Huguenotismes de Jean de Léry : du bon usage des piques anticatholiques dans l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil

L’Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil de Jean de Léry est publiée pour la première fois à Genève en 1578, au cœur des guerres de Religion, deux décennies après le séjour de son auteur au Brésil – « dixhuit ans passez », dit la préface, mais vingt ans si l’on tient compte de la date de publication du livre[1]. J’envisagerai ici un point secondaire en apparence, la polémique anticatholique que l’ouvrage contient – fugacement, dira-t-on, mais de matière répétitive et insistante, de la préface à l’épilogue, à la manière d’une idée fixe[2].

“Huguenotismes” en bonne et due forme

Une chose ne manque pas de frapper le lecteur d’aujourd’hui : les piques souvent méprisantes, et à tout le moins désinvoltes, qui touchent les différents aspects de la religion catholique. Jean de Léry est un pasteur calviniste dûment hostile au catholicisme et à toutes les formes plus ou moins spectaculaires de la religion traditionnelle et majoritaire en France. La religion, pour lui, n’est pas neutre. Il y a indiscutablement selon lui une claire ligne de partage entre la bonne et la mauvaise religion, la religion de Dieu et la religion du diable, laquelle caricature la première ou la retourne en dépit du bon sens.

Souvent les attaques contre le catholicisme sont faites en passant, au fil de la plume, comme par négligence, et non sans désinvolture. Ce sont parfois de simples manières de parler, familières et drolatiques. Mais bientôt, comme on verra, ces manières de parler se détériorent en attaques systématiques. À les lire, on perçoit l’emportement du prédicateur, son ton véhément à l’adresse de son auditoire, et son absence totale de précautions à l’égard de l’adversaire qu’il s’agit avant tout de contrer et de condamner. On verra que ces diatribes culminent au chapitre XVI, justement intitulé « Ce qu’on peut appeler religion entre les sauvages Ameriquains : des erreurs, où certains abuseurs qu’ils ont entr’eux, nommez Caraibes les detiennent : et de la grande ignorance de Dieu où ils sont plongez[3] ». En filigrane des Caraïbes ou chamanes, se dégagent d’une telle invective les prêtres catholiques, parfaitement reconnaissables entre tous.

L’expression péjorative « ce qu’on peut appeler religion » est du reste révélatrice. Elle s’applique bien évidemment à la religion – ou plutôt à l’absence de religion – des Indiens Tupinamba, mais conviendrait encore mieux au catholicisme, qui, aux yeux de Léry, est à peine une religion, une religion frauduleuse, non pas la religion du vrai Dieu, mais celle du diable.

À ces attaques incidentes, on propose de donner le nom de « huguenotismes », manières de dire qui procèdent, sinon d’automatismes de pensée ou d’expression, du moins de tours particuliers aux huguenots. Ces tours, que l’on n’est guère étonné de rencontrer chez Jean de Léry, pasteur de son état, permettent aux protestants de se distinguer des autres, qui sont l’immense majorité des Français, et de s’opposer à eux nettement. Ces expressions typiques, formules ironiques ou termes méprisants, souvent puisées dans la Bible et tout particulièrement dans l’Ancien Testament, relèvent de ce que la reine mère Catherine de Médicis appelait plaisamment « la langue de Canaan », familière aux pasteurs et à leurs ouailles réformées[4].

Une Préface polémique

Ces huguenotismes, nombreux dans une Préface délibérément polémique, prennent d’abord pour cible le cosmographe André Thevet, véritable tête-de-Turc de Léry[5]. Il se trouve que Thevet a calomnié les protestants du Brésil, qu’il n’a jamais rencontrés ni même vus de loin. En fait, comme le montre Léry, Thevet n’a que fort peu séjourné au Brésil, dix semaines à peine. Il est revenu par le bateau qui l’a amené, ce qui ne l’a pas empêché de publier à son retour Les Singularités de la France Antarctique, ouvrage imprimé fin 1557, consacré au Brésil de Villegagnon et secondairement au Canada de Jacques Cartier et de Roberval[6]. Cet ouvrage est amplifié ensuite dans un livre entier de la Cosmographie universelle, éditée en 1575, in-folio décrivant en deux volumes, quatre tomes et vingt-trois livres la totalité du monde connu. En vérité, Thevet avait à se dédouaner d’avoir été lui-même tenté par la Réforme, au temps de sa folle jeunesse. D’où ses violentes attaques contre les « Ministres de la Religion nouvelle », dans l’un des passages de la Cosmographie universelle que Léry cite dans sa préface[7].

