Bibliographie
Corpus
Chateaubriand, François-René (de), Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, en allant par la Grèce, et revenant par l’Egypte, la Barbarie et l’Espagne (1811), introduction de Maurice Regard in Œuvres romanesques et voyages, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1969, tome II, Itinéraire de Paris à Jérusalem, édition de Jean-Claude Berchet, Paris, Gallimard, « Folio classique », 2005.
Lamartine, Alphonse (de), Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient 1832-1833 ou Notes d’un voyageur, (1835), présenté par Sarga Moussa, Paris, Champion, 2000.
Du Camp, Maxime, Souvenirs et paysages d’Orient, Paris, Arthus Bertrand, 1848 (pas de réédition).
Le Nil (1853), édition de Daniel Oster, Un voyageur en Egypte vers 1850, Le Nil de Maxime Du Camp, Paris, Sand/Conti, 1987.
Flaubert, Gustave, Voyage en Orient, édition de Claudine Gothot-Mersch, Paris, Gallimard, 2006.
Gautier, Théophile, Constantinople et autres textes sur la Turquie (1853), Paris, La Boîte à Documents, 1990.
Voyage en Egypte (1877), Paris, La Boîte à Documents, 1996.
Loti, Pierre, Aziyadé suivi de Fantôme d’Orient, Paris, Gallimard, « Folio classique », 2005.
Constantinople en 1890 (1890), Istanbul, Isis, 1992.
Les Désenchantées (1906), Paris, Calmann-Lévy, 1924.
Le Voyage en Orient, /anthologie des voyageurs français dans le Levant au XIXe siècle/, introduction, chronologie, notices, biographiques et index de Jean-Claude Berchet, Paris, Laffont, « Bouquins », 1985.
Voyages (1872-1913), édition établie et présentée par Claude Martin, Paris, Laffont, « Bouquins », 1991. Contient : « Le Désert » (p. 345-442) ; « Jérusalem » (p. 449-535) ; « La Galilée » (p. 543-645), « La Mort de Philae » (p. 1243-1349) ; « Suprêmes Visions d’Orient, fragments de journal intime, 1911 et 1913 » (p. 1357-1457).
Bibliographie critique (non exhaustive)
Antoine, Philippe, Les récits de voyage de Chateaubriand, Champion, 1997.
Le Voyage en Orient de Chateaubriand, sous la direction de Jean-Claude Berchet, Houilles, Editions Manucius, 2006 (p. 11-19).
Courtinat, Nicolas, Philosophie, histoire et imaginaire dans le Voyage en Orient de Lamartine, Paris, Champion, collection « Romantisme et modernité », 2003.
Diaz, José-Luis, L’écrivain imaginaire. Scénographies auctoriales à l’époque romantique en France (1770-1850). Thèse soutenue en 1997, Paris VIII sous la direction de Claude Duchet, Paris, Champion, 2007.
Miroirs de textes, récits de voyage et intertextualité, Publications de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de Nice, n° 49, 1998.
Montalbetti, Christine, Le voyage, le monde et la bibliothèque, Paris, P.U.F., « Écriture », 1997.
Moussa, Sarga, La relation orientale, enquête sur la communication dans les récits de voyage en Orient (1811-1861), Paris, Klincksieck, « Littérature des voyages » n° 9, 1995.
Moussa, Sarga, « Lamartine, nouvel Homère » in Homère en France après la querelle (1715-1900), Actes du colloque de Grenoble (23-25 octobre 1995), sous la direction de Françoise Létoublon et Catherine Volpilhac-Auger, avec la collaboration de Daniel Sangsue, Paris, Champion, 1999 (p. 379-389).
Pasquali, Adrien, Le tour des horizons, critique et récits de voyage, Paris, Klincksieck, « Littérature des voyages » n° 8, 1994.
Saïd, Edward W., L'Orientalisme, l'Orient crée par l'Occident (1978) et postface de 1994, Seuil, 2005.
Venayre, Sylvain, Rêves d’aventures, 1800-1940, Paris, La Martinière, 2006.
Vers l’Orient par la Grèce avec Nerval et d’autres voyageurs, « Gérard de Nerval et l’Orient », textes recueillis par Loukia Droulia et Vasso Mentzou, Paris, Klincksieck, « Littérature des voyages » n° 6, 1993 (p. 141-212).
