« Sur les traces du voyageur-écrivain : témoignages croisés d'une histoire »

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Date de l'événement
Lieu
Université Littoral Côte d'Opale, Boulogne-sur-Mer, Centre universitaire du Musée

 

Journée d'Étude Jeunes Chercheurs Lettres / Histoire / Sciences humaines

« Sur les traces du voyageur-écrivain : témoignages croisés d'une histoire »

Université Littoral Côte d'Opale, Boulogne-sur-Mer, Centre universitaire du Musée

Mercredi 20 mars 2019

Unité de Recherche sur l'Histoire, les Langues, les Littératures et l'Interculturel (UR H.L.L.I. EA 4030)

Organisatrices:

Grace Baillet et Mélanie Fruitier

ulcogracebaillet@gmail.com

melanie.fruitier62@gmail.com

 

Argumentaire

Cette Journée d'Étude s'inscrit dans la continuité des manifestations scientifiques de l'UR H.L.L.I. sur la thématique des récits de voyage, genre qui se situe aux confins de la littérature, de l'histoire, de l'anthropologie et de bien d'autres disciplines. Elle proposera de réfléchir sur l'écriture du voyage en se centrant sur deux figures du voyageur, l'écrivain-voyageur d'une part, le voyageur‑écrivain d'autre part. En effet, le récit de voyage est un genre ambigu dans la mesure où il est riche par la diversité des formes qu'il peut emprunter, récit de pèlerinage, récit de croisade, chronique, lettre, journal, carnet de bord, récit romanesque, etc. Autant de formes qui correspondent aux différentes catégories de voyageurs : pèlerins, brigands, parias, commerçants, ambassadeurs, navigateurs, historiens, politiciens, médecins, militaires, romanciers, etc. De surcroît, selon le statut du voyageur, le regard présenté diffère en fonction des choix d'écriture de l'auteur ; l'écrivain‑voyageur donne la primauté à la littérature et offre une vision subordonnée à ses compétences d'écrivain tandis que le voyageur‑écrivain privilégie ses capacités d'expertise dans son domaine respectif pour reconstruire le réel.

Les écrits de ces deux types de voyageurs mettent à la disposition du lecteur d'aujourd'hui un nombre non négligeable d'informations qui reposent sur l'observation des lieux, des usages à une période donnée dans un pays, de la culture d'un peuple, mais également sur les émotions, les impressions, qui transparaissent à travers les techniques d'écriture et qui offrent un matériel inépuisable à la recherche. Ces récits sont donc d'une importance capitale dans la mesure où ils sont des sources qui informent sur des contrées et des périodes mal connues comme le fait Hérodote au sujet du développement de l'empire perse ou encore de l'origine des guerres médiques au ve siècle avant notre ère dans les Histoires ou l'Enquête, première œuvre historique du monde occidental.

Par ailleurs, les avancées scientifiques selon les époques, notamment dans le domaine de la navigation et dans les différents modes de déplacement, ouvrent de nouvelles perspectives et sont un facteur à prendre en considération dans la restitution du voyage par les auteurs. Ces derniers s'emploient à décrire avec précision les conditions de voyage et l'impact des innovations techniques sur la durée de leur voyage ou sur une mission précise. Ils peuvent également caractériser les nouvelles terres qu'ils explorent et ainsi apporter un témoignage d'ordre historique. Et bien d'autres aspects peuvent être étudiés.

Ainsi les récits de voyage peuvent être considérés dans une certaine mesure comme des documents de premier ordre car les auteurs visent à une vulgarisation du savoir tout en classant et en répertoriant le monde connu. Ils ont le souci de regrouper les connaissances sur des domaines les plus variés (gastronomie, généalogie, développement des villes et de ses traditions, etc.) afin d'appréhender la culture de l'autre. La mobilité joue donc un rôle essentiel dans la mesure où le voyageur apprend de ses expériences et peut instruire le lecteur par le biais de ses écrits.