Or il se trouve que Thevet a longtemps été moine, placé malgré lui à l’âge de dix ans au couvent des cordeliers d’Angoulême, sa ville natale. Même s’il a été plus tard relevé de ses vœux à sa demande et en vertu d’une mesure d’exonie, Léry le considère toujours comme un clerc dûment patenté[8]. Léry a peut-être vu aussi le portrait de Thevet en moine cordelier tonsuré, tel qu’il figure à la toute dernière page de la Cosmographie de Levant, son premier ouvrage publié à son retour de Terre sainte en 1554[9]. Trois ans plus tard, Les Singularités de la France Antarctique portent au titre la mention « par F.[rère] André Thevet, natif d’Angoulesme ». D’où les « huguenotismes » que Léry éparpille au fil de sa réfutation de Thevet.

Le livre des Singularités de Thevet « est singulièrement farci de mensonges », écrit Léry, qui ne se prive pas, en l’occurrence, d’une allusion plaisante sur le titre du livre[10]. Il joue sur les mots. Plus loin, après l’avoir cité à deux reprises de manière étendue, Léry ironise sur « ce bon Catholique Romain, selon la reigle de sainct François, dont il est », et donne pour preuve de son vœu de pauvreté, en le citant, d’avoir « mesprisé les richesses cachées dans les entrailles de la terre du Bresil », et pour miracle « la conversion des Sauvages Ameriquains habitans en icelle », desquels « il vouloit gagner les ames, si les Ministres ne l’en eussent empesché ». En conséquence, par la faute desdits ministres ou pasteurs, il est en grand danger « de n’estre pas mis au Calendrier du Pape pour estre canonisé et reclamé apres sa mort comme monsieur saint Thevet[11]. »

De fait, Thevet avait « envie de pousser et mentir ainsi Cosmographiquement, c’est à dire, à tout le monde[12] ». Pour le démentir, Léry donne au lecteur copie d’une « lettre de Villegagnon envoyée de l’Amerique à Calvin » le 31 mars 1557, et dans laquelle le français parfois très familier – il y est question des « putains indigènes » qui se donnent aux truchements – est émaillé de passages en « langue de Canaan[13] ».

Léry réfute ensuite les autres mensonges de Thevet, concernant en particulier la durée fort exagérée de son séjour au Brésil. Il met en relief ses contradictions, jusqu’à en arriver à ce savoureux huguenotisme : « Somme, quoy qu’il ne soit pas d’accord avec soy-mesme, tant y a qu’à voir les censures, refutations et corrections qu’il fait és œuvres d’autruy, on diroit que tous ont esté nourris dans des bouteilles, et qu’il n’y a que le seul Thevet qui ait tout veu par le trou de son chaperon de Cordelier[14] ». Le trou circulaire de sa capuche de moine est bien fait pour appréhender la totalité sphérique et globale du monde, selon ses prétentions de cosmographe universel !

Dans la foulée, Léry rappelle les attaques nourries dont Thevet a accablé Belleforest, son ancien associé à présent révolté contre lui. Et de dévider les insultes qui émaillent sa Cosmographie universelle : « Pauvre Philosophe, pauvre Tragique, pauvre Comingeois[15] ». Cette avalanche de récriminations de Thevet à l’encontre de Belleforest aboutit à un nouvel huguenotisme, fortement teinté d’ironie : comment Léry lui-même a-t-il pu oser « toucher un tel Collosse ? » Ou plutôt, pour en revenir à la Bible, Léry file le parallèle avec David et Goliath : « Tellement que m’estant advis que, comme un Goliath me maudissant par ses dieux, je le voye desjà monter sur ses ergots, je ne doute point, quand il verra que je luy ay un peu icy descouvert sa mercerie, que baaillant pour m’engloutir, mesme employant les Canons du Pape, il ne fulmine à l’encontre de moy et de mon petit labeur ».

Ces canons du Pape sont des canons qui tirent des boulets ou plutôt des bulles papales, canons qui font écho au droit canonique, et tirent sans répit, jusqu’à en être fêlés et renversés. La plaisanterie est topique et récurrente dans la polémique réformée, aussi bien dans les pamphlets que dans les placards satiriques, comme le montre le Renversement de la grand marmite datant de 1561, où  des cardinaux, dont celui de Lorraine, pointent vainement vers le haut ou vers le ciel les canons fêlés du pape. Dans cette gravure, il s’agit de soutenir, à coups de canons, la marmite vacillante du pape, une marmite faite d’une cloche retournée et remplie d’une soupe de bénéfices en tous genres, où surnagent mitres, croix, crosses et parchemins divers, et que soutiennent à toute force les droits canons du pape, déjà fêlés et pour certains brisés[16].

Nouvel huguenotisme à la suite : « Mais quand bien pour me venir combatre il devroit, en vertu de son sainct François le jeune, faire resusciter Quoniambegue avec ses deux pieces d’artillerie sur ses deux espaules toutes nues[17]... ». « Sainct François le jeune » désigne sans doute ici saint François d’Assise, plutôt que saint François de Paule. Le miracle escompté est relatif au chef tupinamba Quoniambec, que Thevet, dans un bois gravé de sa Cosmographie universelle, a représenté nu comme la main, diadème de plumes en tête et roue de plumes sur les fesses, déchargeant deux couleuvrines montées sur ses épaules contre ses ennemis[18].

