discussion 7 Poésie et voyage

Conférencier / conférencière

Discussion 7 (après J.-M. Quaranta et S. Venayre) En commençant sa conférence, Sylvain Venayre a posé la question du contraste entre Proust et les auteurs aventuriers (1880-1940) dont il allait parler. Quaranta précise à ce sujet que Proust est en fait un aventurier de la littérature en ce sens qu'il a tout donné à son oeuvre. Venayre ajoute que l'historien est pour Michelet le seul véritable aventurier... Roland Mortier s'est étonné que le nom d'Alain Gerbaud n'ait pas été mentionné par Sylvian Venayre qui considère en fait que Gerbaud a écrit très peu de vers. A la barre de son voilier il a pourtant hurlé des vers en pleine mer mais sa culture (Victor Hugo...) ne lui permet pas d'évoquer Rimbaud. En s'adressant aux deux conférenciers, Sarga Moussa souligne la correspondance entre ces deux interventions et celles sur Chateaubriand (Ph. Antoine) et Lamartine (S. Moussa) à propos des apports paradoxaux du silence et du dire et rappelle que dans son Voyage en Orient Flaubert écrit des lettres pour dire qu'il ne veut pas écrire. S. Venayre confirme en effet qu'il faut quelqu'un pour dire le silence à tel point qu'on peut se demander si le genre de l'aventure et de l'autobiographie ne se confondent pas... Ainsi les biographes de Rimbaud ont-ils ressenti le besoin de se faire poétes. A contrario, Daniel Lançon fait remarquer que Bonnefoy, par sa connaissance de Baudelaire, se situe à l'opposé de cette posture. Jean-Daniel Candaux évoque la contre-aventure de Rimbaud qu'il a personnellement vécue à Chypre sur un site sinistre et absolument pas poétique pour faire remarquer à quel point le mythe de Rimbaud transfigure la réalité. Sophie Linon-Chipon salue l'à propos et l'excellence des deux interventions au regard du sujet du colloque pour souligner l'importance de cette idée d'une opposition, presque de nature, entre la poésie et le voyage, dans la mesure où l'on est amené à douter du caractère aventureux des aventures racontées par un écrivain et/ou poète. Cendrars est en effet obligé de minimiser son statut d'écrivain pour demeurer, essentiellement, un aventurier. Cela rejoint le débat qui au 17e siècle s'est développé autour du voyageur menteur (A beau mentir qui vient de loin). Dès lors qu'un voyageur fait des vers il s'aventure hors du voyage ; la poésie, maîtresse de fausseté, l'éloigne des realia du voyage. C'est même un topos de la littérature des voyages (au 17e siècle) que cette figure du voyageur écrivant sur le terrain et non écrivain le livre à la main.

Référencé dans la conférence : 12e Colloque international du CRLV : Poésie et Voyage
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