A l’aube des voyages européens en Afrique : le Portugal des Grandes Découvertes

Conférencier / conférencière

Le Portugal des Grandes Découvertes, et donc de la circumnavigation de l’Afrique vers l’Inde, a produit entre le 15e et le 16e siècle une littérature géographique qu’il s’agit d’étudier ici à travers la grande compilation qu’en fit, au 18e siècle, l’abbé Prévost. En effet, l’auteur de _Manon Lescaut_ publia de 1746 à 1759 les quinze tomes en deux parties de l’_Histoire générale des voyages_, première encyclopédie française du genre viatique où le Portugal avait une place de choix. L’ouvrage est, pour ses huit premiers volumes, une traduction de son équivalent anglais récemment publié par John Green. Prévost assura la correction des tomes IX à XI, et, à partir du tome XII, il fut libre d’organiser son propos. L’_Histoire_ débute au tome I par les relations des premiers voyages portugais sur les côtes de l’Afrique pour aboutir au tome V à la constatation de la décadence de la présence portugaise sur la route des Indes par l’Afrique. Au tome VIII, Prévost annonce son projet qui est de présenter les relations de voyages dans un classement qui ne soit pas national, mais selon une chronologie où les voyages mis en parallèle définissent les « liaisons des événements » entre eux (exemplier 1). Le Portugal est présent au tome I (Livre I : premiers voyages), au tome II (Livres 5 et 6 : îles au large de la côte ouest de l’Afrique, Cap blanc et Sierra Leone), au tome III (Livres 8-9 : Guinée et Bénin), au tome IV (Livres 9-13 : de la Guinée à l’Angola par le Congo), au tome V (Livre 14 : cap de Bonne-Espérance et côte orientale de l’Afrique, avec le pays des Hottentots et le royaume de Monomotapa), puis, Seconde Partie, aux tomes X et XI (Livres 10 et 11 : voyages aux Indes par l’Afrique). La pratique de Prévost, quand il est maître de son propos à partir du tome IX, est de tirer de ces relations des informations de tout type pour constituer une espèce d’encyclopédie des lieux visités, d’où la notion d’« histoire » qui s’oppose nettement à celle de « relation », ainsi que le montre le sous-titre programmatique de l’ouvrage : « ou Nouvelle Collection de toutes les relations de voyages par mer et par terre de toutes les Nations connues, contenant ce qu’il y a de remarquable, de plus utile et de mieux avéré dans les pays où les voyageurs ont pénétré, touchant leur situation, leur étendue, leurs limites, leurs divisions, leur climat, leur terroir, leurs productions […] avec les mœurs et les usages des habitants, leur religion, leur gouvernement, leurs arts et leurs sciences, leur commerce et leurs manufactures pour former un système complet d’histoire et de géographie moderne qui représentera l’état actuel de toutes les Nations ». Dans ce roman-histoire de la geste portugaise, Prévost exalte les découvertes du vaste monde par les Portugais, petit peuple libéré avant l’Espagne de la domination musulmane, qui se lance, dès le milieu du 15e siècle, avec Henri le Navigateur à la quête de l’or (exemplier 3). La révélation du monde « noir » est la première des surprises (exemplier 2), un univers où se mêle sauvagerie, ridicule (pour le regard européen) et naïveté des autochtones qu’il sera d’autant plus facile de convertir et de berner (exemplier 4). Car la religion et ses miracles dissimulent de moins dévotes intentions (exemplier 5-7). De toute manière, les religions « idolâtres » des Africains sont, comme leurs mœurs et leurs manières (nudité), l’emblème de la « barbarie » (exemplier 3). Mais, dès l’origine se pose la question de la communication : les voyageurs établissent des glossaires, dont Prévost s’inspirera (t. III et V). Mécontent de la manière dont on illustrait les voyages – les dessinateurs n’avaient pas quitté l’Europe-, Prévost recruta un célèbre graveur, Charles-Nicolas Cochin fils qui fut chargé des illustrations : il se fonda sur le texte pour être au plus près de la réalité décrite (la seule vraisemblance de l’image est là). Prévost représente dans son commentaire synthétique, qui cède rarement la parole directement au voyageur, une Afrique, épique, pittoresque et mythique. Il diffuse largement les deux mythes africains récurrents : celui de Prêtre Jean (Livre I, p. 10-17) et celui du royaume de Monomotapa (Première Partie, tome V, Livre 14). L’article postérieur « Prêtre Jean » de l’_Encyclopédie_ (1765, t. XIII)(exemplier 4), très confus, est beaucoup moins informé que les pages de Prévost. Les recherches portugaises (Diaz, 1580) sont largement documentées ; pour ce qui est du Monomotapa, la quête de l’or dans ce royaume de l’Afrique du sud anime les Portugais, qui pensent que la reine de Saba s’y fournissait (autre lien avec le Prêtre Jean et le mythe du royaume chrétien en Afrique). L’Afrique des voyageurs est, au siècle des Lumières, une source importante pour le débat sur l’autre que mène, outre Prévost, l’abbé Raynal et son _Histoire philosophique et politique des deux Indes _ (édition définitive revue par Diderot en 1781).
Exemplier:

