enthousiastes possédés d’une monomanie admirative»(I/78-79).
«Il était permis aux premiers voyageurs qui pénétrèrent dans les forêts vierges d’en peindre les mystérieuses grandeurs; mais depuis que l’abbé Prevost, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, en s’enfonçant dans ces sombres solitudes, en ont ouvert l’accès à la littérature contemporaine, cette mine inépuisable de descriptions emphatiques a été interdite aux vulgaires intelligences qui passent dans ces lieux, des boîtes, des filets sous le bras et un marteau à la main. [...] Aussi, quoique j’aie posé le pied sur ce sol merveilleux, je me garderai bien de peindre cet entre-croisement inextricable de cent essences végétales, qui forment, à des hauteurs prodigieuses, des voûtes impénétrables aux rayons du soleil, de décrire cette confusion harmonique de bambous, de lianes et d’arbustes qui s’étreignent, de plantes qui cherchent à s’élever les unes au-dessus des autres, pour prendre leur part d’air et de lumière, et qui meurent, comme ces populations amoncelées et pressées de nos civilisations modernes, au milieu de l’exubérante production qu’elles enfantent!»(I/87).
«Je ne ferai pas le récit détaillé de notre excursion; je craindrais que le lecteur, fatigué de nos pérégrinations à travers les salazes et les plantations, ne nous abandonnât en chemin. On se lasse de certaines descriptions comme on se lasse en voyage d’un paysage monotone; [...]»(I/264).