Constance Arconati Visconti, une italienne dans l'Europe romantique

Conférencier / conférencière

Constance (Vienne 1800-1871) et le marquis Joseph Arconati Visconti, son mari (Milan 1797-1873), occupèrent une place fondamentale dans l'histoire de l'émigration politique italienne et du Risorgimento, tant du point de vue politique que littéraire. Ils appartenaient à la noblesse lombarde, de tendance libérale-modérée. En délicatesse avec la justice autrichienne, Joseph Arconati Visconti fut contraint de prendre le chemin de l'exil. Son épouse, et leur petit Carletto, âgé de deux ans, le suivirent. Comme la plupart de leurs compatriotes exilés, ils gagnèrent Paris, mais ce n'était pas l'endroit le plus sûr pour Joseph. En mai 1821, ils arrivèrent en Belgique. Pendant leur séjour en Belgique ils prodiguèrent leurs énergies et leurs richesses au bénéfice de leurs compatriotes refugiés. Ils ouvrirent les portes de leur château (le château de Gaasbeek) qui devint un lieu de rencontre pour les exilés italiens en Belgique et pour les personnalités politiques et littéraires européennes les plus en vue (Claude Fauriel, Mary Clarke, Jean Berchet, Federico Confalonieri, etc.). Malgré l'exil forcé et tous les problèmes qu'il entrenait, l'aisance matérielle de la famille milanaise ne leur fit pas renoncer à parcourir les chemins de l'Europe, comme y étaient obligées ceux qui étaient dans le même cas. Leur pérégrinations, en France, en Allemagne, en Suisse et en Italie, jouèrent un rôle capital pour la diffusion d'idées et d'ouvrages d'un côté et de l'autre de l'Europe. Constance eut une vie difficile. Obligée de suivre un mari psychologiquement instable, qui ne se distingua que par sa prodigalité et sa valeur militaire, elle trouva la force de réagir à l'éloignement de sa patrie et de toute sa famille en dispensant généreusement son aide à ses compatriotes. Dès le début de son exil, la marquise renoua immédiatement les contacts par correspondance avec ses amis qui avaient été obligés eux aussi de quitter l'Italie et de s'établir en France, en Angleterre ou en Allemagne. Au moyen de ses correspondants et de ceux qui arrivaient à Gaasbeek, les Arconati étaient toujours au courant de la situation italienne et de l'Europe, soit du point de vue politique, soit du point de vue littéraire et artistique. Pour sa capacité à réunir autour d'elle les représentants du monde politique et littéraire les plus en vue de son temps (Tracy, Fauriel, Simonde de Sismondi, Schlegel, Cousin) nous pourrions lui faire l'honneur de la considérer comme l'héritière de Mme de Staël, d'autant plus que ces mêmes savants étaient des anciens amis de la baronne de Necker, qui avaient fréquenté son salon de la rue du Bac, à Paris, c'était le cas de Tracy, et qui tels Fauriel, Sismondi et Schlegel l'avaient suivie jusqu'à Coppet. Sa correspondance, en partie publiée et en partie inédite, nous offre un panorama extraordinaire de l'Europe romantique. Tous les échanges d'ouvrages d'un pays à l'autre, dont Constance était souvent le point de départ, l'intermédiaire ou le point d'arrivée, contribuèrent nécessairement à la propagation des différentes cultures. Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude qu'elle se rendait compte de l'importance de son effort. L'étendue de son amour pour la patrie et envers ceux qui, comme elle, avaient dû renoncer aux douceurs de la terre natale, ainsi que ses tentatives d'échapper à une vie monotone, grâce à sa finesse, sa curiosité et son élan envers les autres, augmentait au fur et à mesure que les années passaient. Nous ne pensons pas exagérer en déclarant que les gens et les cultures de plusieurs pays européens bénéficièrent du travail qu'elle fit pour se faire plaisir et pour plaire à son entourage.

Référencé dans la conférence : Imago Mundi 2000
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