Nouvelle pique de Léry montrant l’invraisemblance de cette gravure : « Comme d’une façon ridicule, ajoute Léry, (pensant faire accroire que ce sauvage, sans crainte de s’escorcher, ou plustost d’avoir les espaules toutes entieres emportées du reculement des pieces, tiroit en ceste sorte) il l’a ainsi fait peindre en sa Cosmographie[19] ».

Du même coup et d’un même geste, Léry, tout à sa verve destructrice, racle ou rase, on ne sait trop, « ceste superbe VILLE-HENRY, laquelle fantastiquement il nous avoit bastie en l’air, en l’Amerique[20] ». Capitale imaginaire des tropiques aux remparts crénelés où des sentinelles montent la garde, cette Ville-Henry, alias Henry-ville, car Thevet alterne les deux graphies dans ses cartes, n’existe qu’en peinture !

Dernier huguenotisme de cette préface, l’invective contre l’apostat Matthieu de Launay, qui a délaissé Jésus-Christ « la fontaine d’eau vive », pour retourner boire aux « cysternes puantes du Pape, et caymander en sa cuisine[21] ». Rien que cela ! Matthieu de Launay fut une quinzaine d’années pasteur protestant, avant de retourner à l’église catholique et au clergé. Le second pamphlet sorti de ses mains, la Replique chrestienne en forme de commentaire prend à partie ce « bélître » de Léry, avec cette mention entre parenthèses : « j’en parle ainsi pour le bien cognoître », tout en faisant l’éloge de « M. Thevet, le premier de nôtre temps en sa vocation[22] ». Cet éloge est répété deux cents pages plus loin : « M. Thevet, qui est des premiers Cosmographes de nôtre temps[23] ». Léry, cela va sans dire, se moque éperdument de ces compliments bien vagues et bien généraux.

Pour conclure cette polémique liminaire, qui sera encore augmentée en 1585, en réponse aux Vrais Pourtraits et Vies des hommes illustres de Thevet publiés l’année précédente[24], Léry assure aller « aussi hardiment partout la teste levée qu’il sçauroit faire, quelque Cosmographe qu’il soit[25] ».

Éclats anticatholiques

Dans le cours de l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil, les huguenotismes sont moins nombreux, mais disséminés tout au long de l’exposé, concentrés principalement dans le chapitre XVI, consacré à « ce qu’on peut appeler religion entre les sauvages Ameriquains ».

Lors du voyage aller vers le Brésil, au chapitre III de l’Histoire d’un voyage, les marsouins sont comparés aux « encapuchelonnez », et appelés « testes de moines » par les voyageurs. « C’est un plaisir de les ouyr souffler et ronfler », ajoute Léry, « de telle façon que vous diriez proprement que ce sont porcs terrestres[26] ». Des moines encapuchonnés – ou plutôt « encapuchelonnés », comme le veut le fréquentatif –, qui soufflent et ronflent, aux cochons, qui émettent semblable bruit, le glissement est éloquent !

Deux chapitres plus loin, toujours en mer, mais à proximité du Brésil, c’est un festin d’oiseaux qui se laissent prendre à la main, n’ayant jamais aperçu d’hommes. On les tue à coups de bâton et l’on en remplit toute une barque, afin de faire ripaille. Or l’événement a lieu le mercredi des cendres, premier jour du carême, quarante-six jours avant Pâques, ce qui n’empêche pas les matelots d’en manger, y compris « les plus catholiques Romains » d’entre eux[27] ! Léry ne laisse pas passer cette allusion au carême sans une violente sortie contre le pape, « celuy qui contre la doctrine de l’Evangile a defendu certains temps et jours l’usage de la chair – c’est-à-dire de la viande – aux Chrestiens ». Heureux les habitants du Nouveau Monde, où « il n’est nouvelle de pratiquer les loix de telle superstitieuse abstinence »[28]. Et Léry de faire implicitement référence à la vision de l’apôtre Pierre dans les Actes des apôtres, 10, 10-16, quand une nappe descend du ciel vers la terre, où se trouvent « tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel ». La conséquence est que la viande de tous animaux, qu’ils marchent, qu’ils rampent ou qu’ils volent, est permise aux chrétiens. Ce qui contredit l’abstinence alimentaire imposée par la superstition papistique, antithèse de la vraie religion.

