Les Aventures Maritimes d'Edward Coxere sont une relation de voyages probablement rédigée entre 1685 et 1694, publiée pour la première fois en 1947. Ce récit est atypique de la riche littérature autobiographique produite par les mouvements puritains anglais, les Quakers en l'occurrence. Récit authentique, ceci n'est pas un Journal, ni une autobiographie spirituelle, seul le dernier tiers du texte appartenant à un genre qui fit fortune au sein du radicalisme protestant. L'auteur, issu d'une famille de marins, devenu maître canonnier à bord de vaisseaux marchands, corsaire à l'occasion, relate ses aventures trente-sept années durant, passées à sillonner les routes maritimes du XVIIe siècle. Protestant anglais mais également polyglotte, sa maîtrise du néerlandais, de l'espagnol, du français, de la "lingua franca" font de Coxere un citoyen du monde de son temps. Les talents de l'auteur le transforment en observateur perspicace des cultures et des religions qu'il rencontre. En effet, captif des Turcs à Tunis, deux fois prisonnier des Espagnols, hérétique anglais parmi les Portugais et les Grecs, notre auteur fait - sans le savoir - de l'anthropologie comparative. Plus sévère à l'égard des siens - les Protestants - qu'envers les "païens" musulmans, seuls les papistes font l'objet de sa totale réprobation. Les pages des Aventures Maritimes trahissent cependant cette angoisse perpétuelle du Réformé quant à son élection. Une éthique de la quotidienneté rigoureuse, l'ambition de s'enrichir, d'ouvrer en toutes choses à la perfection permettent à Coxere - ce n'est que justice - d'échapper aux plus graves périls. Ce récit comporte aussi une morale en guise de fin, celle de la conversion du maître canonnier en pacifiste Quaker. Sous ses dehors d'autodidacte, Coxere semble par moments le parent de Robinson Crusoe. Ainsi ce texte aborde-t-il des thèmes repris par les penseurs du XVIIe siècle : la vision de l'autre, la réalisation de soi, la quête de la vérité, la tolérance, le pacifisme.