Extraits de l’Histoire générale des Voyages (1746-1759) de l’abbé Prévost

1. Avertissement du tome VIII:

“ Il ne faut pas même s’attendre qu’en faisant désormais profession de marcher sans guides, je puisse renoncer tout d’un coup à la méthode d’autrui, ni qu’au milieu de l’Asie, où les Anglais m’ont laissé, je bâtisse aussitôt sur un nouveau plan. C’est le cas d’un édifice mal construit, mais à demi élevé, qu’on regrette de n’avoir pas commencé mieux, quoiqu’il soit trop tard pour l’abattre, et que la raison permette encore moins de le continuer sur un autre plan, qui ne pourrait faire qu’une alliance monstrueuse avec le premier. Dans tous les voyages d’Asie qui me restent à donner, je serai assujetti à suivre l’exemple des Anglais. ”

“ Je m’attacherai [...] à faire paraître avec plus d’égalité sur la même scène, quelques nations dont la gloire paraît avoir peu touché les auteurs anglais, et dont ils semblent avoir affecté de ne citer qu’un très petit nombre de voyageurs particuliers, comme s’ils appréhendaient des comparaisons peu avantageuses pour eux-mêmes dans la concurrence de la navigation et du commerce. Ce soin ne regardera pas seulement les Français, les Espagnols et les Hollandais, mais aussi les nations du Nord, qui sont absolument négligées dans les volumes précédents. ”

“ J’aurai l’attention, que les Anglais n’ont point eue, de mettre les relations dans un ordre qui puisse les faire servir entre elles à se prêter du jour, et donner à l’ouvrage la qualité d’une véritable histoire, par la liaison des événements et par celle de l’intérêt. Un voyageur arrive dans un pays ; il est témoin de quelque fait important, dont il raconte l’origine et les progrès jusqu’à son départ, qui ne lui a pas permis d’en apprendre la conclusion. L’ordre ne demande-t-il pas que le journal d’un autre voyageur, qui lui aura succédé dans le même lieu, soit rapproché du sien, pour suppléer aux lumières qui lui ont manqué ? Il en est de même de la relation des établissements européens dans les Indes, qui ne peut satisfaire un lecteur attentif, lorsqu’elle demeure imparfaite, ou longtemps interrompue. D’ailleurs, à quel titre cet ouvrage mérite-t-il le nom d’histoire, si les récits n’ont pas entre eux une sorte de rapport constant, qui leur donne le caractère historique ? ”

TOME I

“ Cette découverte [de l’Amérique] fut comme une nouvelle Création. Un nouveau Ciel, une nouvelle Terre, parurent s’ouvrir aux yeux des hommes. Il sembla que la nature accordait des ailes aux habitants du Globe terrestre, pour voler d’une extrêmité du monde à l’autre, et lier commerce avec toutes les créatures de leur espèce. Il est remarquable que, dans le cours ordinaire des choses humaines, on voit souvent renaître les mêmes événements : mais ceux dont j’écris l’Histoire furent aussi singuliers que merveilleux, et l’on n’en peut espérer de semblables, si l’on ne se flatte qu’il y ait encore des Mondes à trouver, et d’autres Indes à conquérir. ” (t. I, livre I : “ Premiers voyages des Portugais aux Indes orientales ”, p. 2)