Exemplier
I - Les renvois culturels
Chateaubriand
1/ « J’étais là sur les frontières de l’antiquité grecque, et aux confins de l’antiquité latine. Pythagore, Alcibiade, Scipion, César, Pompée, Auguste, Horace, Virgile avaient traversé cette mer. Quelles fortunes diverses tous ces personnages célèbres ne livrèrent-ils point à l’inconstance de ces mêmes flots ! Et moi, voyageur obscur, passant sur la trace effacée des vaisseaux qui portèrent les grands hommes de la Grèce et de l’Italie, j’allais chercher les Muses dans leu patrie ; mais je ne suis pas Virgile, et les dieux n’habitent plus l’Olympe. » (Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 80 et 81)
2/ Description de Corfou, l’antique Corcyre« Ulysse (…) Alcinoüs (…) Aristote (…) Alexandre (…) Philippe (…) Simonide (…) Polyclète (…) Caton (…) Cicéron (…) Antoine et Octavie (…) ». (Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 83 et 84)
3/ « Quel moyen de nommer saint Jason et saint Sosistrate, apôtres des Corcyréens, sous le règne de Claude, après avoir parlé d’Homère, d’Alexandre, de Cicéron, de Caton, de Germanicus ? Et pourtant un martyr de l’indépendance est-il plus grand qu’un martyr de la vérité ? ». (Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 84)
4/ « Je n’ai point fait un voyage pour l’écrire ; j’avais un autre dessein : ce dessein je l’ai rempli dans Les Martyrs. J’allais chercher des images ; voilà tout. » (Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 55)
« J’avais arrêté le plan des Martyrs : la plupart des livres de cet ouvrage étaient ébauchés ; je ne crus pas devoir y mettre la dernière main avant d’avoir vu les pays où ma scène était placée. » (Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 75)
« Je serai peut-être le dernier Français à sortir de mon pays pour voyager en Terre Sainte avec les idées, le but et les sentiments d’un ancien pèlerin. (...) Je pourrais encore me faire reconnaître des antiques Croisés. » (Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 76)
Lamartine
5/ « Mon ancre mord le sable et je suis dans Athènes !/ (…)
Chaque vent les [les flots] poussait à leurs ambitions,
Périclès au forum, Thémistocle aux rivages,
Aux armes les héros, au portique les sages,
Aristide à l’exil et Socrate à la mort,
Et le peuple au hasard et du crime au remord !
Au pied du Parthénon qu’un homme en turban garde
J’entends venir le jour, je marche et je regarde. »
(Voyage en Orient, « le 6 août 1832 », p. 97)
6/ Arrivée en Grèce : « Ce monceau d’îles et de montagnes, d’où sortaient presque à la fois Miltiade, Léonidas, Thrasybule, Epaminondas, Démosthène, Alcibiade, Périclès, Platon, Aristide, Socrate, Phidias ; cette terre dont l’histoire est notre histoire, dont l’Olympe est encore le ciel de notre imagination. » (Voyage en Orient, « le 6 août 1832 », p. 99)
II - Le costume
Chateaubriand
7/ « J’attendais avec impatience le moment de mon départ pour Jérusalem. Le 3 octobre [1806], à quatre heures de l’après-midi, mes domestiques se revêtirent de sayons de poils de chèvre, fabriqués dans la Haute-Egypte, et tels que les portent les Bédouins ; je mis par-dessus mon habit une robe semblable à celle de Jean et de Julien, et nous montâmes sur de petits chevaux. » (Itinéraire, « III-Voyage de Rhodes, Jaffa, Bethléem et la mer Morte », p. 290)
Lamartine
8/ « Nous ôtons nos souliers, nos bottes et nos sous-pieds de drap, qui sont susceptibles de prendre la peste, et nous chaussons des babouches de maroquin ; nous nous frottons d’huile et d’ail, préservatif que j’ai imaginé d’après le fait connu à Constantinople, que les marchands et les porteurs d’huile sont moins sujets à la contagion. » (Voyage en Orient, « Jérusalem, 29 octobre 1832 », p. 297)
Nerval