Au chapitre VI, relatif à « notre descente au fort de Coligny » et au « recueil que nous y fit Villegagnon, et de ses comportemens, tant au fait de la Religion, qu’autres parties de son gouvernement en ce pays-là », il est longuement question de la controverse au sujet de l’Eucharistie, où la position calviniste est fermement rappelée, contraire au dogme catholique de la transsubstantiation. Les formules de Jésus-Christ : « Ceci est mon corps », « ceci est mon sang », ne peuvent être comprises au sens littéral, mais au sens spirituel. Or, nonobstant l’évidence sémiologique des paroles du Christ, Villegagnon et son comparse Jean Cointa « vouloyent neantmoins non seulement grossierement, plustost que spirituellement, manger la chair de Jesus Christ, mais qui pis estoit, à la maniere des sauvages nommez Ou-ëtacas, ils la vouloyent mascher et avaler toute crue[29] ». Pareils aux plus féroces cannibales, ennemis invétérés des « Toüoupinambaoults nos amis » et incapables de cuire leur viande, les catholiques sont décidément omophages ! Ils prétendent manger crue la chair du Christ, et non pas l’avaler cuite[30] !

La chair revient au chapitre VIII, « Du naturel, force, stature, nudité [….], tant des hommes que des femmes sauvages Bresilliens », où le Tupinamba est décrit en chair et en os – des os tout bonnement plantés dans la chair de ses joues et de ses oreilles ! La tête de moine s’impose pour décrire celle des Tupinamba. Les Indiens Tupinamba sont glabres, à l’exception toutefois des cheveux, « lesquels encore à tous les masles, dès leurs jeunes aages, depuis le sommet et tout le devant de la teste sont tondus fort pres, tout ainsi que la couronne d’un moine, et sur le derriere, à la façon de nos majeurs, et de ceux qui laissent croistre leur perruque on leur rongne sur le col[31] ». Les Indiens sont tonsurés à la manière de moines portant couronne de cheveux, et n’ayant, pour le reste du corps, d’autre robe que leur peau ! Des moines nudistes, en d’autres termes, mais dûment tonsurés.

Les Indiens sont nus, cela va de soi, ce qui ne les empêche pas de se parer de couleurs. C’est ainsi qu’ils se noircissent ordinairement si bien les cuisses et les jambes du jus d’un certain fruit qu’ils nomment Genipat, « que vous jugeriez à les voir un peu de loin de ceste façon, qu’ils ont chaussez des chausses de prestre[32] ». Chausses peintes de prêtres nudistes, tels sont les vêtements paradoxaux des Brésiliens naturistes !

Le défilé de mode se poursuit, faisant revenir le clergé, dans toute sa splendeur ou toute sa dérision, tant l’ironie est patente. La troisième description  d’un sauvage, « soit qu’il demeure en sa couleur naturelle, qu’il soit peinturé, ou emplumassé, revestez-le de ses habillemens, bonnets, et bracelets si industrieusement faits de ces belles et naifves plumes de diverses couleurs, dont je vous ay fay mention, et ainsi accoustré, vous pourrez dire qu’il est en son grand pontificat[33] ». Un pape nu, pourquoi pas, à condition de le parer de plumes multicolores et splendides, tel est le Tupinamba !

Puis vient la nourriture, évoquée au chapitre IX, et tout naturellement l’ivrognerie, avec cette expression brutale et pour le moins anticléricale : « saouls semblablement qu’ils sont comme prestres[34] ». C’est alors, ajoute Léry, « qu’il les fait bon voir rouiller les yeux en la teste[35] ». Triste peinture que celle de ces prêtres ivres aux yeux révulsés !

Après le chapitre X, touchant les animaux terrestres et les nourritures carnées, depuis les tapirs et sangliers jusqu’aux  paresseux et coatis, en passant par les serpents, les jacarés ou crocodiles et autres jaguars, vient le chapitre XI, consacré aux volatiles, depuis les dindons et canes, les aras de diverses couleurs, les toucans et chauves-souris ou vampires, jusqu’aux chiques, teignes et tiques. Pour remédier aux douloureuses piqûres de ces insectes nuisibles, les Américains se servent d’une huile rougeâtre et épaisse, aussi précieuse à leurs yeux que, pour « aucuns par-deçà, ce qu’ils appellent la saincte huile », autrement dit le saint chrême, composé d’huile d’olive et de baume[36]. La pique anticléricale est ici fort légère, à peine suggérée, d’autant que le barbier du navire en rapporte en France dix ou douze grands pots pleins, et autant de graisse humaine, recueillie lors du massacre des prisonniers.

La cinquième édition de 1611 ajoute à ce chapitre XI un ample développement sur le toucan, qui multiplie les huguenotismes en s’inspirant au long du Premier Tome du Tableau des differens de la Religion du protestant néerlandais Marnix de Sainte-Aldegonde. Le fameux bec du toucan, disproportionné au corps de l’oiseau, nous conduit, par homonymie, à l’abbaye du Bec en Normandie, l’actuel Bec-Helloin[37]. D’où cette cascade de huguenotismes : « Mais pour ne point frustrer l’Eglise Cacochisme Romaine des droits et privileges qui lui appartiennent, ce deffendant du Bec et des ongles (comme on dit) contre tous ceux qui lui en veulent, il faut adjouster ici ce que dit le sieur de Saincte Aldegonde [...] touchant les miracles qui ont esté faits par un maistre Bec, qui ne peut estre autre que celui de nostre Toucan[38] ». L’église catholique se dégrade au passage en vieillard(e) cacochyme, et le pape, un peu plus loin, en sinistre volatile, en « grand Papegay de Rome » ou en « quelque autre harpie ou Gryphon cornu[39] ».

