Voyage autour du monde, executé par ordre du Roi, sur la corvette de Sa Majesté «La Coquille», pendant les années 1822, 1823, 1824 et 1825, sous le ministère et conformément aux instructions de S. E. M. le Marquis de Clermont-Tonnerre, Ministre de la Mari

«Rendre la course des navigateurs moins périlleuse; augmenter le domaine des sciences en offrant aux savants de nouveaux sujets de méditation; porter dans des contrées sauvages les produits de nos arts, les bienfaits de notre civilisation, et cette urbanité tout européenne qui a succédé à l'intolérance et à la soif immodérée des richesses, telle est la noble et glorieuse mission que ces monarques [sc. George III et Louis XVI] ont imposée aux Cook, aux La Pérouse, et tel est l'esprit éminemment philanthropique qui préside encore à l'exécution des voyages de découvertes ordonnés par la sagesse de nos gouvernements»(3).
«Entouré des matériaux de nos collaborateurs, que nous mettrons souvent à contribution, nous raconterons ces faits tels qu'ils se sont présentés, avec toutes les sensations qu'ils nous ont fait éprouver; et s'il nous échappe quelque erreur, elle viendra de nos yeux, de notre imagination et jamais de notre propre volonté. Puisse notre narration, aussi simple que la vérité, conquérir le seul suffrage que nous ambitionnons, celui de nos compagnons de voyage, et des personnes qui, dans le monde, n'aiment et ne recherchent que le vrai!»(4).
«Ces considérations nous ont déterminé, [...], à présenter, [...], le projet d'un voyage de circumnavigation fondé sur les principes dont nous avons parlé plus haut, et dans lequel, [...], l'étude des trois règnes de la nature, le magnétisme, la météorologie, et quelques observations relatives à la détermination de la figure de la terre, devaient être le but essentiel de nos investigations. Quant à la géographie, nous nous proposions de constater ou de rectifier, soit par des observations directes, soit par le transport du temps, la position d'un grand nombre de points dans différentes parties du globe, [...] Le langage, le caractère, les mœurs et la physionomie des insulaires devaient être aussi l'objet d'observations particulières et non moins curieuses. De la comparaison attentive de leurs divers langages surtout, on pourrait conclure s'ils ne sont réellement que les lambeaux épars d'un vaste continent détruit à une époque déterminée par quelque grande convulsion du globe, ou bien si leur existence en colonies isolées remonte à un temps immémorial»(5-6).