2. “ Note (a) On appelle ici Mores ou Maures, les Africains les plus civilisés ; et Nègres ceux des Parties Méridionales, qui sont tout à la fois plus noirs et plus barbares. La discussion serait inutile sur un point de simple usage. ” (t. I, livre I, chap. I, p. 6)

3.“ Ce fut la première fois que l’Afrique fit luire ce précieux métal aux yeux des Aventuriers Portugais, et cette raison leur fit donner à un ruisseau qui coule environ six lieues dans les terres, le nom de Rio del oro, ou Rivière d’or. Ils apportèrent en Europe, avec ce précieux trésor, des peaux de buffles, et quelques oeufs d’autruches. Tout le monde y admira la couleur des Esclaves. L’or excita les désirs de l’avarice, et porta Nunno Tristan à recommencer le même voyage en 1443. ” (t. I, livre I, chap. I, pp. 6-7)

“ Conférence des Portugais avec un Roi Nègre
Le Roi Nègre se rendit sur la Cote, accompagné d’un grand nombre de ses Sujets, qui étaient nus jusqu’à la ceinture, ayant le reste du corps couvert de feuilles de palmiers, et des peaux de singes qui leur pendaient au long des cuisses. Ils étaient tous armés, les uns de boucliers et de javelots, les autres d’arcs et de flèches. Plusieurs avaient pour casques des peaux autour de la tête, ce qui rendait leur figure ridicule plutôt que terrible. Le Roi avait les jambes et les bras couverts de plaques d’or. Il portait une chaîne autour du cou, et de petites sonnettes attachées à sa barbe. Devant lui marchait un grand nombre d’instruments, plus bruyants qu’harmonieux, tels que des cloches, des trompettes de cornes, et d’autres puérilités inconnues aux Portugais. Il s’approcha pompeusement du Chef des Européens. Sa contenance paraissait composée à la douceur et à la joie. Il lui prit la main en signe de paix. Son premier Officier fit la même chose. Après les premières cérémonies, Azambusa s’étendit sur les motifs de son voyage, en commençant par celui de la Religion. Il assura aux Africains que le principal dessein de son roi était de les instruire de la Foi Chrétienne ; il en releva les avantages ; et il finit par demander la permission de bâtir une Maison pour loger ses gens : Il entendait un Fort, pour tenir les Barbares dans la soumission. “ Je ne prétends point, dit un Auteur Portugais, persuader au monde que notre seul dessein fût de prêcher, pourvu qu’on se persuade que le Commerce n’était pas non plus notre seul motif. ”
L’Amiral fut écouté avec beaucoup d’attention, et les offres de Religion furent acceptées ; mais la proposition de bâtir un logement ou un Fort fut rejetée sans exception. La grossièreté des Nègres n’empêche point qu’ils n’entendissent leur intérêt. Azambusa redoubla ses instances. Enfin le Roi Nègre donna son consentement et se retira. Aussitôt les Ouvriers Portugais se mirent à briser un roc pour commencer leur travail. Les Nègres, qui faisaient de ce roc un des objets de leur culte, se crurent insultés, et chassèrent les Ouvriers. Azambusa prit le parti le plus sage, qui était de les apaiser par des présents de peu de valeur. Le fort s’acheva. ” (t. I, livre I, chap. II, p. 14)

“ Royaume de Bénin
Entre le Fort Saint-Georges et Congo se trouve le Royaume de Bénin, dans lequel on n’avait point encore pénétré. Le Roi de cette grande Région, jaloux des avantages qu’il voyait tirer à ses voisins du commerce des Portugais, feignit de l’inclination pour le christianisme, et demanda des Missionnaires pour l’instruire. On s’empressa de lui en accorder. Mais il parut bientôt que la Religion avait eu moins de part à son zèle que l’avarice. On apprit qu’il achetait des esclaves chrétiens ; et les Portugais mêmes ne se firent pas un scrupule de lui en vendre, après les avoir fait baptiser. Ce scandaleux commerce dura jusqu’au règne de Jean III, Prince religieux, qui le défendit sous de rigoureuses peines. “ Le Ciel, dit un Historien Portugais, qui récompense la vertu au centuple, permit, pour s’acquitter envers ce Prince, qu’on découvrît une nouvelle mine d’or, au-dessous de celle de Saint-Georges.” ” (t. I, livre I, chap. II, p. 16)

