La scène est à l'Isle de France. Paul et Virginie, drame, comédie et ballet-pantomime au XIXe siècle

Conférencier / conférencière

Dès sa naissance en 1788, et surtout à partir de l’édition illustrée de 1789, Paul et Virginie a été perçu comme un livre, « aussi bien destiné à être lu qu’à être vu, cette double lecture se réalisant ici dans l’espace clos du texte et de l’image réunis du livre illustré », selon Valérie David. Le nombre considérable d’éditions illustrées et de transpositions à la scène démontre clairement l’importance des aspects visuels et exotiques de l’œuvre. En effet, dans son Répertoire bibliographique et iconographique (Paris, 1963, pp. 106-118), Paul Toinet a recensé une vingtaine de transpositions à la scène entre 1791 et 1830. En analysant cette liste, on constate la diversité des appellations ; ainsi on retrouve les termes ‘comédie’ (Favières et Kreutzer), ‘drame lyrique’ (Le Sueur), ‘drame’ (Bentejac de la Réole), ‘a musical entertainment’ (James Cobb), ‘ballet-pantomime’ (Gardel et Kreutzer), drama pastoral (Don Juan Francisco Pastor), ‘drame lyrique’ (Desaugiers l’aîné), ‘tragédie’ (Broussin), ‘pièce’ (sans nom d’auteur), ‘pantomime’ (Dautrevaux), ‘vaudeville’ (P. de Renneville et A. Séguin). Pourtant, il semblerait que les termes ‘pastorales dramatiques’ ou ‘drames pastoraux’ puissent rassembler bon nombre de ces ouvrages. D’autre part, cette progéniture a, sans le vouloir, assuré la pérennité de ‘la petite pastorale’ de Bernardin.

Il convient, donc, de se pencher sur certaines transpositions à la scène, soit pour déceler l’interprétation de la trame narrative chez les imitateurs de Bernardin, soit pour mesurer l’influence du goût de l’époque postrévolutionnaire. Il s’agit de mesurer les liens de parenté, ainsi que la divergence, entre trois adaptations choisies et le roman : à savoir l’opéra-comique de Favières / Kreutzer (1791), le drame de BC. G[ournay], publié dans son Recueil dramatique (1829) et le ballet-pantomime de Kreutzer/Gardel (1806). Ces transpositions, étaient-elles conformes à l’esprit de l’original ou aux besoins du théâtre postrévolutionnaire ? En guise de conclusion, nous mesurerons les réactions du public de l’île Maurice, pays adoptif de Bernardin, entre 1832 et 1878, à quelques représentations, par des troupes parisiennes ‘en voyage’, d’opéras-comiques et de drames, calqués sur le roman de Bernardin. L’histoire de Paul et Virginie était passée au niveau du mythe, mais tout mythe doit être réinventé selon les valeurs de chaque génération.

Référencé dans la conférence : Theatre & Travel 2 / Théâtre & Voyage II
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