Viatica concors ou viatica discors ? Du Cafre du Sud au Cafre du Nord

Auteurs & Autrices :
  • Requemora Sylvie

Résumé :

L'imaginaire de l'ailleurs français classique est éminemment binaire : la France, dans les représentations collectives comme dans les dénominations géographiques, est sise au milieu des Indes, Indes orientales à l'Est, Indes occidentales à l'Ouest, comme si tout ce qui était exotique était de facto forcément « indien ». Même si les extrêmes Nord et Sud sont moins bien connus, à cette vision binaire horizontale semble correspondre une bipartition verticale, que je vais tenter de démontrer ici. A la fois extrêmement singulier et différent, l'Autre apparaît ainsi souvent comme l'avers et l'envers du moi. Les récits de voyage ont pour topos nécessaire la rencontre avec l'Autre, généralement considéré à la fois comme le Sauvage et comme le miroir inversé ou le prisme renvoyant le voyageur à sa propre culture. L'étude comparée des Autres radicaux que représentent dans la littérature viatique française au XVIIe siècle le Lapon et le Cafre, aux antipodes l'un de l'autre, peut permettre de révéler une même représentation du Sauvage, à la fois même et autre, norme naturelle et culture anormale, animalisation de l'humain et humanisation du monstre, jalon dans une réflexion philosophique et enjeu libertin de séduction ironique, simultanément en concordance et en discordance… Les récits de voyage de Ruelle, Jean-Jacques Melet ou Guillaume Chenu de Laujardière, en Cafrerie et de Jean-François Regnard en Laponie 1 permettent ce rapprochement chronologique, éthique et esthétique, mais paradoxal géographiquement, afin d'illustrer ce que peut signifier théoriquement une viatica concors, à la fois discours discordant et unifiant… 1 REGNARD Jean François, Voyages de Flandres, Hollande, Suède, Danemark, Laponie, Pologne et Allemague. Voyages de Normandie et de Chaumont (posthume 1731), [in] Les OEuvres de M. Regnard, 1731, Paris, Vve de P.

Type de document : Conference papers