Baptême du Roi de Congo
“ Il y reçut Ruy de Sousa, Commandant des Portugais, assis dans un Fauteuil d’ivoire, sur un trône fort orné. Il était nu de la ceinture en haut, le reste du corps enveloppé d’une pièce de damas bleu céleste. Il portait un bracelet de cuivre au bras gauche ; et sur ses épaules pendait une belle queue de cheval, qui est chez ces Barbares la marque de la Royauté. Sa tête était couverte d’un bonnet en forme de mitre, composé d’un tissu de feuilles de palmiers, mais avec tant d’art qu’on l’aurait pris pour du velours ciselé. Non seulement il accorda la permission de bâtir une église, mais embrassant lui-même le christianisme avec une partie de ses sujets, il reçut le baptême dans une assemblée de plus de cent mille hommes, qui étaient attirés tout à la fois par la curiosité, et par les préparatifs d’une guerre contre quelque Etat voisin. Le Roi se fit nommer Jean, et la Reine Eléonore, à l’honneur du Roi et de la Reine de Portugal. Il marcha de la cérémonie du Baptême au combat, avec quatre-vingt mille hommes, et vainquit glorieusement ses ennemis. ” (t. I, livre I, chap. III, p. 19)

“ Art de Gama pour apprivoiser les Nègres
Quelques jours après son arrivée, il vit paraître environ cent Nègres, les uns sur le sable, d’autres sur les montagnes. Le souvenir de ce qui venait d’arriver à Santa Elena lui fit prendre le parti de débarquer tous ses gens, avec leurs armes. En approchant dans les chaloupes, il fit jeter sur le rivage quantité de sonnettes, qui attirèrent les Nègres pour les prendre, et quelques-uns vinrent assez près pour en recevoir de sa propre main. Il en fut surpris parce que Diaz l’avait assuré qu’ils n’avaient pas voulu s’approcher de lui lorsqu’il était venu sur cette Côte. Il ne balança point à descendre avec ses gens. Son premier commerce fut un échange de quelques bonnets rouges pour des bracelets d’ivoire. Peu de jours après, il vit arriver plus de deux cents Nègres, qui lui amenaient douze boeufs et quatre moutons. Ces Barbares commencèrent à faire jouer quatre flûtes, accompagnées de plusieurs voix, qui formaient une musique assez agréable. L’Amiral fit sonner en même temps ses trompettes; et les Portugais se mirent à danser avec les Nègres. Il en vint ensuite quantité, qui amenèrent leurs femmes et leurs enfants, avec diverses sortes de bestiaux. Quelques Portugais aperçurent, derrière les broussailles, plusieurs jeunes Nègres qui gardaient les armes de ceux qui s’étaient avancés. Gama, dans la crainte d’une trahison, fit retirer ses gens vers le lieu où il avait laissé le gros de sa troupe sous les armes. Alors les Nègres s’assemblèrent en corps, comme si leur intention eût été de combattre. Mais l’Amiral, qui ne pensait point à leur nuire, fit rentrer tout son monde dans les chaloupes, et se contenta de faire tirer deux pièces de canon pour les dissiper. Leur effroi fut si grand à ce bruit, qu’ils prirent la fuite en abandonnant leurs armes. ” (t. I, livre I, chap. IV, p. 22)