9/ « Heureusement j’avais acheté un de ces manteaux en poils de chameau nommés machlah qui couvrent un homme des épaules aux pieds ; avec ma barbe déjà longue et un mouchoir tordu autour de ma tête, le déguisement était complet. » (Voyage en Orient, « Les Femmes du Caire, I - Les mariages cophtes, I - Le Masque et le Voile », p. 264)
« J’avais grande envie d’ajouter à mon costume un détail de parure spécialement syrienne, et qui consiste à se draper le front et les tempes d’un mouchoir de soie rayé d’or, qu’on appelle caffieh, et qu’on fait tenir sur la tête en l’entourant d’une corde de crin tordu ; l’utilité de cet ajustement est de préserver les oreilles et le col des courants d’air, si dangereux dans un pays de montagnes. On m’en vendit un fort brillant pour quarante piastres, et, l’ayant essayé chez un barbier, je me trouvai la mine d’un roi d’Orient. » (Voyage en Orient, « Les Femmes du Caire, VII La montagne, V - Les bazars. Le port », p. 469)
Flaubert
10/ « Toute la journée vautrés sur notre tapis, nous fumons nos chibouks et des narguilehs en absorbant de la limonade et en regardant les rives du fleuve. » (Correspondance, lettre à sa mère, « 3 mars 1850 », p. 594)
« Nous passons l’après-midi à paresser sur le pont (…). Nous passons l’après-midi couchés à l’avant du navire, sur la natte de raïs Ibrahim à causer, non sans tristesse ni amertume, de cette vieille littérature tendre et inépuisable souci ! (Voyage en Orient, « Egypte, Sur le Nil », p. 119 et 159)
Gautier
11/ « S’assimiler aux mœurs et aux usages des pays qu’on visite, voilà le principe ; et il n’y a pas d’autre moyen pour bien voir et jouir du voyage. (…) Dès que j’ai mis le pied dans un pays, j’en deviens indigène, j’en endosse le costume si je peux. » Emile Bergerat, Théophile Gautier. Entretiens, souvenirs et correspondance, Paris, Charpentier, 1879, rééd. Paris, L’Harmattan, coll. « Les introuvables », 2000, p. 126 et 127)
Loti
12/ « Et sous le costume turc, ces choses me semblaient acceptables, m’amusaient presque, en me donnant davantage l’impression d’être sorti de moi-même et devenu quelqu’un des simples qui m’entouraient. Il y avait tant d’enfantillage encore dans ma vie en ce temps-là ! » (Fantôme d’Orient, p. 279).
III - Le surnom
Lamartine
13/ « Ils retournent enchantés de notre accueil, et vont porter au loin et répandre la réputation de l’émir Frangi, c’est ainsi qu’ils m’ont nommé, le prince des Francs ; je n’ai pas d’autre nom dans tous les environs de Bayruth et dans la ville même ; et comme cette considération peut nous être d’une grande utilité pour nos courses aventureuses dans toutes les contrées, M. Jorelle et les consuls européens ont la bonté de ne pas les détromper et de laisser passer l’humble poète pour un puissant en Europe. »
Nerval
14/ « Les assistants [du barbier] m’accordèrent le titre de tchéléby, qui est le nom des élégants dans le pays » (Voyage en Orient, « Les Femmes du Caire, II - Les esclaves, X - La boutique du barbier », p. 331).
« L’un des Persans qui m’avais pris en amitié (…) m’appelait toujours le Myrza (lettré). » (Voyage en Orient, « Les Nuits du Ramazan, IV - Le Baïram, IV - L’Atmeïdan », p. 789)
Flaubert
15/ « Je casse-pète du besoin de te dire mon surnom. Sais-tu comment les Arabes m’appellent ? (comme ils ont une grande difficulté à prononcer nos noms français, afin de distinguer les Franks ils en inventent un à leur usage). Devine-donc-le, ce fameux nom ? Abou-Schenep, ce qui veut dire : le père de la moustache (…). Le nom de Max[ime] est un nom très long qui veut dire l’homme excessivement maigre. Juge de ma joie quand j’ai appris l’honneur que l’on rendait à cette partie de ma personne. » (Correspondance, lettre à sa mère, « 5 janvier 1850 », p. 557 et 558).