Colloque de l'APFUCC (Canada)

Congrès 2020, Western University (London, Ontario), 30 mai – 5 juin

ATELIER 13
Le récit de voyage dans tous ses états

Atelier conjoint APFUCC et ACÉF-XIX (Association canadienne d’études francophones du XIXe siècle)

Un genre sans loi, genre mitoyen, ouvert, hybride, protéiforme ou encore pluridisciplinaire (Le Huenen 1984, 1990 ; Moussa 2006 ; Motsch 2011), telles sont quelques- unes des définitions génériques auxquelles ont recours les spécialistes pour évoquer le récit de voyage qui se caractérise par la fluctuation des formes qu’il peut adopter ou accepter en son sein. Le grand dynamisme du texte permet d’y insérer « à peu près n’importe quelle considération » (Ph. Antoine 2003) : des digressions pittoresques et lyriques, des vers, des anecdotes, des réflexions philosophiques et des commentaires autobiographiques. Cela sans oublier l’image : les cartes et les plans, les vignettes et les croquis, les aquarelles et les photographies, etc.

Genre protéiforme, le récit de voyage traverse les siècles en variant ses motivations et ses objectifs. On le fait remonter aux Histoires d’Hérodote et à l’Anabase de Xénophon (Le Huenen 1987) ou encore à L’Odyssée d’Homère où le réel côtoie l’imaginaire (combien de romantiques voit-on aller découvrir la Grèce sur les traces d’Ulysse ?). Aux expéditions de découvertes (Cartier, Champlain, Jean de Léry, Chardin) succèdent des voyages de circumnavigation (Cook, La Pérouse, Bougainville) du Siècle des Lumières. Au moment où s’accomplissent ces tours du monde, Xavier le Maistre se limite à un voyage autour de sa chambre, un «voyage humoristique » dont la tradition se poursuivera jusqu’à Rodolphe Töpffer (Daniel Sangsue 2001). C’est aussi le XVIIIe siècle qui correspond aux voyages d’artistes en Italie, en Grèce ou encore à la mode anglaise du Grand Tour. Selon certains critiques le récit de voyage du Grand Siècle se trouve à la lisière du roman (Chupeau 1977). Mais c’est sans doute le Romantisme qui marque son « entrée en littérature » et l’avenement d’une nouvelle figure du voyageur, celle de l’écrivain-voyageur (Le Huenen 1987). Avec Chateaubriand, Stendhal, George Sand, Gautier, Flaubert, Maupassant et les autres grands écrivains du XIXe siècle, l’art de voyager devient aussi l’art d’écrire. Loti, Segalen, Michaux, Gide, Lévi-Strauss, Butor et Le Clézio, pour n’en citer que quelques-uns, développent le genre du récit du voyage au XXe siècle, en posant souvent la question du rapport à l’altérité sur fond d’impérialisme et de décolonisation. À l’aube du XXIesiècle, le récit de voyage continue de se redéfinir à l’ère de la mondialisation et face aux nouveaux enjeux socioculturels de notre époque, que ce soit en adoptant une lenteur anachronique et subversive, en se tournant vers la nature (« nature writing »), ou en pratiquant une forme de voyage extrême, symbole de l’ultime dépassement de soi qui est peut-être symptomatique d’une certaine nostalgie de l’âge d’or des découvertes.

Cet atelier souhaite revisiter le récit de voyage dans ses manifestations les plus diverses dans le domaine français et francophone depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine. Sans se borner aux récits de voyage à visée référentielle qui appartiennent au registre factuel, il conviendra d’encourager des propositions portant sur le thème littéraire du voyage dans les œuvres fictionnelles qui relèvent de l’imagination créatrice.

Quelques axes/pistes possibles pour orienter la discussion :

  • La figure du voyageur (explorateurs, commerçants, diplomates, écrivains, peintres, poètes, journalistes, cinéastes, ethnologues, etc.)