TOME II

“ L’Auteur, sans expliquer comment Cintra se fit entendre des habitants, entre dans un détail de leurs usages qui suppose une grande connaissance du pays. Ils sont idolâtres. Les objets de leur culte sont des statues de bois qui ont la forme humaine, auxquelles ils offrent leurs aliments. Les hommes et les femmes sont plutôt basanés que noirs. Ils ont au visage et sur les autres parties du corps différentes marques, qu’ils se font volontairement avec un fer chaud. Les deux sexes sont également nus, et couverts seulement d’un morceau d’écorce d’arbre au milieu du corps. Leur nourriture est le riz, le millet, avec diverses sortes de fèves, plus grosses que les nôtres. Ils ont aussi des boeufs et des chèvres, mais en petite quantité. A peu de distance du Cap, on voit deux petites Iles, couvertes de beaux arbres, mais sans habitants.
Les Nègres de cette Rivière (47) ont de grandes Almadies, qui sont capables de contenir jusqu’à trente et quarante hommes. Ils rament debout, comme on l’a déjà fait observer de plusieurs autres nations. Leurs oreilles sont percées de plusieurs trous, dans lesquels ils passent diverses sortes d’anneaux d’or. Ils en portent de même au nez, qui est aussi percé ; et lorsqu’ils prennent leur nourriture, ils quittent cet incommode ornement. Les femmes de distinction portent des anneaux jusqu’aux parties que la nature leur apprend à cacher. ” (t. II, livre V, chap. IV, “ Voyage de Piedro de Cintra a Sierra Leona, écrit par Cada Mosto ”, p. 319)

Note (47) de Prévost : “ Comme l’Auteur n’a parlé ici d’aucune Rivière, il faut supposer quelque omission. C’est apparemment la Rivière de Pougue, qu’il a oublié de nommer. Elle est dans notre seconde Carte. ”

4. Encyclopédie, t. XIII, 1765.

PRESTE-JEAN, & par corruption PRETRE-JEAN, (Hist. mod.) on appelle ainsi l’empereur des Abissins, parce qu’autrefois les princes de ce pays étaient effectivement prêtres, & que le mot jean en leur langage veut dire roi.
Ce sont les Français qui les premiers les ont fait connaître en Europe sous ce nom, à cause qu’ils ont les premiers trafiqué avec leurs sujets. Son empire était autrefois de grande étendue, maintenant il est limité à six royaumes, chacun de la grandeur du Portugal.
Ce nom de prêtre-jean est tout à fait inconnu en Ethiopie, & il vient de ce que ceux d’une province où ce prince réside souvent, quand ils veulent lui demander quelque chose, crient jean coi, c’est-à-dire mon roi. Son véritable titre est celui de grand-negus.
Il y a un prêtre-jean d’Asie, dont parle Marc Paolo, vénitien, en ses voyages. Il commande dans la province de Cangingue, entre la Chine & les royaumes de Sifan & de Thibet ; c’est un royaume dont les Chinois font grand cas, pour être bien policé, & rempli de belles villes bien fortifiées, quoiqu’ils méprisent fort tous les royaumes étrangers.
Quelques-uns ont dit qu’il était ainsi nommé d’un prêtre Nestorien, dont parle Albericus, & qui monta sur le trône vers l’an 1145. D’autres disent, que c’est à cause qu’il porte une croix pour symbole de sa religion.
Scaliger prétend que le nom de prêtre-jean vient des mots persans preste-cham, qui signifient apostolique ou roi chrétien. D’autres le dérivent de prester, esclave, & du même mot cham, auquel prete-jean signifie roi des esclaves : enfin quelques-uns veulent qu’il soit formé du persan preschteh-gehan, qui signifie l’ange du monde, & remarquent que les empereurs du Mogol ont pris souvent le titre de schah-gehan, c’est-à-dire le roi du monde, mais il n’est pas étonnant qu’on ait formé tant d’opinions différentes sur le nom d’un monarque qui n’a jamais existé, du moins sous ce titre dans son propre pays, parce qu’on était alors fort peu dans le goût des voyages, & que les Chrétiens occidentaux n’osaient se risquer dans la haute Asie dans un temps où les Asiatiques maltraitaient tous les Européens, à cause de la différence des religions ; mais depuis que les voyageurs ont pénétré dans les contrées les plus reculées de l’Asie & de l’Afrique, il n’est rien resté du prete-jean qu’un nom sans réalité, & beaucoup de traditions fabuleuses qu’en avaient publiées les anciens auteurs, sur des relations qu’ils adoptaient avidement & sans examen. Les Portugais eux-mêmes qui ont parcouru toute l’Ethiopie, n’ayant rien découvert sur ce prince des Abyssins, sinon qu’il était chrétien jacobite, & nulle trace du nom du prêtre-jean, si ce n’est que les Ethiopiens nommaient leur empereur belulgian, c’est-à-dire en leur langue précieux & puissant.