D'autre part, le voyage vers l'inconnu peut être perçu par les auteurs comme une quête de connaissance des autres pour une meilleure connaissance de soi. L'écriture résultant de ces nouvelles rencontres peut devenir dès lors un refuge ou un exutoire pour le voyageur. Il exprime ses désirs, ses rêveries, ou au contraire il se défend contre des stéréotypes. On tend ici à l'écriture d'un voyage ontologique né d'un voyage réel. Néanmoins, ce voyage ontologique peut apparaître à partir d'un voyage totalement imaginé par la pensée d'un écrivain ou par la réminiscence d'un de ses souvenirs ; l'écriture est alors travaillée différemment pour rendre compte d'une autre réalité.

Dans la diversité de ces récits de voyage, la réception du lecteur est d'autant plus importante car il est le trait d'union entre les récits des voyageurs-écrivains et des écrivains-voyageurs. En effet, la portée de ces récits est à déterminer par une analyse minutieuse des choix d'écriture des auteurs. Peut-on se fier davantage au récit de voyage d'un voyageur-écrivain qu'à celui d'un écrivain-voyageur ? Quels sont les critères qui permettent de juger de l'objectivité du voyageur spécialiste et de la subjectivité de l'écrivain qui voyage ? Le moment où le voyageur se met à écrire sur un support choisi a-t-il un impact sur l'authenticité de sa représentation ? L'écrivain-voyageur et le voyageur-écrivain sont-ils si dissemblables dans la restitution de leurs voyages ?

 

Axes de recherche

Dans cette Journée d'Étude Jeunes Chercheurs, en prenant en compte la distinction écrivain‑voyageur et voyageur-écrivain, nous nous interrogerons essentiellement sur les motivations qui poussent les voyageurs à écrire, le conditionnement de leur écriture et la place qu’ils occupent dans leurs écrits à travers la reconstitution de leur voyage. Les textes pouvant donner matière à réflexion peuvent être des récits de voyage réels ou fictifs. Tous les types de récits de voyage de l'Antiquité à nos jours pourront donner lieu à étude. Sans exclusive, les questionnements suivants pourront être abordés :

  • Quel type d'écrit est-il adéquat pour quel voyage ? À quel moment le voyageur se met-il à écrire ? Dans quelle(s) perspective(s) le voyageur écrit-il son voyage ?
  • Quand commence l'écriture du voyage ? Comment est-elle activée et dans quel contexte ?
  • Quelle place le voyageur occupe-t-il dans son récit ? Cherche-t-on l'exactitude de la représentation du voyageur ? Ou sa perception personnelle a-t-elle un but précis ?
  • Le voyage permet-il de modifier le regard du voyageur sur les autres ? Comment les voyages permettent-ils au voyageur de se construire une identité ?
  • Comment le voyage est-il restitué ? Dans quel but ? Quelle(s) stratégie(s) le voyageur adopte-t-il pour raconter son voyage?
  • Qu'est-ce qui peut justifier, motiver l'écriture du voyage? Qu'apporte l'écriture du voyage et a‑t‑elle un impact sur le monde? Le récit de voyage s'arrête-t-il au voyage? A-t-il une autre visée? Une portée symbolique? Politique? Ou autre?
  • Quelle est la particularité des récits de voyage comme sources historiques? Que nous apprennent-ils sur la période historique considérée? Existe-t-il une différence entre récits d'écrivain-voyageur et récits de voyageur-écrivain en tant que source historique ?

 

Comité scientifique

Jacqueline Bel, Professeur à l’ULCO, Directrice de l’UR H.L.L.I., Études germaniques

Jean Devaux, Professeur à l’ULCO, Littérature française du Moyen Âge et de la Renaissance

Éric Roulet, Professeur à l’ULCO, Histoire moderne

Laurent Warlouzet, Professeur à l’ULCO, Histoire contemporaine

 

 

Type d'événement
Colloques
Intervention
20 mars 2019
Coordinateur
Grace Baillet et Mélanie Fruitier
E-mail du (des) coordinateurs
ulcogracebaillet@gmail.com
melanie.fruitier62@gmail.com