Bibliographie
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Ginzburg, Carlo, I costituti di Don Oietro Manelfi, 1970.
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Vovelle, Michel, Piété baroque les attitudes devant la mort d'après les clauses des testaments, Paris, Plon, 1973.
Résumé
Je voudrais souligner combien les récits de l’arrivée et de la captivité des chrétiens en terre d’Islam entretiennent de rapports avec les récits des affres subis par les âmes dans le purgatoire. D’abord parce que les promoteurs du rachat des Chrétiens jouent sur le parallèle entre rachat des âmes du purgatoire et rachat des captifs pour exciter les donateurs à la pitié : ambassadeurs et ordres spécialisés produisent donc des descriptions du spectacle des captifs qui utilisent les lieux communs de la description du purgatoire. Mais on peut penser aussi que, au-delà, le rapprochement de ces deux types de récits témoigne d’un imaginaire commun des « lieux de l’au-delà ». Ce qui est vu en terre d’Islam rencontre l’iconographie religieuse et les images s’authentifient mutuellement. Le récit de captivité permet alors d’ illustrer et de défendre les doctrines romaines du Salut, à une période où ils sont ébranlés par la Réforme.
Document
Lettre d’Albertaccio degli Alberti, bayle des Florentins à Constantinople au secrétaire de Côme Ier, 9 octobre 1560. L’armée (ottomane) est arrivée ici le 27 septembre couverte de gloire et elle amenait avec elle 21 galères de Chrétiens dont je ne connais pas précisément les propriétaires. On dit qu’il y en a deux de notre duc de Florence : cela a fait grand bruit et j’en ai été très préoccupé. Mais étant donné que je ne suis ici que pour les marchands, je ne me mets pas martel en tête pour le duc. Par ailleurs, comme ma nation florentine a obtenu du Grand Seigneur des capitulations assurant la sécurité de tous ses marchands et puisque je n’ai commis ici aucune erreur, je ne suis pas préoccupé. (…) Le 1er octobre le Seigneur Bacha de la Mer offrit ses présents au Grand Seigneur et après les draps et les étoffes il y avait don Alvara, don Sanchez (et deux de ses fils), e don Berlinghieri et Cavallo (…) et ensuite environ 1500 esclaves en différentes conditions, qui armé et qui sans armes. Et dès qu’ils se furent présentés à la Grande Porte, don Alvaro fut envoyé avec deux domestiques aux tours de Mar Maggiore (…) avec attribution de 20 aspres par jour pour ses dépenses, tandis que don Sanchez et don Berlinghieri avec les autres furent envoyés à la Tour de Péra, ici même. Et tous ces hommes sont esclaves du Seigneur, c’est-à-dire qu’ils ne se rachètent jamais contre argent. Il y a même le fils du vice-roi de Sicile et un certain nombre d’autres seigneurs espagnols de la maison de Cardon, ainsi que monseigneur Galeazzo Farnese neveu de monseigneur Flaminio de Stabbia, ce même Flaminio qui combattit et fut tué avec grand honneur. Et tous, avec plus de 2500 autres, sont prisonniers de particuliers. Je vous jure que, parmi les captifs du Grand Seigneur, j’en ai vu bien 300, malades, aller dans une salle à part, dépourvus de chaussures, tête nue, corps nu ou presque (?). Ils avaient l’air d’avoir passé huit jours sous terre et si le Pontormo était encore de ce monde et s’il les avait vus, je suis sûr qu’il aurait peint une chapelle dix fois plus effrayante que celle de San Lorenzo : tandis qu’ils passaient devant chez moi je vous jure qu’on ne comprenait pas la langue du pays dont ils venaient, chose monstrueuse ! Que Dieu leur accorde la patience, car il en meurt beaucoup tous les jours.
Je vous envoie la liste de ceux que j’ai identifiés et à qui j’ai réussi adroitement à parler ; et je leur ai mandé quelques aspres. Si le montant de la rançon de Graziano et de Tommaso de Porto Venere est raisonnable et en rapport avec leur qualité, je pourvoirai à leur rachat, si vous m’en donnez l’ordre (mais je crains qu’elle ne soit si importante qu’on ne puisse les racheter) .