Publications de S. Albertan Coppola sur les voyages en Afrique

Communications à des colloques
Montréal, 1985 : “ L’Indien dans l’apologétique française du XVIIIe siècle ”, dansLes Figures de l’Indien, dir. Gilles Thérien, les Cahiers du département d’études littéraires 9, Université du Québec à Montréal, 1988.
Haïfa, 1987 : “ Le pays où coulent le lait et le miel. Un essai de géographie rétrospective par l’abbé Guénée ”, dans Miroirs de l’altérité et voyages au Proche-Orient, dir. Ilana Zinguer, Genève, Slatkine, 1991.
Lisbonne, 1988 : “ Les Voyages portugais dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost ”, dans Dix-huitième siècle n° 31, 1999.
Fontenay, 1988 : “ Les lexiques africains dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost ”, dir. Michèle Duchet, dans les Cahiers de Fontenay n°65/66, mars 1992.
La Réunion, 1990 : “ La notion de métissage à travers les dictionnaires du XVIIIe siècle ”, dans Métissages (dir. J.-C. Marimoutou et J.-M. Racault), t. I, Université de La Réunion et L’Harmattan, 1992.
Rouen, 1990 : “ Le festin des nations. Images de la convivialité dans la collection De Bry (1591-1634) ”, en collab. avec M.-C. Gomez-Géraud, dans La sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges, textes réunis par M. Aurell, O. Dumoulin et F. Thélamon, Publ. de l’Univ. de Rouen n° 178, 1992.
Amiens, 1999 : “ L’abbé Prévost romancier et éditeur de voyages ”, Roman et récit de voyage, dir. M.-C. Gomez-Géraud et Ph. Antoine, PUPS, 2001.
Grignan, 2002 : “ Les cartes de Bellin dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost ”, Imago Mundi (III). Rencontres de Grignan : Le monde des cartes, dir. François Moureau.
Valenciennes, 2008 : organisation de la 4e Journée d’étude sur l’Encyclopédie, avec M. Descargues-Grant et J.-C. Abramovici : Récits de voyage et Encyclopédie. A paraître aux PU de Valenciennes.

Articles
“ La question des langues dans les Moeurs des sauvages américains de Lafitau ”, in L’oeil expert : voyager, explorer, sous la direction de François Moureau, Dix-huitième siècle n° 22, 1990.
“ La collection des Navigationi et viaggi (1550-1559) de G.-B. Ramusio : mécanismes et projets d’après les para-textes ” (en collab. avec M.-C. Gomez-Géraud), Revue des études italiennes , n° 1-4, janvier-décembre 1990.
“ Les images dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost ”, in Mots et images nomades, Etudes de lettres n°1-2, Faculté des lettres de Lausanne, 1995 (conférence donnée au Séminaire de Claude Reichler en 1982).
“ L’Atlantique dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost : une Atlantique des Lumières ? ”, Dix-huitième siècle n° 33 (numéro spécial sur l’Atlantique dirigé par Marcel Dorigny), 2001.
“ Constitution, métamorphose et célébration du savoir dans l’Histoire générale des voyages de Prévost ”, La Revue française, numéro spécial La Culture des voyageurs à l’âge classique, dir. Dominique Lanni. A paraître.

En ligne (Site Web : http://www.crlv.org) : “ De Lafitau à Bergier : les retombées des récits de voyage dans l’apologétique du XVIIIe siècle ” (conférence donnée au séminaire de François Moureau à Paris-IV, 19 décembre 2000).

Référencé dans la conférence : L’Afrique des voyageurs : découverte, mythes, littérature
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