Espagne, impressions de voyage et d'art

Espagne, impressions de voyage et d'art
Destination
Forme
À propos
Itinéraire
I.: [France -] Irun - Saint-Sébastien - Pasage - Alsasua - Burgos - Valladolid - Salamanque - Ségovie - Madrid - L’Escurial - Avila - Tolède - Cordoue - Séville - Triana - couvent de San Isidro del Campo - ruines d’Italica - Cadix - Grenade - Aranjuez - Alcalà de Hénares - Guadalajara - Saragosse - Pampelune - Saint-Sébastien [- France]

II.: Toulouse - Carcassonne - Narbonne - Perpignan - Gérone - San Miguel de Fluvia - Hostalrich - Barcelone (exc. à Montserrat, à San Miguel del Fay et ds les environs) - Tarragone - Tortose - Castellon - Sagonte - Valence - Jativa - Mogente - Villena - Sax - La Encina - Alicante - Elché - Murcie - Lorca - Baza - Gor - Guadix - Grenade - Ronda - Algéciras - Gibraltar - Tanger - Palencia - Léon - Astorga - Ponferrada - Monforte de Lemos - La Corogne - Saint-Jacques-de-Compostelle - Padron - Esclavitud - Carril - Redondela - Pontevedra - Vigo - Orense - Oviédo - Santander - Bilbao - Fontarabie [- Irun]
Date
sans date
Type
recueil de deux voyages pittoresques et d’art, faits en train, en tramway, en paquebot et à pied
Esthétique
«Je viens de parcourir l’Espagne de Saint-Sébastien à Cadix et d’Alicante à Saint-Jacques de Compostelle. Partout j’ai vu beaucoup de lumière, beaucoup de couleur, et, j’ajouterai, beaucoup de beauté. Ce sont des joies incomparables. Il est juste de convenir qu’on les achète à leur prix. Un voyage en Espagne, - surtout si l’on s’éloigne tant soit peu des sentiers battus, - n’est point un plaisir de sybarite ou de paresseux, mais une entreprise qui exige de la patience, de l’endurance et le mépris des commodités matérielles. Celui qui, ayant déjà franchi les Pyrénées une fois dans sa vie, se décide à les franchir de nouveau, celui-là, j’ose l’affirmer, aime les voyages. En effet, nos bons voisins les Espagnols ne font rien pour attirer et retenir l’étranger dans leur beau pays, qui, cependant, aurait tant besoin de développer ses transactions avec le reste du monde. Mais les communications sont rares et difficiles, les hôtels offrent à des prix souvent exorbitants un confort médiocre, et dans beaucoup de régions les habitants regardent l’étranger d’un œil hostile. [...] Mais la grande misère de l’Espagne, ce sont ses chemins de fer. Leur organisation est si déplorable qu’il est presque impossible de visiter une localité entre deux trains. [...] Il n’en est pas moins vrai que les amis sincères de l’Espagne, et j’en suis, doivent souhaiter de la voir enfin se hausser au niveau des nations vraiment en progrès. Le progrès est un mot dont actuellement, en Espagne, on vous rebat les oreilles. Mais on s’aperçoit promptement que le progrès tel qu’ils l’entendent là-bas serait d’imiter nos errements anticléricaux et de persécuter les religieux. Ils feraient bien mieux d’entretenir leurs routes et d’améliorer leurs chemins de fer. S’ils tiennent absolument à expulser des gens, qu’il commencent par les mendiants et par les voleurs de grand chemin. [...] La variété des aspects et des races fait du voyage en Espagne un des plus attrayants pour l’observateur et pour l’artiste. L’archéologue y trouvera d’incomparables surprises. Car, au-delà des Pyrénées, aucun cyclone comparable à notre Révolution n’est venu arracher d’un seul coup leurs trésors aux grandes cathédrales. La diversité des races a été pour le pays un grand bienfait. Séparés par d’âpres sierras, les anciens royaumes espagnols ont conservé jusqu’à nos jours leurs anciennes traditions, avec des atavismes distincts. Aussi faut-il se garder de prononcer sur l’Espagne des jugements trop généraux. Il y a des nuances, - qui d’ailleurs échappent presque toujours au passant, - de province à province et presque de village à village. [...] La nature n’offre pas moins d’amusante diversité. Si vous aimez les solitudes évocatrices de belles chevauchées, les montagnes dénudées, les châteaux forts à moitié ruinés qui dressent au-dessus d’un précipice leurs murailles altières et décrépites, les grandes étendues bien poussiéreuses, bien hérissées de pierres, bien avides, bien farouches, bien épiques, les Castilles, Léon, l’Aragon sont là qui vous combleront d’aise. Si vous préférez le sourire et la joie, beaucoup de fleurs et de fruits, poursuivez votre route jusqu’en Andalousie, où les gens, comme les cigales, chantent, au cliquetis des castagnettes, au murmure caresseur de la mandoline; [...] Qu’on ne nous prête pas d’ailleurs la naïve pensée d’avoir découvert la Galice, ni une province quelconque de l’Espagne. D’autres que nous en ont parlé en excellents termes. Mais les soleils se succèdent dans des ciels d’une variété infinie, et le paysage revêt des physionomies successives; la vie marche, modifiant l’apparence des cités et des sites. Et ainsi l’esquisse que nous avons tentée diffère, par la force des choses, de celles qui l’ont précédée et qui suivront. C’est cette conviction qui nous a encouragé dans notre travail, et qui, nous l’espérons, nous justifiera aux yeux du public»(5-10).
«Moi seul, dans la joie universelle, j’éprouve une mélancolie invincible. Car l’heure approche où je vais quitter l’Espagne. Et voici qu’elle s’est montrée à moi une dernière fois dans toute sa beauté, avec ces deux qualités, qui rachètent tant de faiblesses et qui lui rendront un jour sa place parmi les plus grandes nations, je veux dire son héroïsme et sa foi. Je m’aperçois, au moment de le quitter, que ce pays, qui ne fait rien pour attirer l’étranger, arrive cependant à se l’attacher par je ne sais quel mystérieux sortilège. Et je ne puis, pour ma part, m’en séparer sans regrets. J’ai oublié les petites misères. Mais je revois l’Alhambra, les champs d’orangers, les palmiers d’Elché, les beaux jardins de l’Alcazar de Séville, et Compostelle, la ville de granit, et Salamanque, la ville rose. Pour différer encore le moment où il me faudra quitter ce territoire, pour toujours peut-être, j’ai pris la route d’Irun, - ville d’ailleurs moderne et banale. Longtemps encore la rumeur joyeuse est venue jusqu’à moi. Le jour mourait dans une poussière vermeille. Une cloche a tinté. C’était le dernier adieu de l’Espagne. Et j’ai quitté, le cœur lourd de regrets, le pays de la sérénade et du rêve, de la poussière et du soleil»(263).
Références bibliographiques
Lieu
Tours
Année
1907
Editeur
A. Mame & fils
Nombre d'exemplaires
270 p.
Format
gr. in-4
Annexes
fig., pl.