Deux voyages de découvertes naturalistes ont immortalisé le capitaine Baudin : l'expédition aux Antilles à bord de la Belle Angélique (1796-1798) et le voyage aux Terres australes sur le Géographe et le Naturaliste (1800-1804). Si, aux dires de Jussieu, le premier fit de Baudin - l'un des voyageurs qui ont le plus mérité des sciences naturelles - à l'issue du second on lui imputera la responsabilité de tous malheurs rencontrés aux Terres australes et on dressera de lui le portrait d'un homme despotique, avide et incompétent. Ce revirement est d'autant plus déconcertant que l'analyse des journaux et autres documents de l'époque, encore inédits ou récemment publiés, montre qu'il est peu fondé. André Pierre Ledru, botaniste compagnon de la Belle Angélique, paraît bien isolé lorsque, dans le récit qu'il publie en 1810 de l'expédition aux Antilles, il fait clairement état de l'estime et du respect qu'il a pour le capitaine Baudin. Les écrits qu'il laisse permettent cependant de toucher du doigt l'une des causes des tourments rencontrés par le capitaine aux Terres australes. Si l'amateur d'objet d'histoire naturelle qu'était Baudin se plaisait en compagnie de naturalistes récolteurs tel Ledru et ses compagnons, il était totalement étranger aux préoccupations des jeunes savants qui l'accompagnaient en Nouvelle Hollande. La collégialité harmonieuse qui l'attachait aux premiers tranche nettement avec la défiance que lui procurait l'insouciance, voire l'impertinence, des seconds. Hélas pour le capitaine, il apparaît que le choix de nombre de scientifiques, mais aussi d'officiers, embarqués pour les Terres australes s'est fait sans guère de discernement et de manière assez improvisée.
Référencé dans la conférence : Relations savantes
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