L'étude comparée des romans d'aventures et des récits d'aventures vécues (par soi-même ou par un tiers), dans les années 1840-1940 fait apparaître de multiples similitudes. Celui qui se désigne ou qui est désigné comme un "aventurier" est représenté comme un héros de roman. Il est d'ailleurs perçu comme fondamentalement influencé par des lectures romanesques. Cela est vrai jusque dans les romans d'aventures, dont les auteurs précisent que leurs héros aventuriers ont le caractère de héros de roman et qu'ils sont influencés par des lectures romanesques. Le récit d'aventures vécues est par ailleurs agencé de la même manière que le roman. Les aspects les plus triviaux de la réalité, en particulier, sont évacués (les préparatifs du voyage par exemple). Au total, récits et romans se ressemblent beaucoup, le texte le plus invraisemblable étant paradoxalement présenté comme le plus en rapport avec la vérité, le récit vrai pouvant être, parce que présenté comme vrai, plus invraisemblable que la fiction. L'ensemble de ces constatations nous conduit à penser différemment la question de la vérité dans le récit d'aventures vécues, à nous interroger en particulier sur le statut de sources historiques respectif du roman et du récit d'aventures vécues (et le rapport entre aventure et histoire, qui peuvent être considérées comme deux "romans vrais"). Nous sommes conduit à envisager sous un autre aspect, celui des représentations, non plus la réalité, mais l'expérience de la réalité que tous ces textes, quel que soit leur statut littéraire, transmettent.
Référencé dans la conférence : Roman et récit de voyage
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