Papegai, pape triste, et vogue le bec de toucan, onze ou douze cents ans, « par toute la mer d’Orient et d’Occident », des rivages du Brésil jusqu’en Europe ! Ce bec voyageur, ce bec nomade finit par prendre terre en Normandie, et se planter à l’emplacement précis de l’abbaye ainsi nommée. Conclusion de Léry sur « ce sainct mirelifique Bec qui a été canonisé hors de son pays, où on n’en eut pas fait si grand cas, tant les Bresiliens tiennent-ils peu de conte d’adorer jusques aux Becs d’oyseaux comme les Papistes qui font leur profit de tout pour faire bouillir la marmite[40] ». Retour à la sempiternelle marmite du pape, qu’il importe de faire bouillir, avant qu’elle ne soit brutalement renversée par les antipapistes ! On voit par cette addition de deux longues pages que le déferlement de huguenotismes est incessant, tentation toujours présente chez un Léry septuagénaire qui n’a rien perdu de sa verve satirique.

Les poissons (ch. XII) et les végétaux (ch. XIII) ne sont l’occasion d’aucune pique anticléricale, non plus que les chapitres sur la guerre (XIV) et le cannibalisme (XV), quand bien même ces violences appellent le parallèle avec les massacres de la Saint-Barthélemy, que Léry mentionne au passage, sans en nommer les responsables, connus de tout lecteur protestant. Un euphémisme assez général, « durant la sanglante tragedie qui commença à Paris le  24. d’Aoust 1572. », est complété par cette proposition assez anodine : « dont je n’accuse point ceux qui n’en sont pas cause[41] ». Au lecteur bien informé de lire entre les lignes, ou plutôt sous les lignes !

Imposteurs des deux mondes

Venons-en à la religion, qui constitue le plat de résistance de la satire anticatholique (chapitre XVI). Les faux prophètes que les Amérindiens ont entre eux et qu’ils nomment « Caraïbes », chamanes qui vont et viennent de village en village, « comme les porteurs de Rogatons en la Papauté », déclare Léry[42]. Ces porteurs de rogatons sont en vérité des moines, qui se font payer cher pour les prétendues reliques qu’ils montrent aux fidèles contre argent sonnant. Jean Calvin s’en prend vertement à eux dans son traité Des reliques, lequel commence ainsi : « Saint Augustin, au livre qu’il a intitulé Du labeur des moines, se complaignant d’aucuns porteurs de rogatons qui, déjà de son temps, exerçaient foire vilaine et déshonnête, portant çà et là des reliques de martyrs, ajoute : “voire si ce sont reliques de martyrs”. Par lequel mot il signifie que dès lors il se commettait de l’abus et tromperie, en faisant accroire au simple peuple que des os recueillis çà et là étaient os de saints[43] ».

La comparaison des chamanes avec les adeptes de la prétendue religion papistique est ensuite prolongée un peu plus loin, à propos de « la grande solennité des sauvages », autrement dit leurs fêtes solennelles. « Et ne vous les sçaurois mieux comparer, en l’estat qu’ils estoyent lors, qu’aux sonneurs de campanes de ces caphards, lesquels en abusant le pauvre monde de par deçà, portent de lieu en lieu les chasses de sainct Antoine, de sainct Bernard et autres tels instrumens d’idolatrie[44] ». Les sonneurs de campanes ne sont autres que les sonneurs de cloches, cloches que les protestants déposent et fondent, presque partout où ils prennent le pouvoir[45]. Dans la gravure intitulée Le Renversement de la grand marmite, on a vu que la cloche retournée servait de récipient à la soupe papistique, constituée de bénéfices en tous genres[46]. Les porteurs de rogatons se prolongent à présent chez Léry dans les porteurs de châsses processionnant parmi les fidèles rassemblés.

Troisième occurrence dans ce chapitre d’allusions dépréciatives à la religion catholique, la présentation de nourriture aux “maracas” plantés dans le sol. Or les Français de passage n’hésitent pas à voler cette nourriture et à la manger, « comme nous avons souvent fait », glisse Léry entre parenthèses. Évoquant la réprobation des « Amériquains », c’est-à-dire des sauvages Tupinamba, qui estiment « que cela nous causerait quelque malheur », Léry enchaîne, non sans une certaine violence, par le rapprochement avec les prêtres catholiques, ou plutôt avec « les successeurs des prêtres de Baal », périphrase injurieuse désignant les prêtres[47]. On voit que Léry recourt ici encore à « la langue de Canaan », ce parler biblique dont les réformés sont coutumiers.