  • Le récit de voyage au féminin

  • Le récit de voyage et la poésie

  • Le récit de voyage et intertextualité

  • La préface/l’avis au lecteur et le récit de voyage

  • Le récit de voyage et activité épistolaire

  • Le rapport texte/image : le récit de voyage et sa captation/sa représentation visuelle

    (gravures, dessins, aquarelles, photographies, image cinématographique, film documentaire) ; croquis, aquarelles réalisés sur le vif au cours du voyage ou illustrations ajoutées a posteriori, inspirées par le texte, par le récit ; collaboration ou concurrence du texte avec l’image, etc.

  • Le voyage et la fiction (nouvelle, roman, théâtre, bande dessinée, etc.)

  • Du voyage au récit de voyage : exploration, découverte, conquête

  • Le récit de voyage et le colonialisme : exotisme, orientalisme, regard ethnologique,

    discours impérialiste

  • Le récit de voyage à l’ère postcoloniale

  • Le voyage dans la ville ou dans la nature

  • Le récit de voyage et le tourisme

  • Le récit de voyage extrême

  • Le récit de voyage contemporain à l’ère des technologies modernes

    Cette liste n’est certainement pas exhaustive : elle cherche à stimuler des directions de recherche plutôt qu’à restreindre le champ des propositions. Nous encourageons donc fortement les communications qui traitent d’autres aspects du récit de voyage dans tous ses états.

    Les propositions (avec le nom de leur auteur.e, son affiliation, son adresse, un titre et un texte de proposition de 250 à 300 mots) sont à envoyer au plus tard le 5 janvier 2020.

    Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 25 janvier 2020 les informant de leur décision. L’adhésion àl’APFUCC ou à l’ACÉF-XIX est requise pour participer à cet atelier conjoint. Il est égalementd’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les fraisde conférence de l’APFUCC ou de l’ACÉF-XIX. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2020pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence etl’adhésion est le 10 avril 2020. Passé cette date, le titre de votre communication sera retiré duprogramme de l’APFUCC.

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2020. Toutes les communications doivent être présentées en français, en personne, même dans le cas d’une collaboration.

Responsables de l’atelier :
Evguénia Timoshenkova (Ryerson University, Toronto) – evgenia.timoshenkova@ryerson.ca
Halia Koo (Memorial University of Newfoundland, St. John’s) – hkoo@mun.ca

Références bibliographiques :

ANTOINE, Ph. 2003. « Une rhétorique de la spontanéité : le cas de la Promenade », Voyager en France au temps du romantisme. Poétique, esthétique, idéologie, sous la direction d’Alain Guyot et Chantal Massol, Grenoble :131-146.

BERCHET, J.-C. 1983. « Un voyage vers soi », Poétique. 53 : 91-108.
CHUPEAU, J. 1977. « Les récits de voyages aux lisières du roman », R.H.L.F. 3-4 : 536-553.

DAS, N. et YOUNGS, T. (dir.) 2019. The Cambridge History of Travel Writing, Cambridge University Press.

HOLTZ, G. et MASSE, V. (2012). « Étudier les récits de voyage : bilan, questionnements, Enjeux », Arborescences 2. https://doi.org/10.7202/1009267ar

LE HUENEN, R. 1990. « Qu’est-ce qu’un récit de voyage », Littérales 7 : Modèles du récit de voyage, sous la direction de M.-Ch. Gomez-Géraud : 11-27.

_____ . 1987. « Le récit de voyage : l’entrée en littérature », Études littéraires 20 : 45-61.

MONTALBETTI, Ch. 1997. Le voyage, le monde et la bibliothèque, Paris : PUF.

PASQUALI, A. 1994. Le Tour des horizons : critique et récits de voyage, Paris : Klincksieck.

SANGSUE, D. 2001. « Le récit de voyage humoristique (XVIIe-XIXe siècles) », R.H.L.F. 4 : 1139-1162.

TODOROV, T. 1982. « Les récits de voyage et le colonialisme », Le Débat 1 n° 18 : 94-101.