Cinq jours à Dresde (juillet 1865)

«Le chant choral est, en Allemagne, une véritable institution nationale. La musique, qui est une distraction pour nous, est un devoir pour les Allemands; ils ont le culte du chœur pour voix d'hommes, et ils savent réserver aux Fêtes de chanteurs l'éclat le plus brillant et l'enthousiasme le mieux senti. Déjà de grandes réunions chorales avaient eu lieu dans les principales villes de la Confédération; les Sociétés musicales d'un même dictrict avaient organisé d'immenses concerts où, toutes ensemble, elles chantaient des chœurs appris pour la circonstance; puis ces dictricts s'étaient formés en association et l'on avait imaginé des fêtes, où l'on rassemblait les associations de chanteurs (sangerbundes) pour une colossale exécution musicale. [...] La ville de Dresde fut désignée pour être le théâtre de cette grande manifestation artistique. Cette gracieuse et noble cité, harmonieusement couchée sur les bords de l'Elbe, était bien faite pour faire ressortir le grandiose d'une telle fête. De plus, l'espace réservé aux rues, places et boulevards de cette grande ville, la beauté des jardins qui la traversent et l'entourent, et surtout l'aménité proverbiale de ses habitants, tout enfin promettait aux chanteurs allemands une hospitalité dont le souvenir ne devait pas s'effacer. [...] La Caecilia (Cercle choral allemand de Lyon) résolut d'y envoyer une députation, la plupart de ses membres ne pouvant s'absenter, et, le 19 juillet, les membres de la députation lyonnaise partaient pour Dresde en passant par la Suisse»(Charles Méra/5-8).