Les Américains, écrit-il, n’en étaient « pas moins offensez que sont les supersticieux et successeurs des prestres de Baal, de voir prendre les offrandes qu’on porte à leurs marmosets, desquelles cependant au deshonneur de Dieu, ils se nourrissent grassement et oysivement avec leurs putains et bastards[48] ». La phrase, tablant sur les prêtres de Baal, bien présents dans l’Ancien Testament, et que combattent victorieusement les prophètes d’Israël Élie et Élisée, s’enfle progressivement jusqu’à l’injure finale. C’est grâce aux offrandes que les fidèles font à leurs marmousets, c’est-à-dire à leurs figurines grotesques, que les prêtres peuvent grassement nourrir leurs putains et bâtards, autrement dit leurs concubines et rejetons illégitimes. On ne saurait dire les choses en termes plus tranchés !

L’attaque anticléricale ne s’arrête pas là. Elle rebondit une dizaine de lignes plus loin, avec la mention fatidique du Pape, l’Antéchrist aux yeux des protestants de la Renaissance ! Ce retour de la violence polémique est justifié par la réponse des Américains, aussi superstitieux que tardifs à comprendre ce qu’on leur dit en toutes lettres. Non contents de s’obstiner à dire que les Maracas plantés dans le sol sont insatiables et demandent beaucoup de nourriture, et qu’il est vraiment triste de les en priver, ils persistent à dire que les chamanes font croître leurs fruits et grosses racines. Le parallèle avec le catholicisme s’impose une fois de plus : « cela derechef estoit autant en leur endroit que de parler par deçà contre le Pape, ou de dire à Paris que la chasse de saincte Genevieve ne fait pas pleuvoir »[49]. La châsse de Sainte Geneviève, la patronne de Paris, que l’on promenait en procession lors des périodes de sècheresse, était censée faire pleuvoir et fertiliser les champs autour de la capitale.

D’où la référence au premier livre des Rois dans l’Ancien Testament, chapitres 18 et 19, comme il est indiqué en marge. « Aussi ces pipeurs de Caraibes, ne nous haissans pas moins que les faux prophetes de Jezabel (craignans perdre leurs gras morceaux) faisoyent le vray serviteur de Dieu Elie, lequel semblablement descouvroit leurs abus : commençans à se cacher de nous, craignoyent mesme de venir ou de coucher ès villages où ils sçavoyent que nous estions[50] ». Épouse du roi Achab et mère d’Athalie, la reine Jézabel répandit le culte des idoles et fut assassinée par défenestration sur l’ordre du roi Jéhu[51]. Une maxime en manchette, c’est-à-dire en marge des éditions originales, tire la morale de l’histoire : « Verité chassant le mensonge ». En somme, même si l’issue est cruelle, tout est bien qui finit bien.

En épilogue de cette sortie anticatholique, Léry précise que les Toüoupinambaoults – leur nom étant toujours écrit en italiques – ne vont pas jusqu’à se prosterner devant leurs caraïbes ou chamanes. Moins superstitieux en cela que les catholiques, « et nonobstant toutes les ceremonies qu’ils font, [ils] n’adorent par fleschissement de genoux, ou autres façons externes, leurs Caraibes, ni leurs Maracas, ni creatures quelles qu’elles soyent, moins les prient et invoquent[52] ». Au total, les sauvages ou Americains, comme les appelle Léry, sont beaucoup moins répréhensibles que les catholiques romains de chez nous, moins vitupérables à coup sûr que ces derniers. En aucun cas, on ne saurait les taxer d’idolâtrie. Ils ne s’inclinent pas devant des images ou des statues. Ils ne les prient ni ne leur parlent, à la différence des prétendus chrétiens de chez nous. Reste à les convertir et à faire leur éducation religieuse, ce qui ne paraît pas impossible après tout.

Dans les trois derniers chapitres de l’Histoire d’un voyage relatifs au Brésil (XVII-XIX), plus d’attaque précise contre la religion catholique, laquelle devient hors sujet, puisqu’il est question des lois privées et communes des Indiens Tupinamba. Le chapitre XVII, pour commencer, évoque la vie privée des Indiens, mariage suivi de grossesse et d’enfantement, à ceci près que Léry laisse de côté le caractère polygame de ces ménages. Beaucoup plus ample, le chapitre XVIII expose la « police civile entre les sauvages », c’est-à-dire leur organisation sociale. Le chapitre XIX, le plus sévère de ce triptyque final, retrace enfin le déclin de toute vie humaine, conclue par la vieillesse, la maladie et la mort. S’indignant contre les offrandes alimentaires que les sauvages disposent autour des sépultures, Léry renvoie en note à La Physique papale de Pierre Viret, qui stigmatise les rites papistes placés sous le signe du démon, et notamment au troisième dialogue de ce traité, intitulé « L’eau bénite, ou Neptune[53]. » Le catholicisme est implicitement visé dans cette exécration pour les rites funéraires et le culte dévolu aux morts.

L’Histoire d’un voyage se referme enfin par la navigation retour vers la France et la famine en mer. Suit tout naturellement ces péripéties une action de grâces rendue au Créateur, qui est une citation de la première épître de Paul à Timothée, verset 17 : « Or au Roy des siecles immortel et invisible, à Dieu seul sage soit honneur et gloire eternellement, Amen[54] ».

Que conclure ?

Ces huguenotismes destinent-ils automatiquement l’Histoire d’un voyage aux protestants ? Nullement en fait. Les jésuites par exemple le liront attentivement et en feront leur profit, huguenotismes mis à part. En témoignent, par exemple, les Mœurs des Sauvages Ameriquains comparées aux mœurs des premiers temps du père jésuite Joseph-François Lafitau[55]. Il prend de Léry ce qui importe à l’étude anthropologique, ou plutôt à l’apologétique chrétienne, en laissant de côté les piques anti-catholiques éparses ici et là. De Léry la matière brésilienne est à retenir, de préférence bien évidemment à celle de Thevet, qui est nulle et non avenue, et le plus souvent oubliée durant tout l’âge classique, mais cette matière brésilienne est nettoyée de tous les huguenotismes qui la parsèment, et ramenée à l’essentiel. Le tout est de démontrer l’évidence de Dieu pour tous les peuples de la terre, n’en déplaise aux délibérés athéistes ou athées militants. De ce point de vue, Léry est utile, y compris à la Contre-Réforme, pour démontrer la croyance universelle en une divinité. À cette réserve près toutefois que Léry doute jusqu’à un certain point que les Indiens mécréants et obstinément cannibales puissent être sauvés[56].

 

Frank LESTRINGANT

Sorbonne Université

 

Notes de pied de page

[1]

Jean de Léry, Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil, éd. Frank Lestringant, Paris, LGF, « Le Livre de Poche », 1994, « Preface », p. 61. Cet ouvrage sera désigné en abrégé par H1V. Sur les circonstances de cette publication, voir Alexandre Tarrête, « Récit de voyage et écriture engagée : Jean de Léry au service des Coligny », Viatica [En ligne], HS 5 | 2022, mis en ligne le 02 décembre 2022, consulté le 10 décembre 2022. URL : http://revues-msh.uca.fr/viatica/index.php?id=2425.

[2]

Voir Frank Lestringant, Le Huguenot et le sauvage. L’Amérique et la controverse coloniale, en France, au temps des guerres de Religion, Genève, Droz, 2004. Sur la carrière et l’œuvre de Jean de Léry, voir les ch. II et III, p. 77-168. Ouvrage à compléter par Frank Lestringant, Jean de Léry ou l’invention du sauvage. Essai sur l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil, Paris, Classiques Garnier, 2016.

[3]

Jean de Léry, H1V, ch. XVI, p. 377.

[4]

Voir H1V, « Preface », p. 68, note 2, et p. 75, note 1.

[5]

Sur André Thevet, voir Frank Lestringant, André Thevet, cosmographe des derniers Valois, Genève, Droz, « Travaux d’humanisme et Renaissance », 1991 ; du même, Sous la leçon des vents. Le monde d’André Thevet, cosmographe de la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, « Géographies du monde », 2ème édition mise à jour et augmentée, 2021. 

[6]

André Thevet, Les Singularitez de la France Antarctique, autrement nommée Amerique : et de plusieurs Terres et Isles decouvertes de nostre temps. Par F. André Thevet, natif d’Angoulesme, Paris, chez les héritiers de Maurice de la Porte, 1557.

[7]

Jean de Léry, H1V, « Preface », p. 64.

[8]

Voir Sous la leçon des vents, op. cit., p. 43.

[9]

André Thevet, Cosmographie de Levant, Lyon, Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, 1554 et 1556, f. F iii v°, gravure circulaire sur bois accompagnée de la devise : « HOMO HOMINI, NEMINI NEMO ».

[10]

Jean de Léry, H1V, « Preface », p. 63.

[11]

H1V, « Preface », p. 66.

[12]

H1V, « Preface », p. 67.

[13]

H1V, « Preface », p. 67-73.

[14]

H1V, « Preface », p. 83.

[15]

H1V, « Preface », p. 84.

[16]

Voir mon édition de la Mappe-Monde nouvelle papistique, en collaboration avec Alessandra Preda, Genève, Droz, 2009, « Introduction », p. XCIII. Ce Renversement de la grand marmite est un bois gravé anonyme datant de 1561-1562. Il est commenté aux p. XC-XCVI de cette même introduction, ainsi que dans Le Huguenot et le sauvage, op. cit., p. 420-448.

[17]

Jean de Léry, H1V, « Preface », p. 85.

[18]

H1V, « Preface », p. 92, figure 5.

[19]

H1V, « Preface », p. 85. Cf. André Thevet, Cosmographie universelle, t. II, liv. 21, f. 952 r°.

[20]

H1V, « Preface », p. 85, à la suite. Sur Henryville-Ville Henry ou encore l’Isle Henry, voir Frank Lestringant, « Fictions de 1’espace brésilien à la Renaissance : l’exemple de Guanabara », Arts et légendes d’espaces. Figures du voyage et rhétoriques du monde (en collaboration avec Christian Jacob et alii), Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1981, p. 205-256, et notamment p. 214-225. Cf., du même, Le Huguenot et le sauvage, op. cit., p. 150-155.

[21]

Jean de Léry, H1V, « Preface », p. 87.

[22]

Matthieu de Launoy, Replique chretienne en forme de commentaire sur la Reponse tiree du dehors de la moëlle des S. Ecritures, & de toute bonne Doctrine, & faite par les Ministres Calviniq. à la declaration et refutation de leurs fausses suppositions, &c., Paris, chez Guillaume de La Noue, 1579, livre I, ch. 5, f. 36 r°-v°.

[23]

Ibid., II, 16, f. 254 v°. Ces deux passages de Matthieu de Launoy sont retranscrits dans les « Thevetiana » figurant en appendice de Sous la leçon des vents, op. cit., p. 520-521.

[24]

André Thevet, Les Vrais Pourtraits et Vies des Hommes illustres, Paris, veuve Jacques Kerver et Guillaume Chaudière, 1584.

[25]

Jean de Léry, H1V, « Preface », p. 88.

[26]

Jean de Léry, H1V, ch. III, p. 131.

[27]

H1V, ch. V, p. 158.

[28]

Ibid.

[29]

H1V, ch. VI, p. 176-177.

[30]

Voir sur ce point Frank Lestringant, Le Cannibale, grandeur et décadence, 2nde éd., Genève, Droz, 2016, ch. VI, « Jean de Léry ou l’obsession cannibale », p. 127-142.

[31]

Jean de Léry, H1V, ch. VIII, p. 215.

[32]

H1V, ch. VIII, p. 218.

[33]

H1V, ch. VIII, p. 228.

[34]

H1V, ch. IX, p. 252.

[35]

Ibid.

[36]

H1V, ch. XI, p. 293.

[37]

H1V, ch. XI, p. 285. Ce trait a été relevé par Grégoire Holtz, que je remercie ici.

[38]

H1V, ch. XI, p. 284.

[39]

H1V, ch. XI, p. 285.

[40]

H1V, ch. XI, p. 285.

[41]

H1V, ch. XV, p. 376.

[42]

H1V, ch. XVI, p. 396.

[43]

Jean Calvin, Avertissement très utile du grand profit qui reviendroit à la chrétienté s’il se faisait inventaire de tous les corps saints et reliques qui sont tant en Italie qu’en France, Allemagne, Espagne et autres royaumes et pays, in OEuvres choisies, éd. Olivier Millet, Paris, Gallimard, « Folio classique », 1995, p. 189. 

[44]

Jean de Léry, H1V, ch. XVI, p. 402.

[45]

Voir sur ce point Olivier Christin, Une révolution symbolique. L’iconoclasme huguenot et la reconstruction catholique, Paris, Les Éditions de Minuit, 1991, chapitre III, « L’iconoclasme, théologie pratique », p. 139-174.

[46]

Voir ci-dessus la note 16.

[47]

Jean de Léry, H1V, ch. XVI, p. 409.

[48]

Ibid.

[49]

H1V, ch. XVI, p. 409.

[50]

Ibid.

[51]

1 R  18-19.

[52]

Jean de Léry, H1V, ch. XVI, p. 410.

[53]

Voir H1V, ch. XIX, p. 477, note 1.

[54]

H1V, ch. XXII, p. 552. D’après 1 Tm 1, 17.

[55]

Voir par exemple Frank Lestringant, « La Pyrolâtrie des peuples de l’Amérique, selon Lafitau », La Plume et le calumet. Joseph-François Lafitau et les « sauvages ameriquains », sous la direction de Mélanie Lozat et Sara Petrella, Paris, Classiques Garnier, « Rencontres », 2019, p. 111-123.

[56]

Voir en particulier Jean de Léry, H1V, chapitre XVI, notes des pages 422-425.

Référence électronique

Frank LESTRINGANT, « Huguenotismes de Jean de Léry : du bon usage des piques anticatholiques dans l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil », Astrolabe - ISSN 2102-538X [En ligne], Jean de Léry - Agrégation 2022-2023, mis en ligne le 27/12/2022, URL : https://crlv.org/articles/huguenotismes-jean-lery-bon-usage-piques-anticatholiques-dans-lhistoire-dun-voyage-faict